La désindustrialisation se poursuit en France. Selon une étude de la direction générale des entreprises publiée ce 7 décembre, la place de l'industrie dans l'économie française ne cesse de se dégrader depuis des années. Et malgré le plan de soutien du gouvernement français prévu pour ce secteur et une embellie de l'activité économique ces derniers mois, il semble que le processus de décomposition du tissu industriel soit inéluctable.
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Une industrie en perte de vitesse
Les derniers chiffres du ministère de l'Economie sont révélateurs de la dégradation de ce secteur. Entre 2000 et 2016, le poids de l'industrie(*) dans l'économie française est passé de 16,5% à 12,5% du produit intérieur brut. Du côté de l'industrie manufacturière, l'évolution est quasi similaire à celle de l'industrie en général.
Dans une perspective historique plus large, les données de la Banque mondiale illustrent parfaitement la perte de vitesse de l'industrie dans la valeur ajoutée française depuis plusieurs décennies.
Un solde commercial négatif
Au niveau des échanges commerciaux, la situation est guère meilleure. Depuis 2010, le solde commercial du secteur industriel est toujours négatif. En 2016, le déficit s'élevait à 44,5 milliards d'euros contre 36,8 milliards d'euros l'année précedente. Et d'après les derniers chiffres du commerce extérieur de la France, la balance commerciale pour l'industrie est encore déficitaire. Les principaux partenaires commerciaux de la France se situent en Europe et en Asie.
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Par ailleurs, les parts de marché mondial de la France pour les produits manufacturés ne cessent de s'effondrer, passant de 4,7% en 2006 à 3,5% en 2016. Une situation qui se retrouve également pour la plupart des voisins de la France (Allemagne, Royaume-Uni, Espagne et Italie). De son côté, la Chine a gagné de nombreuses parts de marché durant la dernière décennie pour les produits manufacturés mais la transformation de l'économie chinoise vers une économie de services pourrait changer la donne dans les années à venir.
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Enfin, du côté du personnel, si la France comptait 2,8 millions de salariés dans l'industrie manufacturière (soit 11,1% de l'emploi salarié total) à la fin du second trimestre 2017, toutes les régions, sauf l'Occitanie et la Corse, ont connu des destructions d'emplois entre 2010 et 2016. Et ce déclin de l'emploi industriel a lieu alors que pour la première fois depuis 2009, les ouvertures de sites industriels ont été nettement plus nombreuses que les fermetures en France sur les huit premiers mois de l'année d'après les derniers chiffres du cabinet Trendéo.
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Un nouveau plan pour rien ?
Face à ce phénomène de désindustrialisation, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé à la fin du mois de novembre dernier la mise en place d'un conseil national de l'industrie. Il en a également profité pour présenter les grands axes de la politique industrielle du gouvernement. "On ne va pas lâcher notre industrie. Une France sans usine n'est pas une option pour répondre aux défis posés", a souligné M.Philippe en se voulant rassurant. L'exécutif propose notamment de mener une politique industrielle tournée "vers l'innovation et la montée en gamme". Il a également annoncé la création d'un fonds pour l'innovation et l'industrie du futur.
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Enfin le 14 novembre dernier, un décret publié au Journal Officiel a institué un "délégué interministériel aux restructurations d'entreprises" chargé d'épauler le ministre de l'Economie Bruno Le Maire pour relancer une industrie tricolore en perte de vitesse. Il aura pour mission "d'animer, de coordonner et d'optimiser l'accompagnement par l'Etat des restructurations d'entreprises, et notamment des entreprises industrielles." Il pourra également accompagner les commissaires au redressement productif crées par Arnaud Montebourg en 2012 et qui voient leurs missions maintenues.
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Malgré ces annonces, les précédents plans gouvernementaux en faveur de l'industrie n'ont pas forcément montré de résultats probants au regard des chiffres officiels publiés par la direction générale de l'entreprise. Le déclin industriel semble bien ancré dans l'économie française.
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(*) Industrie manufacturière, industries extractives, énergie, eau, gestion des déchets et dépollution.
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