L'industrie française pourrait perdre jusqu'à 150.000 emplois d'ici à 2020

Par Michel Cabirol  |   |  309  mots
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Selon la CFE-CGC Métallurgie qui s'appuie sur une étude du Bipe, l'industrie perdrait entre 13.000 et 18.000 emplois par an d'ici à 2020. A cette date, l'industrie française emploiera moins de 1,3 million de salariés, contre 1,41 millions en 2010,

La France continue de perdre inexorablement des emplois dans l'industrie. Et ce en dépit des nombreuses manifestations politiques en faveur de l'industrie, notamment les Etats généraux de l'industrie. Selon la CFE-CGC Métallurgie, qui s'appuie sur une étude Bipe, cabinet conseil en stratégie spécialisé dans la prévision économique et la prospective appliquée, l'industrie tricolore perdra entre 13.000 et 18.000 emplois par an à l'horizon de 2020. Soit entre 104.000 et 144.000 emplois sur huit ans.

« En 2020, il y aura moins de 1,3 million de salariés dans l'industrie, contre aujourd'hui 1,4 millions environ », a estimé mardi le président de la fédération métallurgie de la CFE-CGC, Gabriel Artero. Le syndicat rappelle qu'un emploi industriel engendre quatre à cinq emplois connexes. En 1984, il y avait en France 2,2 millions d'emplois industriels.

Entre 2007 et 2010, l'industrie a perdu 12,3 % de ses effectifs

« Nous sommes très inquiets du trend pris en matière d'emploi dans l'industrie », reconnaît Gabriel Artero. Actuellement, la France perd 13.000 emplois. Elle pourrait en perdre 18.000 dans le pire des scénarios (choc pétrolier, montée en puissance des pays émergents...). « C'est un glissement régulier et permanent », regrette le secrétaire national à l'emploi et la formation professionnelle de la CFE-CGC, Jean-François Foucard.

Déjà entre 2007 et 2010, malgré tout le tam-tam politique du gouvernement, l'industrie tricolore a perdu 12,3 % de ses effectifs. Bon an, mal an, l'industrie embauche 75.000 personnes mais en détruit aujourd'hui environ 90.000, selon la CFE-CGC. En cause, « l'augmentation de la productivité soutenue qui varie de 2,2 % (Métallurgie) et 5 % (matériel de transport) jusqu'en 2020 », selon le syndicat des cadres. Les délocalisations et la montée des pays émergents n'aident pas non plus à relancer l'industrie tricolore, dont "l'objectif de rentabilité à court terme est incompatible avec une vision industrielle". Enfin, la CFE-CGC a critiqué le rôle des banques, qui font pas leur métier de prêteur.