La chimie, baromètre de l'industrie, refuse le pessimisme pour 2012

Le dynamisme de l'Asie et la reprise américaine devraient soutenir le secteur, en dépit de tensions sur les prix.
Infographie La Tribune

Prudents, mais pas catastrophistes : c'est le sentiment des chimistes pour 2012. Une bonne nouvelle pour les autres secteurs, car la profession fait figure d'indicateur avancé de l'industrie. Avec des clients qui vont de la sidérurgie à la grande consommation en passant par l'automobile, la chimie ressent avec quelques semaines d'avance les soubresauts de la conjoncture mondiale. Et en ce début d'année, pas question de sombrer dans la psychose. "Le secteur est aujourd'hui beaucoup moins volatil que lors de la dernière crise de 2008-2009. Les chimistes et leurs clients ont été plus prudents dans la constitution de leurs stocks. Il n'y a donc pas de coup de frein brutal dans la production", estime Serge Lhoste, associé chez Roland Berger. Pour Geoff Haire, chez HSBC, "les volumes devraient rester stables en 2012".

Cette confiance n'empêche pas quelques à-coups. L'industrie de la construction, qui constitue, avec l'automobile, 15% à 20% des débouchés des chimistes en valeur, est scrutée avec attention. "Des groupes largement exposés à ce secteur, comme Solvay ou Arkema avant qu'il ne cède sa branche PVC, ont dû connaître une fin d'année 2011 difficile", note Geoff Haire. Et le ralentissement européen est une réalité. "À fin octobre, nous étions sur un rythme de 6,5% de hausse des volumes. Sur l'année 2011, nous avons dû atteindre 4,5%", indique Daniel Marini, directeur des affaires économiques de l'Union des industries chimiques (UIC), le syndicat hexagonal du secteur, qui prévoit une croissance en volumes réduite à 1,8% cette année. Le mois dernier, son homologue européen, le Cefic, soulignait que "la production n'a crû que de 0,2% au troisième trimestre 2011 par rapport à la même période de 2010". Mais l'effondrement de la production n'est pas d'actualité. "Il n'y a pas de risque de retour à des volumes inférieurs à 2008-2009. Les liquidités sont là et les niveaux de stocks sont considérablement plus bas", rassure Geoff Haire.

Capacité d'investissement

Des constats confirmés par les industriels. "Les clients reportent en partie leurs commandes dans l'espoir d'une possible baisse des prix", indiquait BASF cet automne. De fait, ces derniers risquent de souffrir cette année. "Nous prévoyons un recul de 9% des prix au premier trimestre par rapport à 2011, et une chute de 18% au deuxième", pronostique Geoff Haire. "Plus que les marges, c'est la capacité d'investissement des chimistes qui va poser problème", juge Daniel Marini. Il craint un ralentissement par rapport aux 3,5 milliards investis en France l'an dernier. Le salut viendra d'ailleurs. De l'Asie d'abord : la Chine dépassera cette année l'Europe en dépenses chimiques. Mais aussi des États-Unis, où la reprise devrait être plus rapide que sur le Vieux Continent et où "le recours au gaz de schiste permet d'abaisser les coûts de revient de 20% par rapport à l'Europe", précise Serge Lhoste. Pour autant, "les programmes de réductions des coûts devraient continuer" , selon Geoff Haire.

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