Et si l'on créait enfin une mine en France...

Par Michel Cabirol  |   |  764  mots
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Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a souhaité mardi que la France puisse redevenir un pays minier, afin notamment de sécuriser les approvisionnements en métaux stratégiques. "Cela fait trente ans que l'on n'a pas ouvert de mine en France", a regretté le ministre.

"Cela fait trente ans que l'on n'a pas ouvert de mine en France", a regretté le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, en marge d'une réunion du Comité des métaux stratégiques (Comes). Cela pourrait même rappeler au ministre son enfance quand il enfreignait les interdictions pour aller jouer sur un terrain uranifère dans le massif montagneux du Morvan situé en Bourgogne, aux confins du département de la Saône-et-Loire. "Je n'en suis pas mort", a-t-il plaisanté... regrettant une France agricole, forestière et minière, "trois activités tombées dans une forme d'oubli". "Sachons les ressusciter tant qu'il en est encore temps", a-t-il expliqué dans un discours à l'issue de la réunion du Comes. Une réunion qui a permis de faire "émerger les enjeux pour la France et ses entreprises liés aux métaux stratégiques, aux difficultés d'approvisionnement qui rendent les entreprises et toute l'économie vulnérables, et à la mobilisation nécessaire des pouvoirs publics pour sécuriser ces approvisionnements", selon un communiqué à l'issue du Comes.

La France doit redevenir un pays minier

Dans cet esprit, le ministre a souhaité mardi que la France puisse redevenir un pays minier, afin notamment de sécuriser les approvisionnements en métaux stratégiques. Le ministre "souhaite donner une nouvelle ambition à la France, celle de redevenir un pays dans lequel on peut exploiter des mines, comme le font de nombreux pays européens", a-t-il indiqué dans le communiqué. Ainsi, l'Irlande, la Grande-Bretagne et l'Allemagne ainsi que les pays scandinaves ont ces dernières années réouverts des mines. "Il s'agit d'améliorer notre connaissance du sous-sol, en revisitant l'inventaire de notre sous-sol", précise-t-il dans le communiqué. Dans le discours de clôture du Comes, il a indiqué que cette "connaissance" pourra être mise "à disposition d'opérateurs miniers qui pourraient amener, en France, sur notre territoire, à de nouveaux projets miniers, en matières de terres rares et de ressources stratégiques".

Pour autant, il a regretté l'absence d'un "leader de classe mondiale dans le domaine minier en France. "Il nous manque un très grand acteur minier" en France, a-t-il confirmé à l'issue de son discours. Areva, Eramet, et Total avaient été plus ou moins pressentis dans un passé récent pour prendre le leadership français de la filière minière. En vain. "Il y a encore une réflexion en cours", explique-t-on à "la tribune.fr". En tout cas, le ministère du Redressement productif veut être "au chevet de l'activité minière" et "soutenir, aider et comprendre" les groupes industriels. Car la France possède des gisements de métaux rares (or, antimoine, tungstène, molybdène, lithium...). Pour ouvrir une mine, dont le coût sera amorti sur 20 ans, les groupes miniers doivent en moyenne investir entre 150 millions et 800 millions d'euros, selon la taille du projet.

Refonte du code minier

Arnaud Montebourg a souhaité la mise en place d'un "démonstrateur de mine", une installation témoin qui doit permettre de démontrer la faisabilité de l'exploitation de mines tout en préservant l'environnement. "On peut démontrer aujourd'hui que l'exploitation minière n'est pas à l'image de celle qu'a colporté la première révolution industrielle dans notre imaginaire, mais est une forme de technologie moderne, nouvelle, à taille humaine", a-t-il estimé. Elle peut même être "très high-tech", selon un participant à cette réunion. Cette technologie doit être "capable de servir l'intérêt stratégique de la nation et en même temps de respecter la population", a-t-il précisé. Tous les acteurs de la filière insistent fortement sur "l'acceptabilité sociétale et environnementale" des futurs projets miniers.

Lors de son intervention, le ministre est également revenu sur le chantier de refonte du code minier qu'il considère comme "obsolète et qui n'a pas été modernisé". "C'est un sujet stratégique pour notre pays", a-t-il assuré. Cette refonte doit "permettre d'accroître la transparence et la concertation dans l'attribution des permis, d'améliorer l'implication des populations, mais surtout redéfinir le partage des valeurs de l'exploitation minière entre Etat, collectivités locales et industriels". Ce code "doit à la fois tenir compte des problèmes d'acceptabilité sociale et en même temps rendre effective la possibilité de l'exploitation minière", selon le ministre. Interrogé sur le calendrier de cette réforme, le ministre n'a pas donné d'échéance. En septembre, la ministre de l'Ecologie et de l'Energie Delphine Batho avait confirmé que le gouvernement présenterait un projet de loi "avant la fin de l'année".