De Florange, Martin (CFDT) écrit à Hollande : "la vérité c'est que les Français se font berner par Mittal"

Par Marina Torre  |   |  558  mots
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Edouard Martin, représentant syndical de la CFDT à Florange a écrit à François Hollande pour, selon lui, "rétablir la vérité". Il y scande surtout un argumentaire visant à tenter, une nouvelle fois, de convaincre le chef de l'Etat de ne pas laisser ArcelorMittal "sacrifier" les hauts fourneaux. Explication de texte.

Dans cette lettre, il emploie dix fois, le mot "mensonge", 9 fois "absurdités", 7 fois "faux"... et 12 fois "vérité". Et c'est pour rétablir la sienne qu'Edouard Martin, l'une des grandes figures syndicales de cette année 2012, écrit au chef de l'Etat pour défendre les emplois de son usine: Florange. Dans ce texte publié jeudi soir par le Républicain Lorrain, le représentant de la CFDT sur le site mosellan d'ArcelorMittal, le syndicaliste manie l'anaphore et la rhétorique. Son objectif affiché: "que soit connue et comprise notre vision des choses".

Pour le syndicat qu'il représente, le constat est sans appel: 

? Les emplois ne sont pas vraiment sauvés à Florange puisqu'aucun plan social n'est prévu, et à ses yeux, cela vaut mieux puisque cela aurait coûté trop cher à ArcelorMittal.

? Les investissements stratégiques seront bien moins élevés que promis, les 180 millions annoncés comprenant des dépenses de maintenance elles-mêmes critiquées.

? Le programme Ulcos, visant à transformer les hauts-fourneaux en projet-pilote avec le soutien de l'Union européenne, ne serait que poudre aux yeux et qui plus est "absurde" dans la mesure où il coûterait bien plus cher qu'il ne rapporterait aux investisseurs. Ce qui n'empêche pas Edouard Martin de réclamer sa mise en place.

? De même, le transfert de l'activité packaging depuis l'usine de Basse-Indre jusqu'à Florange serait un mensonge car elle reposerait sur une triple promesse impossible à tenir en raison de l'état du marché selon le syndicaliste. "Mittal a promis de renforcer la filière de Liège en contrepartie de l'arrêt des hauts fourneaux, il a promis de renforcer la filière de Florange en contrepartie de la fermeture des hauts fourneaux et il a promis de pérenniser la filière de Basse-Indre. A qui ment-il? Aux Wallons, aux Lorrains, aux Nantais? ou aux trois?", écrit-il à ce propos.

"Où sont passés les profits?"

Cependant, plus encore que sa vérité sur l'accord controversé passé entre le gouverement et le groupe dirigé par Lakshmi Mittal, Edouard Martin lance un appel. Il demande au gouvernement d'empêcher la fermeture des hauts fourneaux dans une usine décrite comme compétitive et performante. Prenant l'exemple des usines allemande et de la gouvernance partagée entre syndicat et direction, il affirme qu'outre-Rhin, jamais le groupe n'aurait pu agir comme il l'a fait en Moselle.

Il pose aussi des questions précises, comme par exemple : où sont passés les "profits d'ArcelorMittal Atlantique et Lorraine [réalisés] entre 2007 et 2008?" Il se demande également ce que devient la somme de 1,3 milliard d'euros affichée sur une notification du fisc envoyée en septembre 2011 et citée notamment par Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, au plus fort de la "tempête Florange", fin novembre.

Ayrault: "je ne veux pas rentrer dans ce genre de discussion"

En réponse à cet appel, le Premier ministre a choisi de tenir la ligne défendue jusqu'ici par le gouvernement. "Je ne veux pas rentrer dans ce genre de discussion, de polémique, j'ai une responsabilité c'est de faire respecter l'accord qui a été passé", a ainsi déclaré Jean-Marc Ayrault sur RTL. Il affirme qu'il fera "respecter cet accord" qui, a ses yeux, a eu le mérite d'éviter le plan social pour 630 personnes.

(article mis à jour à 12h55)