« La France forme 37.000 ingénieurs par an, l'Inde 1,5 million » (Julien Einaudi, Ortec)

Par Maxime Heuze  |   |  384  mots
(Crédits : DR)
RENCONTRES ÉCONOMIQUES D'AIX-EN-PROVENCE. La Tribune reçoit en direct de son studio en plein air les décideurs économiques et politiques pendant les trois jours des Rencontres d'Aix, le Davos provençal. Ce samedi, Alain Di Crescenzo, président de CCI France et Julien Einaudi, directeur général d'Ortec environnement ont érigé la formation en principal enjeu pour réindustrialiser la France.

« 1 million d'emplois industriels perdus tous les 25 ans ». C'est le constat d'Alain Di Crescenzo, le président de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) France. Une véritable hémorragie qui a provoqué une division par deux de la part de l'industrie dans le produit intérieur brut (PIB) depuis 1970. Aujourd'hui, « l'industrie en France pèse 10% du PIB contre 15% en moyenne en Europe et plus de 20% en Allemagne », a abondé Julien Einaudi, directeur général d'Ortec environnement.

Sauf que la désindustrialisation nuit à l'économie française.

« Le déficit du commerce extérieur représente 164 milliards d'euros. Sachant que 80% des exportations sont des biens, tant que nous ne produirons pas de biens industriels, nous ne rééquilibrerons pas la balance », assure Alain di Crescenzo.

Mais la transition écologique, source traditionnelle d'inquiétude se révèle ici facteur d'espoir. « Nous pouvons gagner la course à condition que nous nous verdissions plus vite que les autres », a affirmé le président de la CCI.

RETROUVEZ NOTRE DOSSIER SPÉCIAL  « RÉINDUSTRIALISATION : UN DÉFI FRANÇAIS »

Mais pour ramener des industries dans l'hexagone, la France fait face à de nombreux défis, dont le plus important reste la formation.

Un besoin urgent

Et pour cause, « le besoin de décarbonation concerne un million d'entreprises et 200.000 TPE et PME sont en besoin très urgent de verdissement », a assuré Alain di Crescenzo. Des transformations des industries existantes qui nécessiteront des bras et de nouvelles compétences.

Pour former de futurs salariés des entreprises existantes mais aussi « penser aux métiers de demain », explique Julien Einaudi. Sa société Ortec a par exemple créé sa propre école car « la France forme 37.000 ingénieurs par an, l'Inde 1,5 million par an » a regretté le chef d'entreprise.

Dans le même esprit, l'apport de nouveaux bras et de nouvelles compétences aux futures industries, la CCI forme 400.000 personnes chaque année.

Pour accentuer la cadence et attirer davantage de jeunes aux métiers de l'industrie, Alain di Crescenzo a annoncé avoir fait des propositions au gouvernement « comme partager les plateaux techniques sur les sites d'entreprise entre bac professionnels et les apprentis, créer un continuum entre bac pro et alternance »

C'est, selon lui, le meilleur moyen pour que les entreprises attirent les lycées vers la filière.

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