Les dernières minutes du vol 4U 9525 de Germanwings

Par latribune.fr, avec AFP  |   |  633  mots
Voici le film des événements, basé sur les enregistrements phoniques retrouvés dans la première boite noire et dévoilés jeudi par le procureur de la République de Marseille, Brice Robin, et complétés dimanche par le journal allemand à gros tirages Bild qui en a publié des extraits.

Le vol 4U 9525 de Germanwings avait débuté comme n'importe quel autre, avec des échanges banals entre un commandant de bord et son copilote. Mais à la faveur d'une sortie du cockpit du pilote, il tourne au drame sous l'impulsion du jeune copilote, Andreas Lubitz. Voici le contenu résumé des enregistrements des boites noires révélées ce dimanche 29 mars par le Bild, révélations qui ont suscité la colère du Bureau d'Enquête Accidents (BEA) qui dénonce le "voyeurisme" de la presse.

- 10H01 (09H01 GMT) : l'Airbus A320 immatriculé D-AIPX, de la compagnie allemande low cost Germanwings, filiale de Lufthansa, décolle avec une vingtaine de minutes de retard de l'aéroport de Barcelone. Destination: Düsseldorf, dans l'ouest de l'Allemagne, où il doit atterrir à 11H55. "Durant les vingt premières minutes du vol, les deux pilotes échangent de façon tout à fait normale, et même de façon courtoise et enjouée", selon le procureur de la République de Marseille, Brice Robin. Bild confirme cette atmosphère détendue entre les deux hommes : selon le journal, le commandant, Patrick S., explique notamment à son copilote qu'il n'a pas eu le temps d'aller aux toilettes avant le décollage.

- 10H27 : l'appareil atteint son altitude de croisière (environ 11.600 mètres), rapporte Bild. Le pilote demande alors à Lubitz de préparer l'atterrissage à Düsseldorf. Ce dernier prononce quelques mots : "J'espère", "On verra". "Les réponse du copilote semblent laconiques", confirme M. Robin. Ensuite, Andreas Lubitz dit au commandant qu'il peut "maintenant" aller aux toilettes. Deux minutes s'écoulent, selon Bild, et le commandant confirme à son copilote qu'il peut "prendre les commandes". Andreas Lubitz est alors seul aux commandes. Il le restera jusqu'à la fin.

- 10H29 : l'appareil commence à descendre, note Bild. "C'est alors qu'il (le copilote, ndr) est seul qu'il manipule les boutons (...) pour actionner la descente de l'appareil", relate Brice Robin. Selon la compagnie Germanwings, la descente a duré 8 minutes, 11 selon le minutage de Bild, avec un avion qui entame sa descente à 10H29 pour se crasher à 10H40.

- 10H32 : selon Bild, les contrôleurs aériens français tentent de contacter, en vain, l'appareil. Dans l'avion, presque au même moment, une alarme retentit. Peu après, on entend un "claquement fort", comme si quelqu'un essayait de rentrer dans le cockpit, écrit le journal allemand.Puis la voix du pilote: "Pour l'amour de Dieu, ouvre la porte", lance-t-il. En arrière-fond, on entend les passagers qui commencent à crier, note le journal. Jeudi, M. Robin n'avait pas rapporté ces propos, indiquant de façon plus générale qu'on distinguait "plusieurs appels" du commandant "demandant l'accès à la cabine de pilotage, par l'intermédiaire" d'un "interphone avec une visio. Il s'est identifié, mais aucune réponse du copilote. Il a tapé pour se manifester, toujours aucune réponse".

- 10H35 : Bild fait état de nouveaux coups "métalliques contre la porte du cockpit", que le pilote essaie manifestement d'ouvrir à la hache. Une porte "blindée", selon M. Robin, conformément aux normes internationales. Puis, poursuit Bild, 90 secondes plus tard, nouvelle alarme, alors que l'appareil est à 5.000 mètres d'altitude. Le commandant supplie : "Ouvre cette foutue porte !"

- 10H38 : on entend la respiration du copilote, silencieux, dans le cockpit (Bild). "Ce bruit (de respiration) dure jusqu'à l'impact final, ce qui veut dire que le copilote était vivant", précise le procureur Robin.

- Vers 10h40, l'Airbus touche une montagne, on entend les cris des passagers. Ce sont les derniers bruits sur l'enregistrement, écrit Bild. "Juste avant l'impact final, on entend ce qui peut être vraisemblablement le bruit d'un premier impact sur un talus", expliquait M. Robin. Selon lui, ce n'est que quelques secondes avant l'impact que les 149 autres personnes à bord de l'appareil s'aperçoivent qu'elles vont s'écraser.