Alcatel : les syndicat dénoncent le méga-bonus de départ de Michel Combes

Par latribune.fr  |   |  747  mots
Selon le JDD ce dimanche, le directeur général d'Alcatel-Lucent va quitter le 1er septembre l'équipementier télécoms racheté par Nokia avec une prime de départ de 4,5 millions d'actions soit près de 14 millions d'euros d'ici 2018. Un bonus "disproportionné" selon les syndicats de l'équipementiers. Michel Combes devrait prendre la présidence de Numéricable-SFR.

Michel Combes, qui s'apprête à quitter la direction d'Alcatel-Lucent, pourrait toucher près de 14 millions d'euros sur 3 ans grâce à diverses primes, au grand dam des syndicats encore sous le coup des suppressions de postes affectant l'équipementier télécoms depuis deux ans.

L'attribution de cette rémunération en actions a été révélée par le Journal du Dimanche (JDD) qui s'appuie sur des documents officiels publiés sur le site internet du groupe. Ces informations tombent à deux jours du départ de Michel Combes, directeur général d'Alcatel-Lucent depuis mai 2013, qui doit quitter ses fonctions le 1er septembre.

Son départ était prévu dans le cadre du projet de rachat de l'équipementier franco-américain par son concurrent finlandais Nokia. Selon la presse, M. Combes devrait prendre mardi la présidence du conseil d'administration de l'opérateur Numericable-SFR.

Au total, ce sont 4,5 millions d'actions sur trois ans que pourrait recevoir le dirigeant, soit jusqu'à 13,7 millions d'euros, selon les calculs du JDD qui se fonde sur le cours de clôture d'Alcatel-Lucent vendredi (3,06 euros). Cette enveloppe est liée à la fois à une rémunération en actions conditionnée à des critères de performance, à une clause de non concurrence et au versement de "stock options", selon les documents disponibles sur le site du groupe.

Dans un communiqué publié dimanche, l'équipementier défend le bilan de M. Combes qui "a permis de multiplier par 6 la valeur de l'entreprise et l'a sauvée de la faillite". Il réfute l'idée qu'il s'agisse d'une "prime liée à son départ", indiquant, pour la partie rémunération en actions, que son versement est soumis à la réussite du mariage avec Nokia. En outre, selon Alcatel-Lucent, "tout montant publié relève d'hypothèses non réalisées et non vérifiables sur le cours des actions attribuées d'ici 2018".

La rémunération en actions était au départ conditionnée à une présence dans l'entreprise trois ans après leur attribution, mais le groupe a décidé mi-avril de supprimer pour l'ensemble des bénéficiaires cette obligation, du fait du projet de rachat par Nokia.

Michel Combes va donc recevoir d'ici 2018 au titre de 2013, 2014 et 2015, 2,685 millions d'actions, soit 8,2 millions d'euros au cours actuel. Le groupe a ajouté lors d'un conseil d'administration réuni fin juillet un accord de non-concurrence dans la perspective du départ de M. Combes. Cet accord prévoit le versement en trois ans de près de 1,5 million d'actions, soit 4,5 millions d'euros. Enfin, le groupe, selon une décision de fin juillet, a fixé le montant des "stock options" que recevra M. Combes à 350.000 actions, soit un million d'euros au cours actuel, dont le paiement sera échelonné par tiers sur trois ans.

"Montant disproportionné"

Dès son arrivée, M. Combes a mis en place le plan "Shift" avec pour principal objectif le redressement du groupe, en proie à de graves difficultés financières et à une concurrence internationale féroce. Le cours de Bourse de l'entreprise, qui valait autour d'un euro à son arrivée en mai 2013, a triplé de valeur depuis cette date. Le groupe a même fait son retour fin 2013 dans l'indice CAC 40 un an après en avoir été évincé.

Ce redressement s'est toutefois réalisé au prix d'une lourde restructuration sociale, puisque le plan Shift prévoyait 10.000 suppressions de postes sur 2013-2015, dont 600 en France. Le groupe compte aujourd'hui 53.000 salariés dans le monde, dont 8.000 dans l'Hexagone.

Les syndicats ont réagi vivement aux informations sur la rémunération de Michel Combes. Dans une déclaration transmise à l'AFP, la CFE-CGC estime que "Michel Combes devrait avoir l'élégance de renoncer à la majeure partie de ses indemnités", rappelant qu'il "a certes redressé le groupe mais cela s'est fait au prix d'un plan social d'une violence sans précédent".

Le syndicat se dit choqué par "le montant disproportionné, le départ anticipé de Michel Combes, la modification a posteriori des conditions d'attribution". De son côté, Stéphane Dubled, coordinateur CGT du groupe, se demande si M. Combes va rembourser la somme "si jamais la fusion ne se fait pas" avec Nokia. Il regrette le fait que le directeur général se soit présenté "comme le chevalier blanc en avril", quand M. Combes avait annoncé qu'il renonçait au versement de "son parachute doré" de 2,4 millions d'euros et à l'encaissement du produit d'actions qui lui avaient été attribuées.

Avec AFP