Le port du masque sera obligatoire en entreprise à la rentrée

Par Déborah Claude et Bertille Ossey-Woisard (AFP)  |   |  864  mots
(Crédits : POOL New)
La ministre du Travail Élisabeth Borne a annoncé que le port du masque sera « systématisé » en entreprise. Aussi bien dans les salles de réunion que les couloirs ou les open space. Seuls les bureaux individuels ne seront pas concernés. Ce nouveau protocole devrait être applicable « fin août ».

La rumeur courait depuis quelques jours. Jusqu'à présent recommandé en entreprise quand le mètre de distance n'était pas techniquement possible, le masque va désormais être obligatoire (presque) partout.

« Il est nécessaire de systématiser, comme l'a préconisé le Haut conseil de la santé publique (HCSP), le port du masque dans tous les espaces de travail clos et partagés, comme les salles de réunions, couloirs, vestiaires, open space », a indiqué mardi 18 août à l'AFP la ministre du Travail Elisabeth Borne, à l'issue d'une réunion avec les partenaires sociaux.

Seule exception : le cas du bureau individuel. Le port du masque ne s'y impose pas dès lors qu'il n'y a qu'une personne à l'intérieur, a fait savoir le ministère du Travail dans un communiqué.

Concernant le coût de ce dispositif qui doit entrer en vigueur « fin août », Élisabeth Borne a déclaré qu'« il s'agit de la sécurité et de la santé des salariés, donc c'est clairement de la responsabilité de l'employeur ». En parallèle, « la distanciation du mètre reste d'actualité en entreprise », a-t-elle précisé. Quant à la présence d'un plexiglas, elle ne dispense pas du port d'un masque, a ajouté par la suite le secrétariat d'État à la Santé au travail.

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Des points encore à éclaircir

Des mesures spécifiques, à définir, seront applicables pour l'hébergement des travailleurs saisonniers et les abattoirs, qui se sont révélés des foyers de contamination cet été, a de son côté indiqué à l'AFP, Yvan Ricordeau (CFDT), à l'issue de la réunion. « Des réunions vont commencer la semaine prochaine », a-t-il précisé, se montrant satisfait de la généralisation du port du masque en entreprise. « Pour soutenir l'activité, il faut donner des éléments de sécurité aux salariés », selon lui.

« En entreprise, c'est sûr que c'est une contrainte supplémentaire pour les salariés mais au moins elle est claire et pas insurmontable », a de son côté réagi auprès de l'AFP François Asselin, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), reconnaissant toutefois que cette nouvelle règle n'est « pas souple ». Il s'est interrogé au passage sur le cas des restaurants, ou les clients ne portent pas le masque quand ils mangent y compris en intérieur, ou sur des personnes présentes en plateaux télés. « Il faudra quand même répondre à ces sujets », lors de la redéfinition des différents protocoles, a-t-il pointé.

« Pas opposé » à cette mesure, Fabrice Angéi, de la CGT, s'interroge sur la « qualité des masques ». « Il faut une filière de production au niveau national, avec des masques de qualité qu'on peut contrôler », a-t-il suggéré, auprès de l'AFP. « Les masques, ça ne fait pas tout, il faut aussi travailler sur les questions d'organisation du travail, de télétravail et de réduction du temps de travail », a-t-il ajouté.

Sur le télétravail justement, son sujet a été évoqué lors de la réunion entre la ministre et les partenaires sociaux. Il « reste recommandé » notamment dans les « zones de circulation active du virus », a redit la ministre. Elle a incité les partenaires à entamer et à accélérer une négociation sur le sujet, comme le souhaitent les syndicats, alors que le patronat y est opposé.

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Une mesure attendue

Plusieurs infectiologies ont appelé récemment à la généralisation du port du masque en entreprise pour réduire les risques de contamination, les indicateurs statistiques étant repartis à la hausse. Un collectif des professionnels de santé, C19, a par exemple saisi ce mardi 18 août le Conseil d'État pour rendre le masque obligatoire dans tous les lieux clos, le domicile étant la seule exception à la règle. Dans une tribune publiée en ligne par Libération la semaine dernière, une vingtaine de médecins déplorent que les protocoles pour les lieux de travail « ne prennent pas suffisamment en compte » le risque de propagation du Covid-19 par aérosols (fines gouttelettes en suspension dans l'air expiré par les malades).

Le protocole actuel - celui du déconfinement, mis à jour en juin puis début août - impose en effet le masque uniquement quand la distanciation d'un mètre n'est pas respectée. Les nouvelles mesures annoncées ont pour objectif de le mettre à jour. Son nom change aussi, devenant désormais le « protocole national pour assurer la santé et la protection des salariés en entreprise dans la période de crise santiaire ». Il sera décliné dans la fonction publique et son application va continuer d'être contrôlée par l'inspection du travail. Selon les derniers chiffres de Santé Publique France, 24% des foyers de contamination - les fameux « clusters » - sont situés en entreprises (hors établissements médicaux).

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