En reprenant des magasins Carrefour, Système U se hisse au quatrième rang français

Par Juliette Garnier  |   |  511  mots
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Les supermarchés et hypermarchés de Coop Atlantique délaisseront l'enseigne Carrefour pour celle des magasins U. Le groupement franchit la barre des 10% de parts de marché.

Les salariés de Coop Atlantique sont sur le pont. Après avoir assuré le rush des ventes de fin d'année, le groupement aux 46 magasins répartis dans quatorze départements du Sud-Ouest est en plein chantier. En trois jours de temps, entre ce lundi et jeudi 5 janvier, il doit transformer ses 7 hypermarchés et 39 supermarchés Carrefour en autant de Hyper U, U Express et Super U. "C'est un chantier exceptionnel. Nous fermerons tous les magasins pendant trois jours", indique à La Tribune Loïc Pelletier, président du directoire de Coop Atlantique.

Le groupement se prépare à ce big-bang depuis neuf mois. En avril 2011, il a annoncé divorcer de Carrefour, partenaire depuis 2008, pour se remarier avec Système U dès le 1er janvier 2012. "Il a fallu non seulement investir dans la décoration et changer le matériel de présentation, mais aussi former le personnel des magasins", raconte Loïc Pelletier, sans chiffrer le montant total investi dans l'opération.

Altis lâcherait Carrefour

À la tête de 687 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2010 (hors filiales cafétérias et hard discount), Coop Atlantique, groupement détenu par des consommateurs, apporte ainsi au réseau Système U près de 5% de volume d'affaires supplémentaire. "Soit environ 0,4 point de part de marché", estime Loïc Pelletier. Dès ce 5 janvier, le groupement dont l'activité a progressé de près de 6% en 2011, à plus de 16 milliards d'euros, franchit donc un cap important.

"Système U représente dès lors plus de 10% du marché français de la distribution", calcule son porte-parole, Thierry Desouches. Il double ainsi Auchan et recolle au peloton de tête (le groupe Carrefour à 19%, Leclerc à 18,3%, et Intermarché à 12,3%). Au passage, Système U se rapproche de l'objectif défini début 2011 par Serge Papin : détenir 12% de parts de marché en 2015.

A l'inverse, ce divorce complique la tâche de Carrefour. Son enseigne perd sept de ses 232 hypermarchés et 39 de ses 976 supermarchés. Sa part de marché (11,3% pour les hypers et 8,2% pour les supermarchés, en recul de 1,1 point à fin novembre 2011, selon KantarWolrdpanel) va mécaniquement refluer dès le début janvier. D'autant que, dans quelques mois, les magasins Altis devraient aussi le lâcher au profit d'un autre groupement réputé : Intermarché est entré en négociations exclusives avec Eroski, partenaire de Carrefour dans Altis, pour reprendre les activités de ses six hypermarchés et dix supermarchés. Soit près de 500 millions d'euros de ventes.

Le verdict ne se fera pas attendre. "En perdant Coop Atlantique et Altis, le groupe Carrefour va mécaniquement céder entre 0,7 et 0,8 point de part de marché", calcule le site d'information Linéaires.com. Dès lors, le groupe présidé par Lars Olofsson ne pouvait laisser filer à la concurrence son autre gros franchisé, Guyenne & Gascogne.

Le distributeur français a lancé une OPA a minima sur le groupe que ses concurrents convoitaient. Le numéro deux mondial de la distribution ne pouvait voir son marché domestique se recomposer à ses seuls dépens.