Carrefour : Olofsson sur le départ, Plassat attendu comme le Messie

Par Juliette Garnier  |   |  580  mots
Georges Plassat
Le patron du géant de la grande distribution va quitter ses fonctions dans les prochaines semaines. Après des dernières tractations, il sera remplacé par Georges Plassat, PDG du groupe Vivarte.

La Bourse de Paris a hier débouché le champagne avant l'heure. Le titre Carrefour a gagné 7,46 % après la publication par le site Linéaires.com d'informations selon lesquelles le patron de Vivarte, Georges Plassat, remplacerait le PDG du groupe, Lars Olofsson, dès ce week-end. « C'est imprudent de s'emballer ainsi », note un administrateur interrogé par « La Tribune ».

Les jeux paraissent pourtant faits. Lars Olofsson devrait quitter ses fonctions dans les prochaines semaines. Mais, malgré des mois de tractations, tout n'est pas encore réglé. Car les actionnaires de référence de Carrefour, Groupe Arnault et Colony Capital, ferraillent encore pour extraire Georges Plassat de Vivarte. Le groupe est détenu par les fonds Charterhouse, Sagard et Chequers. Et Georges Plassat en est actionnaire à hauteur de 10 % depuis 2007, date de son rachat par LBO pour 3,3 milliards d'euros. Et on voit mal le patron de Carrefour demeurer actionnaire d'un concurrent direct des rayons habillement des hypermarchés Carrefour. Selon « Le Figaro », cette participation au capital du propriétaire de André, Minelli et autres Halle aux chaussures vaudrait aujourd'hui 100 millions d'euros.

Georges Plassat entre-t-il seul chez Carrefour ? « Il y a quelques mois encore, il négociait l'entrée des fonds Charterhouse et Sagard au capital du groupe pour l'appuyer », assure un membre du comité exécutif du groupe. Contactés par « La Tribune », le fonds Charterhouse a refusé de répondre.

Un successeur très attendu

Sur le papier, ce scénario rocambolesque s'il en est aurait permis à Georges Plassat d'avoir les coudées plus franches face à un conseil d'administration dont trois des douze sièges sont occupés par des représentants des actionnaires de référence du groupe : le PDG de LVMH, Bernard Arnault ; le directeur général de Groupe Arnault, Nicolas Bazire ; le directeur général de Colony Capital en Europe, Sébastien Bazin.

Au passage, l'entrée de ces fonds d'investissement aurait permis de relancer le titre Carrefour. L'action a perdu près de 66 % de sa valeur depuis mars 2007, date de l'entrée au capital de Groupe Arnault et Colony Capital. Et elle a dévissé de 47 % sur la seule année 2011 marquée par cinq avertissements sur résultats. Mais ce scénario n'a pas abouti.

Il n'empêche. Georges Plassat est attendu comme le Messie. Depuis des mois, à Boulogne-Billancourt, siège du numéro deux mondial de la distribution, ses cadres exigent la nomination d'un spécialiste de la distribution pour remplacer Lars Olofsson, ancien patron de Nestlé, nommé directeur général voilà tout juste trois ans en remplacement de José Luis Duran, et promu PDG en juin 2011.

Un groupe en piteux état

Georges Plassat réussira-t-il à les remotiver ? Il a le profil idéal. « Son charisme est exceptionnel », rappelle un consultant. Ancien de chez Casino où il resta quatorze ans, avant d'être débarqué par Jean-Charles Naouri, il connaît Carrefour pour en avoir été le patron de sa filiale espagnole. « Il connaît parfaitement la distribution. C'est au moins ça de gagné », observe un cadre de chez Carrefour. Mais sa tâche sera rude. La conjoncture ne jouera pas en sa faveur. « 2012 va être très compliquée. Et Carrefour n'est pas organisé pour l'affronter », juge un cadre. Car Lars Olofsson - il touchera une retraite-chapeau de 500.000 euros - laisse un groupe dans un piteux état : en 2011, ses ventes ont progressé de 0,5 % en 2011, à 91,5 milliards d'euros. Et son résultat opérationnel devrait avoir fondu de près de 20 %.