Des jeunes blogueurs norvégiens découvrent les "usines à sueur" du Cambodge

Par Marina Torre  |   |  447  mots
Les conditions de travail dans certaines usines textiles asiatiques sont régulièrement dénoncées par des ONG.
Un web-documentaire diffusé en 2014 par le site du premier quotidien norvégien a créé la polémique. L'une des participantes, envoyée découvrir la réalité des "sweat shops", affirme avoir subi des pressions pour ne pas évoquer le nom d'une marque qui y sous-traiterait une partie de sa production.

"Que se passe-t-il quand vous envoyez trois jeunes norvégiens à l'étranger pour rencontrer les ouvriers qui cousent nos vêtements?" Le site web du journal Aftenposten a cherché une réponse à cette question dans une série documentaire-réalité en 5 épisodes diffusée fin 2014.

160 dollars par mois

Pendant un mois, Anniken, Frida et Ludvig ont quitté leur cocon scandinave pour travailler dans des ateliers de confection au Cambodge. Celles où certaines grandes chaînes multinationales du prêt-à-porter se ravitaillent en robes, pantalons et t-shirts à très bas prix. Ils y découvrent la vie quotidienne de ces ouvriers payés 160 dollars par mois en moyenne pour effectuer un travail répétitif dans des conditions particulièrement éprouvantes.

Anniken brave l'interdit

Dans le pays, l'affaire a fait du bruit après les révélations d'une participante, Anniken Jørgensen. Sur son blog, la jeune femme affirme que des membres du grand quotidien d'Oslo lui ont interdit de citer le nom d'H&M parmi les grandes marques internationales de l'industrie textile qui auraient généralement recours à ce type d'ateliers. "On nous a dit que nous n'étions pas autorisés à parler d'eux dans les médias. J'ai donc décidé que c'était exactement ce que je devais faire", écrit-elle.

La filiale H&M en Norvège a "proposé à plusieurs reprises aux blogueurs de les rencontrer pour leur parler des actions de la marque en vue de l'amélioration des conditions de travail et des salaires dans les pays de production", notamment au Cambdoge, indique à la Tribune une porte-parole de la marque. Celle-ci précise qu'une telle rencontre a eu lieu au cours de l'été. Le quotidien a, de son côté, nié avoir subi ou fait subir des pressions.

Un fonds d'indemnisation pour Rana Plaza

Les conditions de travail des "sweat shops" asiatiques font l'objet de dénonciations régulières de la part d'ONG, et ce depuis plusieurs années. En 2013, c'est une tragédie, l'effondrement du Rana Plaza, un immeuble du Bengladesh, qui a causé la mort de 1127 de personnes et fait plus de 2000 blessés, qui a contribué à mettre en lumière ces pratiques auprès du grand public. Un fonds d'indemnisation a depuis été créé grâce au concours du groupe Auchan, des enseignes Camaieu, Primark, Inditex, de la fondation du groupe H&M ou encore des distributeurs Walmart, El Corte Ingles.

 Sur la toile francophone, belge en tête, la bande annonce de cette série sous-titrée en anglais et espagnol tourne depuis quelques heures, alors que l'émission est diffusée en Norvège dès la fin de l'année 2014.