Tourisme : pourquoi le match entre Paris et Londres n'a pas lieu d'être

Par Giulietta Gamberini  |   |  524  mots
A Paris intra muros, la fréquentation étrangère était estimée à 12,1 millions de personnes en 2013. (Photo: Reuters)
Les deux villes se disputent le titre de ville la plus visitée au monde mais la comparaison risque d'être biaisée, en raison de périmètres géographiques et de systèmes de mesure très différents.

La bataille des chiffres se poursuit entre Paris, jusqu'à présent indétrônable en tant que première destination touristique du monde, et Londres, de plus en plus visitée. A quelques jours d'intervalle, les deux capitales viennent de publier leurs statistiques. Et le sujet est devenu sensible depuis la publication en janvier 2014 dans le Figaro d'un article qui attribuait précocement le trophée à la métropole britannique, semant la pagaille dans la campagne en cours dans la Ville Lumière pour les municipales.

Plus de visiteurs étrangers à Londres

Selon le bilan présenté par la ville mardi, le Grand Paris, comprenant les trois départements de la petite couronne, compte "seulement" 16,6 millions de visiteurs étrangers en 2013, alors qu'à Paris intra muros, la fréquentation étrangère était estimée à 12,1 millions de personnes. De ce point de vue, la capitale britannique semble se placer en tête du classement: l'Office des statistiques nationales du Royaume-Uni affiche 16,8 millions de visiteurs étrangers en 2013 (un record depuis 1961).

En nombre total de visiteurs, toutefois, le Grand "Paris reste la première destination touristique au monde, avec 47 millions de touristes (...) là où Londres est à un peu plus de 35", se réjouit l'adjoint à la maire de Paris chargé du Tourisme et du Sport, Jean-François Martins. Ce dernier chiffre est cependant impossible à vérifier, puisque l'Office des statistiques nationales du Royaume-Uni ne compte pas les touristes britanniques visitant la capitale.

Des méthodes de calcul différentes

En somme, qui gagne donc? Ce n'est pas possible de le dire car cela reviendrait "à comparer des carottes et des navets", explique le directeur général de l'Office du tourisme et des congrès de Paris, Nicolas Lefebvre.

"Les sources et les méthodes (de comptabilisation) n'ont rien à voir. Nous sommes d'accord avec Londres qu'il y a un travail de méthode à faire si nous voulons (...) nous comparer."

Au-delà de l'absence de certains chiffres, la comparaison risque aussi d'être biaisée par d'autres facteurs. Le périmètre de la capitale britannique est notamment bien plus étendu que celui de Paris: "le Grand Londres (1.500km2) couvre une aire à peu près comparable à la région Ile-de-France", soulignait notamment en janvier la mairie de Paris.

Le poids de Versailles et Disneyland n'est pas pris en compte

Jean-François Martins, cité par Challenges, précise:

"Ils n'ont pas le même mille-feuille territoriale que nous. Si vous allez 40 kilomètres au-delà de Londres, le nombre de touristes ne va pas évoluer, alors que si nous comptabilisions Versailles et Disneyland, qui représentent deux moteurs du tourisme parisien, nous serions largement au-dessus".

C'était d'ailleurs la première fois cette année que, dans un souci de "pertinence de la mesure de la fréquentation touristique", l'Office du tourisme et des congrès de Paris dévoilait des chiffres à l'échelle du Grand Paris.

"Un grand nombre de touristes sont hébergés autour de Paris", a souligné le directeur général de l'Office, précisant que sur les 990.000 touristes chinois hébergés en Île-de-France en 2013, à peine plus d'un sur cinq (220.000 précisément), l'ont été dans Paris intra muros.