Tourisme et coronavirus : les Français annulent la destination Chine (-99%) et s'interrogent sur l'Italie

Par Katia Dolmadjian, AFP  |   |  777  mots
(Crédits : Reuters)
Ces trois dernières semaines, les réservations faites auprès d'agences de voyage françaises pour la période d'avril à octobre se sont sans surprise effondrées pour la Chine, mais aussi pour d'autres pays d'Asie (Vietnam, Thaïlande et Cambodge qui affichent un repli de 61% en moyenne). Pour l'Italie, la situation des annulations est encore difficile à évaluer, car les Français réservent majoritairement sans passer par les agences de voyage. Pour autant, les tour-operators prennent les devants proposant report et remboursement à ceux qui renoncent, pas forcément par crainte de voyager, mais ne serait-ce que pour éviter de trouver porte close devant musées et restaurants.

Refroidis par l'épidémie de coronavirus, les Français se détournent des pays asiatiques pour leurs prochaines vacances, et commencent à s'interroger sur la destination Italie, alors que les régions de Lombardie et Vénétie sont soumises à des restrictions de circulation.

Ces trois dernières semaines, les réservations faites auprès d'agences de voyage françaises pour la période d'avril à octobre se sont sans surprise effondrées pour la Chine (-99%), mais aussi pour d'autres pays de la région comme le Vietnam, la Thaïlande et le Cambodge qui affichent un repli de 61% en moyenne.

Et ce, alors que les restrictions du ministère français des Affaires étrangères en matière de voyage "ne s'appliquent qu'à la Chine", a mis en avant Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage, l'organisation représentative du secteur qui présentait ces données mercredi.

Pour lui, cette frilosité "traduit une crainte de voyager, de l'inconnu et des regroupements de population. On a tendance à se replier sur soi, sur la cellule familiale, et à ne pas prendre dans cette période de décisions de voyage".

Entre la France et l'Asie, les réservations de vols ont chuté de 65%

Pour la seule semaine du 29 janvier, les réservations pour des vols reliant la France à l'Asie (en excluant la Chine) ont chuté de 65%, a parallèlement indiqué mercredi la société spécialisée ForwardKeys, qui analyse chaque jour quelque 17 millions de réservations aériennes dans le monde.

D'autres destinations asiatiques, comme le Japon, connaissent également des baisses de réservations, "mais peu sensibles", tempère René-Marc Chikli, président du Syndicat des tour-opérateurs français (Seto). Ce dernier a d'ailleurs annoncé mercredi qu'il suspendait tous les départs de vacanciers français pour la Corée du Sud jusqu'au 31 mars - après avoir fait de même pour la Chine il y a déjà plusieurs semaines.

Globalement, l'impact du coronavirus se fait sentir sur l'ensemble des destinations, y compris les non-asiatiques et épargnées par l'épidémie, avec une baisse de 4% des réservations des Français ces trois dernières semaines.

Pour l'Italie, les tour-operators cherchent des solutions de rechange

Concernant spécifiquement l'Italie, pays européen le plus touché par l'épidémie avec plus de 374 cas et 12 morts, les voyagistes français indiquent proposer "d'autres solutions" à leurs clients qui devaient se rendre en Vénétie et en Lombardie mais ne souhaitent plus y voyager.

"On a pris des dispositions, et depuis hier (mardi) on propose des reports, les réservations ne sont pas perdues", a indiqué M. Chikli.

"On propose de reporter ou on rembourse"

"Le principe est de se baser sur les préconisations du quai d'Orsay, on permet donc aux voyageurs ayant réservé un séjour en Lombardie ou en Vénétie de reporter ou modifier leur voyage, et on rembourse s'il n'y a pas moyen de reporter", a précisé M. Mas.

Le site officiel de conseils aux voyageurs du gouvernement indique qu'"il est conseillé aux personnes qui le peuvent, et qui n'ont pas de raison essentielle de se rendre en Lombardie et en Vénétie, de différer leur déplacement dans ces deux régions, en attendant que la situation se rétablisse".

Risque de quarantaine, de fermetures de musées ou de restaurants...

L'Italie étant une destination pour laquelle les Français réservent majoritairement seuls leurs billets d'avion et leur hébergement, sans passer par un voyagiste, il est difficile à ce stade d'évaluer le nombre d'annulations ou de reports de voyage décidés ces derniers jours.

Jean, voyageur parisien qui se rend souvent en Italie, a ainsi annulé son périple à Naples et en Toscane prévu début mars, "pour éviter de [se] retrouver pris dans une quarantaine, et ne pas risquer de me trouver avec des musées et des restaurants fermés, sans compter la psychose". Il ira finalement en Écosse.

Se replier sur la France, "valeur sûre" finalement ?

"L'Italie est une très grosse destination touristique, et Venise (en Vénétie) est la deuxième ville la plus fréquentée par les touristes après Paris, avec 20 millions de visiteurs dont 12 millions qui y dorment", rappelle à l'AFP Didier Arino, directeur du cabinet Protourisme.

"Les gens ne raisonnent pas par région, mais voient l'Italie dans son ensemble. On est dans une accélération de la défiance vis-à-vis de cette destination", souligne-t-il. Estimant qu'au final, la France pourrait s'avérer une "valeur sûre" pour les vacances d'été des Hexagonaux.