Victoire des hôteliers français face à Booking.com

Par latribune.fr  |   |  715  mots
Accor avait déposé une plainte contre Booking.com auprès de l'Autorité de la concurrence, dénonçant un abus de position dominante du site de réservation en ligne.
Le site de réservation en ligne s'engage pendant cinq ans à renoncer à la majeure partie des clauses de parité tarifaire et de disponibilité qu'il imposait aux hôteliers français. Ces derniers pourront désormais proposer des des tarifs plus bas sur d'autres sites de réservation que ceux fixés sur Booking.fr. Cela améliorera "la liberté commerciale et tarifaire" des acteurs de l'hôtellerie, assure l'Autorité de la concurrence, mardi.

La hache de guerre entre le site de réservation hôtelière Booking.com et les hôteliers français va-t-elle être enterrée ? L'Autorité de la concurrence a annoncé mardi 21 avril que Booking s'engage pour cinq ans "à modifier la clause de parité tarifaire". Le site de réservation en ligne supprimera également "toute clause imposant des obligations de parité en termes de disponibilités de chambres ou de conditions commerciales non seulement à l'égard des plateformes concurrentes mais également des canaux directs hors ligne des hôtels et d'une partie de leurs canaux en ligne".

Les clauses de parité fixées obligeaient en effet les hôtels à proposer leurs chambres sur le site de réservation à un prix au moins aussi avantageux que celui proposé sur d'autres réseaux de distribution. Désormais les hôteliers français pourront proposer des tarifs plus attractifs sur d'autres sites de réservations en ligne que Booking.com.

Toutefois, les hôtels ne pourront toujours pas afficher sur leur propre site internet des tarifs inférieurs à ceux du site.

"Un contre-pouvoir" pour les hôtels

Les engagements de Booking.com entreront en vigueur dès le 1er juillet 2015. L'Autorité de la concurrence estime que ces mesures "donnent aux hôtels un contre-pouvoir en améliorant sensiblement leur liberté commerciale et tarifaire", car Booking.com "n'empêchera notamment plus les hôteliers de pouvoir proposer sur d'autres plateformes de réservations".

C'est un véritable soulagement pour les hôteliers. En effet, la vente de nuitées sur Internet a connu un essor considérable ces dernières années, rappelle l'Autorité de la concurrence:

"Aujourd'hui, la quasi-totalité de la clientèle hôtelière (93 %) utilise internet pour rechercher un hôtel, même si les réservations restent très majoritairement effectuées hors ligne (66%). En Europe, 70 % des nuitées réservées sur internet se font via les plateformes de réservation en ligne."

Des centrales comme Booking ou Expedia comptent pour 17% des revenus d'Accor, contre 11% chez InterContinental ou 7% chez Marriott et prélèvent des commissions qui oscillent entre 18% et 20% du prix d'une chambre.

Les hôteliers saluent une avancée mais en demandent plus

Accor s'est montré satisfait:

"Ce n'est cependant qu'une première étape: pour que cette décision ait une réelle portée et enclenche une baisse des commissions des OTAs (agences de voyages en ligne, NDLR), il faudra qu'Expedia et les autres acteurs en ligne acceptent les mêmes engagements et qu'émerge ainsi une vraie concurrence entre OTAs."

"Nous avons franchi une étape importante, mais cela ne règle pas tout, notre action continue et nous serons vigilants", a également réagi Hervé Bécam, vice-président de l'Umih, principal syndicat hôtelier français. Et de préciser:

"Nous ne sommes pas tout à fait satisfaits, même si les engagements pris par Booking donnent désormais la possibilité à l'hôtelier de pouvoir garantir le meilleur prix à ses clients si ceux-ci le contactent directement."

Jacques Barré, président du GNC (syndicat des chaînes hôtelières), s'est également montré en partie réservé:

"Il reste encore du chemin à faire [...] car ce que nous voulions, c'est la suppression de la totalité de la clause de parité tarifaire."

Booking.com compte étendre son engagement aux autres pays européens

Dans un communiqué, la société Booking a répété qu'elle ne souhaitait pas entraver à la libre concurrence:

"Nous sommes en faveur d'une concurrence loyale sur le marché, nous l'encourageons. La concurrence stimule l'innovation, les gains d'efficacité et, par dessus tout, elle bénéficie aux consommateurs. Les décisions d'aujourd'hui s'inscrivent dans un effort continu et coordonné pour promouvoir la concurrence."

Elle compte en outre "mettre en œuvre ces engagements dans l'ensemble de l'espace économique européen".

Accor et l'Umih avait porté plainte en février

Les hôteliers français et les centrales de réservation hôtelière en ligne sont en guerre depuis plusieurs années. Accor et l'Umih, principal syndicat de l'hôtellerie restauration, avaient déposé une plainte contre Booking.com auprès de l'Autorité de la concurrence, fin février. Le géant hôtelier français dénonçait un abus de position dominante du site de réservation en ligne.