Les pilotes décident d'une grève de quatre jours reconductible

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  553  mots
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Le gouvernement a refusé les demandes du syndicat national des pilotes de lignes (SNPL) concernant un aménagement du texte de loi encadrant les grèves. Le SNPL a confirmé ce vendredi les quatre jours de conflit et a même ajouté la possibilité d'une reconduction. Le mouvement risque d'être suivi à Air France où le projet de loi coïncide avec la dénonciation de la direction de tous les accords d'entreprise.

Réunis ce matin, les pilotes du syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) a tranché : il y aura bel et bien quatre jours de grève du 6 au 9 février contre le projet de loi visant à encadrer le droit de grève dans le transport aérien. "La grève sera même reconductible", a déclaré à "latribune.fr" un membre du SNPL. La tentative de la dernière chance d'éviter le conflit a effectivement échoué.

Jeudi en fin d'après-midi pendant qu'Air France communiquait ses conseils aux voyageurs avant le mouvement social, les jeux n'étaient pas encore entièrement faits en coulisses. « La direction est intervenue pour qu'une proposition soit faite au SNPL. Si elle est satisfaisante, le préavis de grève sera reporté », expliquait jeudi en fin d'après-midi à "latribune.fr" un pilote. « En clair, nous voulons un engagement ferme du gouvernement sur la proposition d'un amendement tenant en compte la problématique de la stabilité des plannings», expliquait-il.

Quelques heures plus tard, la déception était grande chez les naviguants. Le ministère des Transports a bel et bien répondu aux quatre principales demandes du puissant syndicat. Mais «la réponse est en-deçà de leurs attentes », confie une soruce minsitérielle. « Certaines étaient jouables, d'autres non car elles pouvaient être censurées par le conseil constitutionnel ». « Le gouvernement a tout rejeté en bloc », déclare de manière plus tranchée un pilote.

Le SNPL souhaitait qu'un salarié dont l'activité n'était pas programmée pendant un jour de grève puisse refuser l'ordre de la direction de venir travailler ce jour là en remplacement d'un gréviste. Cette demande a été refusée même si, en pratique, elle peut s'inscrire dans le cadre conventionnel.

Autre point, les sanctions contre les compagnies. Alors que le texte de loi introduit une sanction pour les salariés qui ne se déclarent pas gréviste 48 heures avant, les pilotes demandaient à ce que les compagnies aériennes qui n'informaient pas les passagers 24 heures avant, comme l'oblige le texte, soient, elles aussi sanctionnées. Ce point ne sera pas inscrit dans la loi, mais fera l'objet d'un décret.

Troisième des quatre requêtes (la quatrième concerne des détails de rédaction du texte) du SNPL, la levée du préavis de retour au travail. Le texte de loi oblige le salarié de déclarer son retour au travail 24 heures avant. Un dispositif tiré du transport ferroviaire et qui n'a pas beaucoup de sens dans le transport aérien car la compagnie a besoin techniquement de 48 heures pour remettre en service son activité. Mais qui sera inscrit dans la loi.

Les pilotes sont très remontés. Le conflit risque d'être dur. L'animosité est en fait perceptible chez les pilotes d'Air France où la loi sur l'encadrement de la grève coïncide avec la décision de la direction de dénoncer tous les accords depuis 1971. Un comité central d'entreprise a été convoqué à ce sujet le 10 février. De tous bords les pilotes dénoncent le passage en force du nouveau PDG Alexandre de Juniac. « Il va mettre le feu aux poudres. Aucune compagnie ne s'est redressée sans l'adhésion des salariés et des pilotes en particulier », rappelle l'un d'eux.