Air France : Le gouvernement convoque les pilotes vendredi

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  670  mots
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Selon nos informations, une réunion est prévue vendredi, au lendemain de la fin du préavis qui ira donc jusqu'à son terme. L'objectif sera d'éviter une reconduction du conflit très suivi par les pilotes. Air France prévoit mercredi d'annuler 40% de ses long-courriers et 30% de ses court-courriers.

Conduite par les pilotes, la grève pour l'encadrement du droit de grève dans le ciel français va durer jusqu'à la fin du préavis de 4 jours, jeudi. Aucune négociation n'est en cours entre le gouvernement et le SNPL (syndicat national des pilotes de ligne), archi majoritaire chez les pilotes, en particulier à Air France.

Selon des sources concordantes, le ministère des transports a convoqué les dirigeants de l'organisation syndicale vendredi 10 février au lendemain de la fin du préavis. L'objectif est de se remettre autour de la table après l'échec de la négociation entre les deux parties en fin de semaine dernière. Le 2 février, le ministère des transports avait retoqué un bon nombre des demandes du SNPL qui dans le 3 février avait confirmé son préavis du 6 au 9 février, en ajoutant un caractère reconductible au mouvement. Interrogé, le ministère des transports n'était pas en mesure de nous répondre.

Très ferme sur ce dossier depuis le début du conflit malgré l'ampleur de la mobilisation des pilotes, le gouvernement va forcément tenter d'éviter la reconduction immédiate du conflit. Ce qui serait dramatique pour Air France qui perd grosso-modo 15 millions de chiffre d'affaires par jour de grève, selon nos sources. Un manque à gagner auquel il faut ajouter les indemnisations aux passagers ainsi que les nuits d'hôtels pour les passagers bloqués. Comme dans chaque bras de fer, les deux parties disposent de portes de sorties du conflit. « Reste à trouver celle qui permet à chacun de sortir sans perdre la face », explique un habitué des négociations sociales. « Si l'on a des choses à nous proposer, pourquoi nous convoquer après la fin du préavis », s'interroge un pilote. « Peut être parce que les éventuelles propositions du gouvernement ne correspondront pas aux attentes des pilotes », répond un observateur. « Le gouvernement étant un gouvernement sortant, il n'a rien à perdre. Surtout sur un tel sujet, largement plébiscité par les Français.


Dans une vidéo diffusée lundi soir aux navigants sur l'intranet de la compagnie aérienne française et que latribune.fr s'est procurée, Eric Schramm, directeur général adjoint en charges des opérations a indiqué que « la totalité des démarches possibles a été engagée par la compagnie afin d'obtenir les amendements nécessaires . « Des évolutions sont encore possibles », a-t-il déclaré, sans donner de précisions. Concernant la stabilité des plannings d'activité, une revendication importante du SNPL, il a pris l'engagement que « tout serait mis en ?uvre pour que les principes de stabilité de plannings soient garantis ».

En face, les pilotes sont ragaillardis par le succès de la mobilisation. Plus de 60% d'entre eux sont en grève selon le SNPL. Air France a annulé 30% de ses long-courriers (mieux que les 50% prévus) et 30% de ses court et moyen-courriers, Air France a été contrainte d'annuler ce mardi plusieurs vols à chaud. Pour mercredi, la direction compte annuler 40% de ses long-courriers et 30% de ses vols de courte distance. Bref, les propos alarmistes tenus lundi soir par Eric Schramm ne se sont pas réalisés. «Demain (mardi, ndlr), et dans les jours suivants nous serons dans la quasi incapacité d'assurer notre exploitation », avait-t-il déclaré.

La mobilisation des pilotes d'Air France est d'autant plus forte que la direction a décidé de rompre tous les accords et conventions d'entreprise. Un comité central d'entreprise (CCE) est convoqué à ce sujet vendredi. Sur ce point, Eric Schramm a expliqué qu'il s'agissait d'une « procédure technique afin de reconstruire rapidement un nouveau modèle économique et social » et non « une marque de défiance à l'égard du dialogue social ou de ses acteurs ».
Si les pilotes espéraient un report du calendrier de dénonciation des accords, ils risquent d'être déçus. La direction n'entend pas suspendre la procédure pour les pilotes pour les maintenir pour les autres catégories de personnel. Vendredi sera donc un jour crucial.