Air France va dénoncer tous les accords d'entreprise

Par latribune.fr  |   |  584  mots
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La direction présente ce vendredi en comité central d'entreprise son projet de dénoncer tous les accords d'entreprise. L'objectif est de négocier de nouveaux accords permettant d'améliorer la productivité du personnel et d'apporter plus de flexibilité du travail. Et créer ainsi un nouveau modèle économique.

Les choses sérieuses commencent pour Air France. Le comité central d'entreprise (CCE) qui se tient ce vendredi pour informer officiellement les syndicats de la dénonciation de tous les accords et conventions d'entreprise, marque le point de départ du plan de transformation structurelle de la compagnie française. Il vise à restructurer l'activité moyen-courrier dont les lourdes pertes (600 millions d'euros l'an dernier environ) sont supérieures à celle du groupe, mais aussi à améliorer les activités long-courriers, maintenance et cargo. Il s'agit, après l'annonce début janvier de mesures immédiates de réduction de coûts (gel des salaires pendant deux ans, report des investissements....), de la deuxième phase du plan de redressement d'Air France et d'Air France -KLM, qui vise deux milliards d'euros d'économies par an d'ici à trois ans.

 Pour retrouver de la compétitivité, le nouveau PDG d'Air France, Alexandre de Juniac, a décidé de mettre à plat tous les accords et conventions d'entreprises. Bien qu'annoncée mi-janvier, la convocation il y a un dizaine de jours d'un CCE sur le sujet a suscité la grogne des syndicats, qui ont dénoncé un passage en force de la direction. A quelques jours du début du préavis de grève contre l'encadrement du droit de grève, le geste a été perçu comme une provocation. Et a grandement contribué au succès du mouvement pendant quatre jours. Alexandre de Juniac jure qu'il ne s'était pas rendu compte du caractère agressif de sa démarche.

Flexibilité du travail

 «Nous voulons rénover le cadre contractuel, pas le détruire », a indiqué mercredi Alexandre de Juniac lors d'une audition au Sénat  et l'adapter ainsi au «nouveau cadre économique». Certains accords datent en effet du début des années 70. La dénonciation de tous les accords ne signifie pas que tout sera revu. Un bon nombre d'entre eux seront renouvelés. Car le but reste de se concentrer sur ceux permettant d'améliorer la productivité et d'apporter une plus grande flexibilité du travail. « Le temps de travail effectif doit être amélioré », a indiqué Alexandre de Juniac et les accords actuels qui débouchent sur des augmentations de salaires trop importantes doivent être revus. Air France est à la traîne en termes de productivité, non seulement par rapport aux low-costs, mais aussi face à Lufthansa et British Airways.

 Pour le patron d'Air France, la négociation sur les règles de fonctionnement permettra de faire évoluer le modèle économique. Le degré de la transformation de celui ci dépendra du fruit de la négociation, sachant que les syndicats ont bien conscience que les gains de productivité entraineront des sureffectifs, susceptibles de provoquer des licenciements.

Le patron d'Air France veut aller vite. Il espère boucler les négociations d'ici à l'été. Hier, lors d'une réunion avec tous les syndicats pour déminer le CCE, il leur a dit qu'il souhaitait mettre à profit la période entre l'annonce du projet ce vendredi et celle de la consultation sur le sujet en mars pour convenir, avec les syndicats, d'accords de méthode et définir un calendrier. En outre, selon un syndicaliste, les sujets qui vont être négociés seront définis avec les syndicats. Selon un participant à la réunion, le syndicat national des pilotes de ligne, (SNPL), archi-majoritaire chez les pilotes, a indiqué son souhait d'aller vite également et a fait part de son intention d'être une force de proposition.