Alexandre de Juniac à la tête d'Air France en janvier

Selon les informations de La Tribune, le comité de nomination et le président du conseil, Jean-Cyril Spinetta, ont donné leur feu vert au choix de l'ancien dirigeant de Thales et directeur de cabinet de Christine Lagarde.
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La messe est dite... sauf coup de théâtre. Selon nos informations, après des semaines d'atermoiements et de bouleversements, un consensus s'est enfin dégagé sur le choix d'Alexandre de Juniac, pour occuper la fonction de directeur général d'Air France à partir du 1er janvier 2012. Âgé de 49 ans, cet ancien directeur général adjoint du groupe de défense Thales puis directeur de cabinet de Christine Lagarde à Bercy, remplacera Pierre- Henri Gourgeon, qui lâchera les commandes d'Air France pour conserver celles d'Air France-KLM qu'il combine aujourd'hui. Un dossier dans lequel n'est pas intervenu l'État, premier actionnaire avec sa participation de 15,7 %.

La semaine dernière, après plusieurs réunions et discussions tenues dans un cadre informel, Jean-Cyril Spinetta, président non exécutif des conseils d'administrations d'Air France et d'Air France-KLM, et le comité de nomination composé de Jean-François Dehecq, Patricia Barbizet, Jean-Marc Espalioux et Cornelis Van Lede (le représentant de KLM) ont donné leur feu vert à la nomination d'Alexandre de Juniac, le candidat poussé par Pierre-Henri Gourgeon. « De manière informelle, la décision a été prise. Maintenant il faut respecter la procédure », explique un proche du dossier. Un conseil d'administration extraordinaire d'Air France-KLM va être convoqué (pas avant quinze jours le temps de trouver une date qui convienne aux 15 administrateurs) pour approuver le choix. Outre les membres du Comité de nomination, Jean-Cyril Spinetta, Pierre-Henri Gourgeon, les Hollandais de KLM, le consensus sur le nom Alexandre de Juniac réunit aussi le puissant Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL). Initialement hostiles à une candidature qu'ils interprétaient comme un parachutage politique, les pilotes ont validé le choix d'Alexandre de Juniac en juillet, après que Pierre- Henri Gourgeon leur a indiqué qu'il comptait entourer son poulain par deux hommes clés de la maison : Bruno Matheu, 48 ans, aujourd'hui directeur général délégué commercial d'Air France- KLM, et Alain Bassil, 57 ans, directeur général adjoint maintenance d'Air France-KLM.

CONSENSUS LENT A SE DESSINER

Considéré comme le cerveau du groupe, Bruno Matheu, candidat lui aussi à la direction d'Air France, est appelé à seconder Alexandre de Juniac. « Ce ticket n'a pas été encore validé dans les discussions de la semaine dernière », précise une source informée, qui ne voit pas néanmoins d'obstacle majeur.

Derrière ce ticket, se cache même le coup d'après de la future organisation du holding. L'idée, en effet, est qu'Alexandre de Juniac succède ensuite à Pierre- Henri Gourgeon à la tête du holding Air France-KLM au plus tard en avril 2014, selon plusieurs sources (un an avant la fin de son mandat, selon un engagement oral qu'il aurait pris) et que dans le même temps Bruno Matheu remplace Alexandre de Juniac à la direction d'Air France.

« Plus qu'un DG d'Air France, le profil recherché était quelqu'un pouvant diriger, dans un second temps, le holding, lequel devrait intégrer à terme Alitalia. L'expérience d'Alexandre de Juniac tant dans le monde de l'entreprise en particulier chez Thales où il y a passé onze ans de 1998 (Thomson-CSF initialement) à 2009, que dans le jeu institutionnel des cabinets ministériels l'a emporté », explique un bon connaisseur du dossier. Chez Thales, il était promis à la succession du PDG Denis Ranque, avant de se heurter en 2009 à l'intransigeance de Dassault, le nouveau partenaire industriel du groupe qui n'en voulait pas.

Le consensus sur son nom a mis du temps à se dessiner. S'il a semblé presque assuré à certains moments (fin juin notamment), il s'est complètement fissuré par la suite avec la montée en puissance d'un autre prétendant, Lionel Guérin, 54 ans, président- fondateur de la compagnie régionale Airlinair, PDG de Transavia France, la filiale low-cost d'Air France, et aussi président de la Fédération nationale de l'aviation marchande (Fnam). Ce grand professionnel du secteur avait le soutien de Jean-Cyril Spinetta qui l'apprécie énormément.

Opposition « irrationnelle »

Mais limiter l'option Guérin à ses seuls liens avec le président du groupe est une erreur. « De la dizaine de candidats auditionnés par le comité de nomination, c'est lui qui a réalisé la meilleure prestation. Son plan de réforme dès début 2012, a séduit, notamment Jean-François Dehecq, qui a apprécié son profil d'entrepreneur », explique un proche du comité de nomination, pourtant favorable à Alexandre de Juniac. « Pour autant, si tout le monde voyait bien Lionel Guérin à la tête d'Air France, certains doutaient qu'il puisse prendre la tête d'Air France-KLM », poursuit-il.

Par ailleurs, « le choix de Lionel Guérin, qui peut être interprété comme un candidat interne aurait été plus difficile à faire accepter à Bruno Matheu », assurent plusieurs sources internes.La finale opposant Alexandre de Juniac et Lionel Guérin a mis en lumière des divergences au sommet du groupe entre Pierre-Henri Gourgeon, qui soutenait le premier et Jean-Cyril Spinetta, favorable au second. Une opposition, qualifiée par beaucoup « d'irrationnelle avec des grosses questions d'ego » entre deux hommes qui se connaissent depuis plus d'un quart de siècle et qui pilotent le groupe depuis quatorze ans. Dès le départ, au printemps Pierre- Henri Gourgeon a, semble-t-il, mal manoeuvré. « Il voulait Juniac. Mais au lieu de faire part de son choix à Spinetta, son président, comme il aurait dû le faire, il est d'abord allé voir l'intéressé. Spinetta, qui plus est privilégiait une solution interne, en a pris ombrage », reconnaît un proche des deux hommes. S'en suivirent des positionnements de principes, dans lesquels les deux hommes se sont enfermés. « En droit, en étant associé aux travaux du comité de nomination, Spinetta est un acteur clé sur les questions de gouvernance, explique un administrateur indépendant, mais dans la mesure où Pierre-Henri Gourgeon devra travailler avec le futur DG d'Air France, le choix ne peut pas se faire contre lui. Sinon l'entreprise court à la catastrophe. »

Tout est dit. Chez les partisans de Gourgeon, on estime qu'en tant que patron exécutif du groupe, Pierre-Henri Gourgeon a un rôle prépondérant à jouer dans la gouvernance. D'autant qu'il est convaincu de la pertinence de son choix qu'il juge nécessaire. La résistance de Spinetta a été interprétée comme une velléité de reprendre la main sur le groupe, après avoir lâché les manettes exécutives en 2009 et soutenu Gourgeon pour lui succéder. En face, les pro-Spinetta assurent au contraire que Gourgeon a voulu choisir son dauphin en catimini, en forçant le choix du comité de nomination, séduit initialement par Lionel Guérin.

Si cet épisode va laisser des traces entre Jean-Cyril Spinetta et Pierre- Henri Gourgeon, le consensus obtenu va soulager de nombreux cadres, qui regrettaient l'absence de décision.

 

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Commentaires 10
à écrit le 10/10/2011 à 11:26
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Petite question qui expliquerait cela : Lionel Guérin n'est-il pas allié de la famille Monsieur Spinetta ? C'est ce que j'ai entendu dire, mais je ne sais pas si c'est vrai. Si quelqu'un peut m'éclairer, ceci expliquerait peut-être aussi cela ?

à écrit le 07/10/2011 à 15:41
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l action air france reflaite la sante de cette entreprise !!

à écrit le 07/10/2011 à 8:09
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Vive l'Etat voilà un pays qui nomme en permanance à la tête d'entreprise "privé" des directeurs de cabinets. La France meurt de cet microcosme des "petits français" amis d'amis qui sur le fond ont fait décliné notre pays depuis 40 ans. Et oui même l...

à écrit le 05/10/2011 à 6:10
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Il faut vite replacer les copains,et bien sur au salaire de Gourgeon qui vient de s'augmenter de 50%.Et oui ,la récession n'est pas pour tout le monde!

le 07/10/2011 à 7:56
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quelle honte !!!!!!! gorgeon et spineta devrais deja ne plus etre a la direction d air france! avec pres de 400 morts en 10 ans!!dans n inporte quel pays au monde aurai admis cela!

à écrit le 04/10/2011 à 8:45
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Ben, c'est sûr qu'il vaut mieux mettre un politique copain du copain que quelqu'un qui connaît bien le secteur, comme ça on a une excuse pour la faillite :-)

à écrit le 03/10/2011 à 23:27
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si Spinetta veut reprendre les commandes c'est bien qu'il a compris qu'il y a un problème avec Gourgeon. Air France est mal barrée.

à écrit le 03/10/2011 à 20:20
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Ben au moins, il a bien la tête de l'emploi, celle d'Erik le communicant, une tête de vainqueur, un de ceux qui apprennent à voler aux oiseaux...

à écrit le 03/10/2011 à 16:21
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CEST LA DANSE DES COLS BLANCS !!! qui font coion coin et puis sen vont et chaque fois la boutique est encor plus mal quavant qu ils arrivent !!

à écrit le 03/10/2011 à 13:11
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Pour les copains la crise n'existe pas.

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