Des pilotes dénoncent la pression de Ryanair pour qu'ils consomment moins de carburant

Par latribune.fr  |   |  572  mots
Selon le syndicat allemand des pilotes Cockpit, la compagnie à bas prix Ryanair exerce « une forte pression » sur ses pilotes pour qu'ils fassent des économies de carburant. Copyright AFP/THOMAS WIRTH
Après trois atterrissages en urgence d'avions Ryanair en Espagne, le syndicat allemand des pilotes Cockpit affirme ce jeudi que la compagnie à bas prix exerce « une forte pression » sur ses pilotes pour faire des économies de carburant. Une enquête a été ouverte par les autorités espagnoles. La compagnie irlandaise estime au contraire que « tous ses vols opèrent avec le niveau de kérosène requis ».

Jörg Handwerg, le porte-parole de Cockpit (le syndicat allemand des pilotes), a déclaré ce jeudi à l?AFP que Ryanair exerçait une « forte pression » sur les pilotes au sujet du carburant. Il a expliqué que la compagnie irlandaise dressait des listes de pilotes en fonction de leur consommation de kérosène.

Selon ce porte-parole, chez Ryanair, la quantité de kérosène emmenée par avion est en partie fixée par des règlements. Au-delà du minimum légal, c?est le pilote lui-même qui décide des réserves dont il a besoin « pour plus de sécurité ». C?est en particulier le cas quand l?avion dessert des aéroports très fréquentés, où il devra probablement effectuer des tours avant de pouvoir atterrir.

De manière générale, Jörg Handwerg a souligné que le carburant est « un facteur de coût important surtout pour les compagnies à bas prix ». Au-delà du cas de Ryanair, « beaucoup de compagnies » font passer des instructions aux pilotes sur les moyens de consommer moins.
Le porte-parole de Cockpit souligne alors que « les droits des pilotes sont bafoués ». Ces derniers « ne peuvent plus assumer leurs responsabilités ».

Une enquête a été ouverte par les autorités espagnoles

L?affaire remonte au 26 juillet dernier. A Valence, trois avions de la compagnie Ryanair s?étaient déclarés en danger faute de carburant.
En raison du mauvais temps à l?aéroport de Madrid, les avions avaient été déroutés sur Valence, où ils avaient dû attendre l?autorisation d?atterrir. Les pilotes avaient alors averti qu?ils avaient peu de carburant. Ils ont ainsi pu bénéficier d?une priorité d?atterrissage.

Suite à ces atterrissages précipités, une source du ministre du Développement a indiqué à l?AFP que « l?agence publique de sécurité aérienne a ouvert jeudi une enquête sur Ryanair à la suite d?une plainte d?AENA (le gestionnaire des aéroports espagnols) ».

L?association de consommateurs espagnole, CEACCU, a déposé mardi une plainte contre Ryanair devant la direction générale de l?aviation civile. Elle estime que la politique de la compagnie low cost en matière de carburant provoque « une situation de risque grave pour la sécurité des passagers ». L?association demande ainsi que la compagnie soit frappée d?une amende de 4,5 millions d?euros et que son permis d?exploitation soit suspendu pendant trois ans.

Pour Ryanair : « tous les vols opèrent avec le niveau de kérosène requis »

Le porte-parole de la compagnie à Madrid, interrogé par l?AFP, est en désaccord avec cette description des faits. Pour lui, « il n?y a pas eu d?atterrissages d?urgence, il s?agissait d?atterrissages normaux ». Il insiste : « s?ils ont demandé à passer en priorité c?est parce qu?ils étaient un peu juste au point de vue carburant même s?il leur en restait pour plus de 30 minutes dans chaque avion ».

La compagnie Ryanair affirme qu?avant de demander à « atterrir immédiatement », ses appareils avaient survolé Valence pendant « 50, 68 et 69 minutes respectivement ».
La compagnie irlandaise assure que « tous les vols de Ryanair opèrent avec les niveaux de kérosène requis ». Elle précise que « cela comprend le carburant nécessaire pour rouler sur la piste, le vol, les déroutages et le combustible en cas d?imprévu ».