Air France négocie le report de livraison de plusieurs Airbus A380

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  588  mots
Copyright Reuters
La compagnie tricolore, qui exploite 8 A380, finalise avec Airbus un décalage de livraison de deux appareils prévus en 2013 et deux autres (les derniers de la commande) prévus en 2014. Une option a été annulée. Les deux parties auraient par ailleurs trouvé un accord sur des compensations à la suite du problème de microfissures observés sur les ailes des A380.

A380, A350, les sujets de discussion ne manquent pas entre Air France et Airbus. Selon nos informations, la compagnie française finalise avec Airbus le décalage de livraison de plusieurs A380 encore en commande. « Des discussions sont toujours en cours avec Airbus pour définir de nouvelles dates quant aux livraisons des prochains A380 encore en commande », confirme le document de référence 2012 d'Air France-KLM, publié ce mercredi.

Mystère sur les deux derniers appareils de la commande

Après avoir réceptionné deux A380 en 2012, la compagnie tricolore exploite aujourd'hui huit superjumbos sur un total de 12 appareils commandés fermes. Les discussions portent donc sur quatre exemplaires, qui devaient être livrés initialement au printemps 2013 (pour les 9ème et 10ème exemplaires) et en 2014 pour les deux derniers. Interrogé Air France a indiqué finaliser les discussions pour que la livraison du neuvième A380 soit décalée à septembre 2013 et que celle du dixième le soit à avril 2014. Quant aux deux derniers A380 de la commande, prévus donc en 2014, les discussions portent sur « une date ultérieure », sans aucune autre précision. Ce n'est pas terminé. Air France a, en outre, « annulé définitivement une option A380 arrivée en butée de décision », précise le document de référence.

Hausse limitée de capacités et diminution de la dette
Pourquoi ce décalage ? Parce que le groupe ne prévoit pas de retour à la croissance au cours des deux ou trois prochaines années et reste calé sur une hausse modérée des capacités long-courriers (+2%) ? Ou bien réduit-il ses investissements pour atteindre son objectif de diminution de dette (de moins de 6 milliards d'euros fin 2012 à 4,5 milliards fin 2014), rendu difficile par la conjoncture? Probablement les deux à la fois. Actuellement, remplir des A380 avec une bonne recette unitaire reste un défi pour une compagnie européenne. En outre, il est évident également qu'un report permettra de décaler d'autant des sorties de cash. Pour rappel, le prix d'un A380 aujourd'hui dépasse les 400 millions de dollars au prix catalogue (il peut être réduit de moitié dans la réalité), dont une partie importante est payée à la livraison. Air France-KLM a par ailleurs organisé un nouveau report de livraison d'un Boeing 777-300 ER. Le prochain exemplaire ne sera livré qu'en mars 2015 au lieu de mars 2014.

Airbus doit combler les trous

Pour Airbus, la situation est assez compliquée. Pour effectuer un saut en termes de rentabilité sur son programme A380, l'avionneur doit à tout prix monter en cadences et livrer au moins 35 A380 en 2014, selon un expert. Or, il toujours difficile de trouver une autre compagnie pour utiliser les créneaux de livraison laissés vacants par une compagnie aérienne. Néanmoins, de tels créneaux peuvent aussi intéresser un nouveau client. Airbus table en effet sur 30 commandes d'A380 en 2013. Parallèlement à cette question des reports, les discussions entre Air France et Airbus portaient également sur les compensations concernant le surcoût lié au problème de microfissures observé dans les ailes des A380. Un accord aurait également trouvé, selon nos informations.

Enfin, Air France et Airbus n'ont toujours pas converti en commandes fermes les 50 A350 (dont 25 fermes) qui avaient fait l'objet d'un protocole d'accord en septembre 2011. En janvier, le PDG d'Air France, Alexandre de Juniac, avait indiqué espérer trouver un accord d'ici à fin mars.  A l'automne, Alexandre de Juniac, et son homologue chez Airbus, Fabrice Brégier, s'étaient rencontrés pour aborder ces sujets.