Ryanair : des pilotes demandent une enquête sur la sécurité

Par latribune.fr  |   |  536  mots
Les employés de Ryanair réclament une enquête sur leurs conditions de travail. (c) Reuters
Près du tiers des pilotes de Ryanair souhaiteraient une enquête des autorités administratives sur l'impact de la politique sociale de la compagnie à bas coûts pour la sécurité, selon le Ryanair Pilot Group (RPG), qui cherche à être reconnu comme syndicat.

Deux mois après la sortie d'un livre sévère sur les pratiques de Ryanair écrit par un commandant de bord de la compagnie, les pilotes du transporteur à bas coûts souhaitent que les autorités administratives enquêtent sur l'impact de la politique sociale de l'entreprise pour la sécurité, a déclaré lundi le Ryanair Pilot Group (RPG), lequel cherche à être reconnu comme syndicat par l'entreprise.

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Transparence

Ce dernier explique qu'une enquête auprès de plus de 1.000 pilotes et commandants de bords, soit un tiers de l'effectif total de la compagnie, montre que 94% d'entre eux souhaitent une telle enquête. Par ailleurs, 89% des pilotes sondés ne jugent ni ouverte ni transparente la culture de l'entreprise en matière de sécurité et que deux sur trois hésiteraient à signaler à leur hiérarchie un problème de sécurité. Ryanair s'est refusée à tout commentaire.

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Aucun accident

Dans son dernier rapport annuel, la compagnie indique qu'aucun de ses passagers ou membres d'équipage n'a été tué en 29 ans d'activité et que ses personnels navigants sont au contraire encouragés à signaler tout problème touchant à la sécurité, si besoin de manière confidentielle. En effet, Ryanair n'a connu aucun accident depuis sa création. L'enquête du RPG a été transmise à Ryanair et à l'autorité de l'aviation civile irlandaise, l'Irish Aviation Authority (IAA), laquelle s'est refusée à tout commentaire.

Emport de carburant

L'an dernier, elle avait dédouanné Ryanair après la polémique qui avait éclaté en juillet sur les quantités de kérosène emportées dans les avions à la suite de trois atterrissages d'urgence en Espagne. En raison du mauvais temps à l'aéroport de Madrid, trois appareils avaient été déroutés sur Valence, où ils avaient dû attendre près d'une heure l'autorisation d'atterrir. Les pilotes avaient alors averti qu'ils avaient peu de carburant et ont bénéficié d'une priorité d'atterrissage. Dans son enquête, l'Irish Aviation Authority avait conclu que la compagnie n'avait pas enfreint les règles en vigueur mais elle lui a recommandé de revoir sa politique en matière de réserves de carburant pour les vols à destination d'aéroports encombrés lorsque les conditions climatiques sont difficiles.

Conditions de travail

Par ailleurs, le président du RPG, Evert van Zwol, qui ne travaille pas pour Ryanair mais qui a présidé l'Association néerlandaise des pilotes de ligne, a précisé que près des trois-quarts des pilotes de Ryanair travaillaient en contrat dit à "zéro heure", c'est à dire sans aucune garantie en termes de temps de travail ou de salaire. Le syndicat Irish Airline Pilots' Association affirme que ces contrats impliquent des conditions de travail parmi les pires du secteur.

En juin, Ryanair a fait l'objet d'un réquisitoire sévère d'un de ses commandants de bord, qui dans un livre intitulé "Ryanair : low cost mais à quel prix?", a dénoncé la politique de la compagnie non sans danger, selon lui, pour la sécurité des vols.