Bus, tramways, métro : le prix du ticket est-il trop bas ?

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  682  mots
un ticket de métro coûte 1,70 euro
En euros constants, les prix baissent depuis 10 ans selon les entreprises du secteur La hausse de la TVA en 2014, risque d'entraîner une hausse des tarifs. Les professionnels s'inquiètent des problèmes de financement du transport public urbain.

"Le prix du ticket de transport est un marqueur du pouvoir d'achat, comme celui de la baguette de pain". En disant cela, ce mercredi lors d'un point presse de l'Union des Transports publics (UTP), le syndicat professionnel du secteur, le PDG de Keolis Jean-Pierre Farrandou, pointe ainsi les difficultés d'avoir "une gestion rationnelle de la tarification" des bus, tramways ou encore métros, fixée par les collectivités locales. Avec en arrière plan les difficultés d'augmenter les prix du transport public, lesquels, selon Jean-Marc Janaillac, le président de l'UTP et PDG de Transdev, "ne coûtent pas cher" et "sont en baisse" depuis plusieurs années. "Depuis dix ans, la quasi-totalité des titres transport ont vu leur prix baisser en euros constants, explique l'UTP. Cette tendance à la baisse tient pour partie, au fait que la tarification n'est pas indexée sur l'inflation". Entre 2002 et 2012, fait valoir l'UTP, les tarifs des transports routiers de voyageurs ont baissé de 4,1% contrairement à ceux d'autres services publics marchands qui ont fortement augmentés comme les cantines scolaires, la distribution d'eau, l'électricité, gaz, enlèvement des ordures…). "Leurs hausses oscillent entre 22,5% et 66%", fait remarquer l'UTP.

Modèle menacé

Problème : la tarification est, avec le Versement Transport, un impôt payé par les employeurs disposant de plus de 9 salariés, et la contribution des autorités organisatrices de transport (les collectivités locales), l'un des trois piliers du modèle économique du transport public urbain. "Ces trois sources de financement ne progressent plus et peuvent difficilement progresser davantage", constate Anne Meyer, directrice du département affaires économiques et techniques de l'UTP. En effet, les employeurs et les collectivités locales sont dans des situations budgétaires tendues. "Le modèle est fragilisé" , explique Jean-Marc Janaillac. Les dépenses par voyageur sont supérieures aux recettes. Et "le ratio ne cesser de se dégrader" déplore Anne Meyer. Ces tensions sur les financements menacent la pérennité des transports dans leur dimensionnent actuel. L'offre de transport a seulement augmenté de 0,9% au premier semestre mais a diminué de 1,9% dans les réseaux de moins de 100.000 habitants et de 0,1% dans ceux entre 100.000 et 250.000 habitants. Toujours en hausse, la croissance du trafic tend à ralentir avec une progression attendue en 2013 de 2,5% contre 4% en 2011 et 2012.

Hausse de la TVA

Dans ce contexte compliqué, la hausse de la TVA ne va pas arranger les choses. Au 1er janvier, elle passera de 7 à 10% sur les tires de transport. "En 2012, le premier choc de la TVA (passage de 5,5 à 7%) avait entraîne un coût de 84 millions d'euros aux collectivités locales. Le passage de 7 à 10% coûtera 160 millions d'euros de plus", explique Anne Meyer. De fait, pour l'UTP "les voyageurs risquent de voir leur pouvoir d'achat baisser avec l'augmentation prévisible du prix des titres de transport. Et leur offre de transport se réduire". "Soit la TVA est répercutée sur le prix du billet, soit absorbée par les collectivités", explique Jean-Marc Janaillac qui craint, dans le cas de cette seconde hypothèse, que les collectivités fassent des arbitrages au sein même du budget transport. Ce qui impacterait le financement du réseau.

Report modal

 Pour compenser la stagnation voire la baisse des sources de financement, l'UTP pousse (outre les mesures de hausse de productivité interne) pour des mesures favorisant le report modal de la voiture vers les solutions de transport public (en jouant sur la vitesse commerciale, la politique de stationnement, la tarification, l'étendue géographique de l'offre, la fréquence et la capacité de l'offre, l'étendue des horaires, la gestion du parc et des équipements....). Les propositions sur ces thèmes seront détaillées en novembre lors des Rencontres nationales du transport public qui se dérouleront à Bordeaux.

 A moyen terme, l'UTP estime que "la prise en compte des nuisances des véhicules individuels pour la société (105 milliards d'euros) ou leur transformation en moyens de financement des transports publics urbains est une des voies possibles pour rééquilibrer le modèle économique du transport public et encourager le transport modal".