Alstom : un Airbus du ferroviaire "est une idée complètement sotte" (PDG)

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  756  mots
Patrick Kron, PDG d'Alstom
Le groupe va vendre une part minoritaire d'Alstom Transports, le constructeur du TGV, à des partenaires industriels ou financiers. Une vente à l'allemand Siemens serait "idiote" a expliqué le PDG d'Alstom Patrick Kron.

Outre la suppression de 1.300 postes dans plusieurs d'activités d'Alstom Thermal Power, l'informatique et les coûts centraux (qui ne devraient être pas les dernières comme l'a indiqué la direction d'Alstom), l'ouverture du capital d'Alstom Transport, l'une des quatre branches du groupe, constitue l'autre grosse annonce d'Alstom de ce mercredi.

Le constructeur du TGV entend vendre une partie minoritaire du capital d'Alstom Transports à des partenaires industriels ou financiers. A quelle hauteur ? Mystère. "Je ne sais pas vous dire si on va vendre 20, 22,5% ou 30% peu importe, et encore moins vous donner le prix, mais nous avons le temps et nous allons engager ce processus avec l'ensemble des acteurs concernés", a déclaré Patrick Kron, le PDG du conglomérat, lors de la présentation des résultats semestriels, lesquels sont marqués par un recul de 1% du résultat opérationnel à 695 millions d'euros pour un chiffre d'affaires en hausse de 4% , à 9,73 milliard, mais surtout par une baisse de 22% des commandes. Celle-ci a contribué au cash flow négatif de 511 millions.

Redonner de la mobilité stratégique

Cette opération se combine avec de cessions d'actifs non-stratégiques qui n'ont pas été précisées. Ce programme de cessions d'actifs vise à obtenir entre un et deux milliards d'euros  d'ici à décembre 2014. Pourquoi ? "Pour redonner une mobilité stratégique si nécessaire", répond Patrick Kron, ajoutant qu'Alstom « n'avait pas de projet d'acquisition stratégique sur le feu ».

Pas d'augmentation de capital

Hors de question en revanche pour trouver de l'argent frais de procéder à une augmentation de capital, "un sujet qui n'est pas sur la table parce que nous n'en avons pas besoin et parce que cela ne serait pas non plus favorable aux actionnaires (au regard de la valorisation du groupe, ndlr) a expliqué Patrick Kron. Ce dernier a balayé tout lien entre les cessions d'actifs et le flux de trésorerie libre négatif de 511 millions d'euros au premier semestre. "Nous maintenons une guidance de cash flow positif", a-t-il déclaré. Vendre une part d'Alstom Transport ne changera rien à la marge opérationnel du groupe".

"Nous ferons ce deal si cela est utile à Alstom et intelligent pour Alstom Transport", a réagi le Patrick Kron, à une question évoquant l'hypothèse d'une cession d'une part minoritaire d'Alstom Transport à son concurrent Siemens. "Ce serait idiot de leur part et de la nôtre" a-t-il dit en voyant mal un client devoir choisir entre un produit « 100% Siemens ou 20% Siemens ». Bref, tous ceux qui rêvent d'un Airbus du ferroviaire seront déçus. "J'ai toujours pensé que c'était une idée complètement sotte", a répondu Patrick Kron à un journaliste allemand qui évoquait le sujet. Plusieurs voix se sont, dans le passé, déclarées favorables à ce projet. Notamment celle de l'ancien secrétaire d'Etat des transports, Dominique Bussereau. "Il faut un Airbus du ferroviaire. Je plaide, à l'avenir, pour des rapprochements entre les sociétés et les constructeurs européens", avait-il déclaré lors d'un déplacement en Chine en septembre 2010. L'idée était regrouper les forces comme l'a fait Airbus et de mettre fin à la guerre sans merci que se livrent les européens à l'export, face aux concurrents chinois de plus en plus actifs.

En mars, le chef de l'Etat prônait des EADS dans d'autres secteurs

En mars dernier, lors de la signature à l'Elysée d'un énorme contrat entre Airbus et Lion Air (juste avant de rendre visite le jour même à Angela Merkel), François Hollande avait souhaité vouloir d'autres "EADS" dans d'autres secteurs économiques, sans préciser lesquels. "Notre ambition au plan européen, c'est non seulement de poursuivre la belle aventure d'EADS mais également de concevoir d'autres EADS pour d'autres secteurs économiques avec nos partenaires européens", avait-il dit. Depuis la création d'EADS en 2000, plusieurs projets du même type ont été maintes fois évoqués, comme un Airbus du naval ou des télécoms.

TGV du futur

Avec la commande de 40 rames TGV passée cet été par la SNCF, Alstom a de la visibilité pendant trois ans en termes de production. Après, le fameux TGV du futur, doit prendre le relais.A l'export, il y a des projets TGV aux Etats-Unis, en Russie, au Brésil et en Asie du sud-est mais aucun ne décantera d'ici à la fin de l'année. Concernant la grande vitesse, Alstom surveille de près les projets irakiens et turcs. En octobre, Alstom a enregistré en Afrique du sud, le contrat de son histoire : 600 trains passagers pour 4 milliards d'euros.