Ouf, Air France-KLM lâche Alitalia : pourquoi c'est une bonne chose

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  571  mots
Air France-KLM qui détient 25% du capital d'Alitalia devrait voir sa participation diluée à moins de 10%
Le groupe français a annoncé qu'il ne participerait pas à l'augmentation de capital de la compagnie italienne.

Air France-KLM passe son tour dans le dossier Alitalia. Actionnaire à hauteur de 25%, le groupe français a annoncé officiellement ce jeudi qu'il ne participera pas à l'augmentation de capital de 300 millions d'euros de la compagnie italienne décidée mi-octobre.

"Air France-KLM ne souscrira pas à l'augmentation de capital", a indiqué le groupe dans un communiqué. Les actionnaires actuels avaient jusqu'à minuit pour donner une réponse.

Celle-ci n'a pas été décalée au 27 novembre pour permettre à Air France-KLM de revenir sur sa décision, comme l'avaient indiqué certains articles de presse. "Il s'agit, une fois la date limite atteinte pour les actionnaires actuels, d'ouvrir une période complémentaire pour permettre à d'autres actionnaires de participer à la recapitalisation. Cela n'a rien à voir avec Air France-KLM", explique un proche du dossier.

Ce mercredi, les représentants du groupe tricolore au conseil d'administration d'Alitalia ont voté contre le plan de restructuration du transporteur transalpin, pourtant amélioré par rapport à sa version initiale. Mais, l'absence de restructuration de la dette (plus de 800 millions d'euros), ne permettra pas à Alitalia de revenir rapidement à la rentabilité, dit-on à Paris.

"En effet, même si le volet industriel du nouveau plan présenté par Alitalia va dans la bonne direction et reçoit le plein soutien d'Air France-KLM, les indispensables mesures de restructuration financière ne sont toujours pas réunies", explique Air France. Résultat, Air France-KLM va voir sa participation dans le capital d'Alitalia se diluer et passer en dessous de 10%. Fin octobre, le groupe a complètement déprécié sa participation, acquise en 2009 pour 323 millions d'euros.

Le bon choix

Air France-KLM fait le bon choix. Déjà mobilisé à redresser Air France, en difficulté, le groupe ne pouvait se mettre un nouveau boulet au pied. Même si les banques-actionnaires d'Alitalia avaient accepté de restructurer la dette; même si la direction d'Alitalia avait calé son plan industriel sur celui souhaité par Air France-KLM; même si ce dernier avait obtenu d'avoir un rôle plus actif dans la gestion opérationnelle, ce dossier comportait un énorme risque d'exécution.

En effet, difficile à imaginer qu'Air France-KLM ait pu avoir les mains libres, que les politiques italiens cessent de se mêler des affaires d'Alitalia. La moindre décision difficile prise par Air France-KLM aurait pu très vite se transformer en débat national. A cela s'ajoute l'environnement, non seulement conjoncturel qui est très difficile de l'autre côté des Alpes, mais surtout structurel dans lequel vit Alitalia.

Au regard de la puissance des compagnies à bas coûts comme Easyjet, et de la forte concurrence du train à grande vitesse sur le marché italien qui tire les prix de Trenitalia et de NTV à la baisse (en particulier sur l'axe phare Milan-Rome), il est difficile d'imaginer un avenir à la compagnie italienne sur les vols courte distance.

La partie est très également très compliquée sur le long-courrier, avec d'un côté le groupe Lufthansa, très puissant en Italie du nord, et de l'autre les compagnies du Golfe, notamment Emirates.

Marché compliqué

Cette concurrence s'inscrit dans une structure du marché également très complexe. En raison de l'éternel clivage entre le Nord et le Sud de l'Italie l'exploitation du marché italien est extrêmement compliqué pour une compagnie classique (organisé en réseau). Celui-ci s'organise en effet avec des flux de trafic affaires partants de Milan et des flux de trafic loisirs entrants par Rome.