Ryanair opère un virage à 180° pour rester dans la course face à Easyjet

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  637  mots
Ryanair a publié deux avertissements sur ses résutlats au cours des trois derniers mois
Jusqu'ici focalisée sur les petits aéroports, la compagnie irlandaise se positionne sur les principales plateformes de Bruxelles, de Rome et de Barcelone. Objectif : toucher la clientèle affaires, plus rémunératrice.

Faut-il y voir le début d'un virage à 180 degrés la stratégie de Ryanair, avant qu'il ne soit trop tard? Probablement. En annonçant la création d'une base à l'aéroport bruxellois de Zaventem, le plus important de Belgique, situé dans la proche périphérie de Bruxelles, la compagnie aérienne à bas coûts irlandaise, qui misait jusqu'ici sur l'aéroport secondaire de Charleroi, donne le signal à ce qui s'apparente bel et bien à une nouvelle stratégie : se recentrer sur les aéroports principaux, comme le font Easyjet et Vueling, afin de toucher une clientèle de plus haute contribution capable de payer plus cher son billet d'avion, les hommes d'affaires notamment. En effet, le modèle de ces deux compagnies est plus solide que celui de Ryanair. Notamment en termes de génération de recettes. Pour bien mesurer la démarche de Ryanair en Belgique, c'est comme si la compagnie irlandaise, aujourd'hui présente à Beauvais en Picardie pour desservir la capitale, venait s'installer à Roissy ou Orly.

Vueling en ligne de mire, notamment

Dès février 2014, les quatre avions de Ryanair à Zaventem desserviront 10 villes européennes (Barcelone, Alicante, Ibiza, Malaga, Palma de Majorque et Valence en Espagne, Rome et Venise en Italie, ainsi que Lisbonne et Porto au Portugal). Quelque 200 vols par semaine au total sont prévus dans le but de transporter 1,5 million de passagers supplémentaires par an. Selon Michael O'Leary, ces dix nouvelles lignes, visent une "clientèle d'affaires" et le trafic VFR (visit friends and family). Outre les compagnies traditionnelles comme Brussels Airlines ou Alitalia, Ryanair, s'attaque aux autres compagnies à bas coûts, notamment Vueling, qui vient d'annoncer l'extension de ses activités à Bruxelles, avec une dizaine de destinations proposées à partir de mai 2014, notamment Venise, Rome ou Barcelone que va également desservir Ryanair. Pour Easyjet, la concurrence devrait être moins rude puisque les destinations desservies depuis Bruxelles ne sont pas les mêmes que celles de Ryanair.

Mardi, Ryanair avait déjà annoncé son arrivée sur les aéroports de Rome Fiumicino et de Barcelone, alors qu'elle opérait jusqu'ici à Rome Ciampino et à Gérone, en Catalogne.

Main tendue à Alitalia

Alors que Ryanair misait jusqu'ici sur des bases régionales en dehors des grandes villes, comme Charleroi, dans le sud de la Belgique, elle opte donc à présent pour un "hub" important comme Bruxelles, après avoir déjà annoncé mardi qu'elle s'implantait à Fiumicino, principal aéroport de Rome. Une menace de taille pour Alitalia, déjà en difficulté qui s'ajoute à celle de Vueling, qui va ouvrir une vingaine de nouvelles lignes au départ de Fiumicino l'été prochain. En effet, Ryanair va baser, à partir du 18 décembre, six avions à Rome Fiumicino pour assurer neuf lignes domestiques italiennes. Le nombre d'avions devrait passer à 10 ou 12 en octobre 2014. Ryanair a même proposé une coopération commerciale à Alitalia qui l'a refusée.

Les aides financières seront moins faciles à obtenir

Après avoir modifié son approche clients, Ryanair s'attaque à la refonte de son réseau, jusqu'ici focalisé en grande partie sur les aéroports régionaux qui, délaissés par les grands opérateurs historiques, n'ont pas hésité à aider financièrement Ryanair pour maintenir une desserte aérienne dans leur territoire. La volonté de Bruxelles de durcir les conditions d'attribution de ces aides, mais aussi la contrainte budgétaire des collectivités territoriales, rend ce modèle plus instable.

Au regard de la taille du réseau et de la flotte de Ryanair (plus de 300 avions), la mutation prendra énormément de temps. D'autant que sur plusieurs plateformes, la place est déjà prise. En raison de la difficulté d'un grand nombre de compagnies, Ryanair peut néanmoins espérer compter sur des faillites ou des réductions de voilure pour obtenir des créneaux horaires.