Pourquoi les contrôleurs aériens menacent de faire grève

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  584  mots
Les contrôleurs aériens français doivent déposer ce mardi un préavis de grève du 27 au 31 janvier. Ils dénoncent le projet de Bruxelles de baisser les coûts de la navigation aérienne, alors que la France doit investir pour moderniser son système, en retard par rapport à celui des autres pays européens.

Risque de perturbations dans le ciel français. Le SNCTA, le premier syndicat français avec 42% des voix, doit déposer ce mardi un préavis de grève pour la période du 27 au 31 janvier prochain. Un mouvement pour s'opposer à la volonté de la Commission européenne de baisser les coûts des services de navigation aérienne. Les contrôleurs mettent la pression sur le gouvernement. Le 4 février, les Etats membres doivent en effet se rencontrer pour définir les objectifs du plan de performance 2014-2019, lequel doit fixer les taux de redevances du contrôle aérien payées par les compagnies aériennes. 

Baisse des coûts de 20%

« La Commission demande une baisse du montant des redevances de 20% entre 2014 et 2019. Nous ne pouvons absorber une baisse de nos recettes au moment où nous devons au contraire investir pour le renouvellement de tout notre système (calculateurs, écrans…) d'ici à 2020 », explique à La Tribune René Rousseau, secrétaire national du SNCTA, qui demande au contraire une hausse des redevances au cours de cette période de 8 à 10% pour permettre au contrôle aérien français de rattraper son retard par rapport à ses voisins. Aujourd'hui, la valeur du contrôle aérien représente environ 5% du prix d'un billet d'avion.

Nouveaux standards

«Nous sommes prêts à nous engager sur une réduction forte de nos coûts, mais à partir de 2019, lorsque nous aurons à notre disposition les nouveaux outils », précise René Rousseau, comme les nouveaux standards d'aides à la décision qui permettent aux contrôleurs d'être en lien direct avec le cockpit pour vérifier si la position de l'avion est correcte.

En France, les liaisons se font toujours par radio.

Le coût du contrôle aérien est plus cher ailleurs en Europe

En interne au sein de la DGAC, on tient le même discours. « Nous comprenons la demande des compagnies aériennes de baisse de nos redevances. Pour autant, il est vrai que sans investissements, le service sera dégradé. Est-cela que veulent les compagnies quand le trafic repartira ? », s'interroge un haut cadre de l'aviation civile. Et d'ajouter : « Nous risquons d'être obligés d'augmenter les redevances ». La redevance de route, l'une des deux redevances qui financent les services de la navigation aérienne (l'autre étant la redevance terminale pour les tours de contrôle), sont parmi les moins chères d'Europe. Elle s'élève à 65 euros, un niveau inférieur à la moyenne des pays membres du Fabec (six pays qui tentent d'avoir une gestion de l'espace aérien plus intégrée, la France, l'Allemagne, la Suisse et le Benelux), à 70 euros l'unité de traitement. L'Allemagne, par exemple, est notamment à 75 euros. Les pays hors Fabec, comme l'Espagne, l'Italie ou le Royaume-Uni ont aussi des coûts plus élevés à ceux de la France.

Pourquoi ? Il y a tout d'abord la taille de l'espace aérien français qui rend plus facile la possibilité de faire du rendement. En outre, aussi élevés soient-ils, les salaires des contrôleurs français (8.000 euros net par mois au top de la carrière) seraient inférieurs de 30% à ceux de leurs voisins. Enfin, des investissements ont été repoussés par rapport à de nombreux autres pays européens. 

En 2014, une dizaine de tours de contrôle doivent fermer en France en 2014 (Angers, Angoulême, Calais, Le Havre... .). Les services d'approche seront gérés par les agents des aéroports comme c'est déjà le cas sur un certain nombre de petites plateformes.