Sesar, un système qui fera gagner 419 milliards d'euros à l'Europe

L'harmonisation des systèmes de gestion du trafic en Europe permettrait d'absorber l'explosion du trafic aérien d'ici à 2030. La mise en place de Sesar pourrait créer 328.000 emplois, selon McKinsey.
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C'est un bénéfice de 419 milliards d'euros, selon une étude McKinsey, qui résulterait de la mise en oeuvre du programme Sesar (« Single european sky air traffic management research ») entre 2013 et 2030 pour les pays membres de l'Union européenne (UE). Soit un gain de 2 % de croissance économique ainsi que 328.000 emplois créés, dont 42.000 dans le secteur aérien entre 2013 et 2030. Le volet technique du projet « ciel unique européen », qui a pour objectif d'harmoniser les systèmes de gestion du trafic en Europe d'ici à 2025, doit permettre de résoudre plusieurs blocages qui pourraient freiner l'explosion du trafic aérien, estimée à 70 % d'ici à 2030. L'avalanche de commandes annoncées cette semaine au Salon du Bourget est le reflet de cette future croissance. Mais en Europe, l'engorgement de nombreux aéroports ne permet pas d'absorber cette croissance. En outre, dans leur livre blanc sur les transports en 2050, les Vingt-Sept se sont engagés à réduire d'ici là les émissions de CO2 du secteur de 60 %. Et au niveau mondial, la profession s'est engagée à stabiliser ses émissions entre 2005 et 2020 malgré la croissance du trafic, et à les diviser par deux entre 2005 et 2050.

Fragmentation

Il existe aujourd'hui autant de systèmes de gestion du trafic aérien que d'États européens, qui ne sont même pas opérables entre eux. Une fragmentation, qui allonge les routes aériennes, génère de nombreux retards et annulations et accroît les émissions de CO2. Ce qui coûte l'équivalent de 1 % du PIB. Avec un système unique ou au minimum des systèmes cohérents à l'horizon 2025, l'optimisation des routes aériennes permettrait d'absorber un triplement du trafic en Europe, d'améliorer la sécurité par un facteur 10 et de diminuer les émissions de CO2 de 10 %. Tout en divisant les coûts par deux.

Ce qui fait grincer quelques dents au sein de certains syndicats de contrôleurs aériens puisque ces derniers devront gérer chacun plus de vols qu'ils ne le font aujourd'hui. La phase 2008-2014, financée à parts égales par l'Union européenne et par l'industrie, est consacrée au test de nouveaux systèmes. Thales, qui détient 50 % du marché européen de la gestion de trafic, participe à 160 des 300 projets en cours et consacre à Sesar un budget de 130 millions d'euros. Il en attend aussi « une hausse de notre chiffre d'affaires sur ce marché de 30 % dans les 10 prochaines années », témoigne le patron de la division Air Systems de Thales, Jean-Loïc Galle.

Mais le déploiement, planifié de 2015 à 2025 pour un coût estimé à 30 milliards de dollars, est plus incertain. Plusieurs pistes de mécanismes de financement sont à l'étude pour inciter le secteur privé à participer et l'UE pourrait décider cet été de débloquer 3 milliards d'euros. Car tout retard serait préjudiciable. Selon McKinsey, un retard de dix ans amputerait les bénéfices de 268 milliards d'euros et créerait 189.000 emplois en moins. Mais 55 millions de tonnes de CO2 en plus.

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