SNCF : les astuces de Keolis contre la fraude dans les transports publics

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  476  mots
Le tramway de Bordeaux
La lutte contre la fraude constitue le thème majeur de l'année pour la filiale de la SNCF. Son coût s'élève à 70 millions d'euros. La direction utilise des méthodes originales.

Jean-Pierre Farandou, le président de Keolis, l'entreprise de transport urbain (bus, métro, tramways) détenue par la SNCF (70%) et la Caisse de dépôt et de placement du Quebec (30%), le clame haut et fort : la lutte contre la fraude constitue le "thème majeur" de l'année 2014. Et pour cause, son coût est estimé à 70 millions d'euros.

 

"Avec la crise, il y a une tendance naturelle à la fraude. Or, quand c'est difficile, il faut être solidaire. Il est normal de s'acquitter de ce que l'on demande pour un service public. Les billets ne sont pas si chers que cela", a-t-il indiqué ce jeudi lors de la présentation des résultats financiers 2013 faisant état d'un Ebitda de 280 millions d'euros en recul de 7 millions par rapport à 2012 pour un chiffre d'affaires dépassant pour la première fois les 5 milliards d'euros, en hausse de 2,2%. Le résultat net s'élève à 23 millions d'euros, contre 20 millions en 2012.

 

2,5 milliards de passagers

 

 Alors que le groupe transporte 2,5 milliards de passagers annuels, le taux de fraude est estimé à 10%. Mais le fraudeur est souvent occasionnel. "60% des gens fraudent au moins une fois dans l'année", précise Jean-Pierre Farandou. La fraude ne concerne pas seulement la France, qui représente plus de 50% du chiffre d'affaires de Keolis, mais aussi les transports à l'étranger notamment au Royaume-Uni, en Suède et en Australie.

 

Pour lutter contre la fraude, la philosophie de Keolis est plus commerciale que répressive, même si la peur du gendarme est toujours présente. Exemple, plutôt que de donner une amende aux fraudeurs, les agents préfèrent préconiser un abonnement de quelques mois.

 

 Dissuasion

 

Avant d'en arriver là, Keolis cherche plutôt à dissuader le client de frauder. "Il faut déstabiliser le fraudeur", explique-t-on. A Lyon et Bordeaux, dans les tramways (le mode de transport où, avec les métros sans portillons, il est difficile de contrôler les passagers en raison de la longueur des rames et du grand nombre de portes), Keolis a testé "l'effet radar", en annonçant les contrôles en amont. Une mesure qui pousse les fraudeurs à valider leur titre de transport.

 

Keolis utilise aussi des contrôleurs en civil et fait appel également à la vidéo dans certains métros, comme à Lyon pour lutter notamment, contre ceux qui passent à deux aux portillons.

 

Le buggage des applications mobiles indiquant le lieu des contrôles constitue également une arme. "Au lieu de donner les stations où se trouvent des contrôleurs, elles indiquent des contrôleurs partout", explique t-on chez Keolis. C'est un succès à Bordeaux et Lyon selon Keolis. Mais aussi à Melbourne, un modèle de réduction de la fraude. Son taux est passé de 21% à 8%.

 

Dans les bus, c'est la montée à l'avant qui est en vigueur.

 

Des méthodes suivies de près par la SNCF.