TER : le président de la SNCF appelé à démissionner

Par latribune.fr  |   |  822  mots
"Comment des décisions aussi décalées, aussi éloignées du terrain peuvent être prises. Il faudrait que les gens sortent de leur bureaux", s'est exclamée Ségolène Royal. (Photo : Reuters)
La SNCF a commandé près de 2.000 rames pour ses nouveaux TER mais ces dernières sont trop grandes pour les quais de près de 1.300 gares. Une situation qui agace les responsables politiques de gauche comme de droite.

Le président de la SNCF Guillaume Pepy "doit démissionner", après l'affaire des TER trop larges qui vont nécessiter 50 millions d'euros de travaux  dans quelque 1.300 gares. C'est ce que préconise la rapporteure générale du Budget à l'Assemblée, Valérie Rabault (PS).

"Je pense qu'il doit démissionner. 50 millions d'euros, c'est beaucoup d'argent et on est la risée de la presse internationale", a-t-elle déclaré.

la députée du Tarn-et-Garonne, qui est diplômée des Ponts-et-Chaussées, estime:

"A la SNCF, il faut revenir à une culture d'ingénieur plus poussée comme l'avaient d'anciens dirigeants".

Valérie Rabault est la première personnalité de la majorité à réclamer ouvertement la démission de Guillaume Pepy.

Le gouvernement exige une enquête interne

Le gouvernement, de son côté, a demandé mercredi à la SNCF et Réseau ferré de France (RFF) une enquête interne. Au micro de France Inter, le secrétaire d'État aux Transports, Frédéric Cuvillier, a annoncé:

"J'ai demandé à Jacques Rapoport (président de RFF) et Guillaume Pepy (président de la SNCF) par courrier qu'il y ait une enquête interne".

Le ministre souhaite ainsi pouvoir "identifier la façon dont les choses sont décidées".

Frédéric Cuvillier a jugé "rocambolesque" le fait de "s'apercevoir que les informations transmises par RFF et la SNCF au moment de la commande ne sont pas suffisamment fiables". Une situation issue, selon lui, de la séparation, depuis 1997, de la SNCF, qui gère le matériel et les gares et fait rouler les trains, et RFF, qui gère l'infrastructure ferroviaire et les quais.

L'affaire intervient un mois avant l'examen à l'Assemblée Nationale du projet de loi sur la réforme ferroviaire. Celui-ci prévoit que SNCF et RFF restent deux groupes publics indépendants, qui verraient leurs périmètres respectifs évoluer, mais soient coiffées par une entité de tête.

"Une décision stupide" pour Ségolène Royal

Interrogée à la sortie du Conseil des ministres, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a jugé de son côté "consternante"  l'affaire et demandé que "toute la clarté" soit faite "sur les raisons pour lesquelles des décisions aussi stupides ont été prises".

Plus tôt dans la journée, le premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis a estimé sur i<Télé que la "responsabilité des dirigeants" de la SNCF et de RFF est "engagée" dans cette affaire "hallucinante" .

"L'État devra lui aussi prendre ses responsabilités et en tirer toutes les conclusions. Les choses devraient être simples: quand il y a une telle erreur qui coûte tellement d'argent, on en tire les conséquences."

La présidente du Front national, Marine Le Pen, souhaite également obtenir des clarifications, demandant à ce "qu'une enquête soit diligentée au plus vite par l'État, tutelle de la SNCF et de RFF (Réseau ferré de France), pour établir les responsabilités de cette faute grave".

Pas une "boulette" pour RFF

Interrogé sur Europe 1, Jacques Rapoport, président de RFF a pourtant rejeté l'idée même de "boulette", assurant que les travaux nécessaires sont tout à fait normaux. 

"Nous devons veiller à rendre nos trains accessibles aux personnes à mobilité réduite et donc faire que nos trains arrivent juste au niveau des quais. Nos quais ont 150 ans d'âge. Ces trains sont des trains neufs. A chaque fois que nous introduisons un nouveau matériel roulant, nous devons modifier les infrastructures."

Il a toutefois reconnu "avoir découvert le sujet un peu tardivement" à cause de "la séparation entre RFF et SNCF" en place depuis 17 ans,

Aucun impact sur les contribuables 

Et si Marine Le Pen proteste contre un "insupportable gaspillage d'argent public"  alors que "les prix des billets de train augmentent sans interruption depuis des années", Jacques Rapoport a néanmoins assuré que celui-ci ne sera pas impacté: 

"Il n'y aura aucun impact, et je m'en porte totalement garant, aucun impact sur le prix du billet. [...] Ni sur les voyageurs, ni sur les prix du billet, ni sur les contribuables."

Des travaux jusqu'en 2016

Le président socialiste de l'Association des régions de France, Alain Rousset, a expliqué mardi que les régions ne serviront pas de "pigeons" et qu'il était hors de question qu'elles payent pour ces réparations. 

"Nous refusons de verser un seul centime sur cette réparation."

Pour Jacques Rapoport,  les régions, qui "financent massivement le système ferroviaire", "paieront dans le cadre normal" les travaux qui s'étaleront jusqu'en 2016 et représentent "1% (du coût annuel) du matériel roulant". Il a  rappelé à ce propos que RFF dépense chaque année 8 milliards d'euros "pour assurer le bon fonctionnement du réseau", dont 4 milliards pour la maintenance, la modernisation et le développement du réseau.

 

(Article mis à jour à 15h).