Air France, les pilotes du SNPL coupent les ponts avec la direction et menacent de faire grève

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  651  mots
Accusant la direction de ne pas respecter les accords de répartition d'activité entre Air France et KLM, le SNPL met fin à la contractualisation avec la direction. Le SNPL n’appliquera pas les dernières mesures du Plan Transform 2015 qui s’achève fin décembre, refuse, de facto, le contrat de compétitivité d’Alexandre de Juniac pour le prochain plan stratégique et n’exclut pas un mouvement de grève très prochainement.

La tension monte au SNPL. Alors qu'Alexandre de Juniac, le PDG d'Air France-KLM, compte demander aux salariés de nouveaux gains de productivité pour le prochain plan stratégique du groupe en échange d'un plan de croissance,  le SNPL, majoritaire au sein des pilotes, a décidé de couper les ponts avec la direction. A l'issue de son conseil tenu le 15 mai, le syndicat a adopté une motion qui met fin à la contractualisation avec la direction et exige le respect des engagements pris.

Compétitivité contre croissance

Autrement dit, le SNPL ne veut plus s'inscrire dans le  cadre d'accords d'entreprise et sort donc du champ de la négociation. Sa direction n'appliquera pas les dernières mesures du Plan Transform 2015 qui s'achève fin décembre, et refuse le contrat de compétitivité d'Alexandre de Juniac pour le prochain plan stratégique et n'exclut pas un mouvement de grève très prochainement. En outre, plusieurs pilotes interrogés individuellement évoquent la possibilité de ne plus respecter la politique carburant qui par le biais de mesures appliquées les pilotes (optimisation de l'emport de carburant...), a généré plus de 100 millions d'euros d'économies par an dont; 67 millions imputables aux pilotes selon eux.

"Nous ne sommes pas en phase avec la direction. Nous sommes assez énervés même. Nous arrêtons la contractualisation car les accords actuels ne sont pas respectés", déclare à La Tribune, Jean-Louis Barber, le président du SNPL.

Un discours très dur alors que l'accord de périmètre concernant Transavia devra être renégocié si la direction veut développer sa filiale low-cost.

Selon le SNPL, le fond du différend concerne les engagements sur le partage de l'activité entre Air France et KLM que la direction ne respecterait pas. Signé en 2012, cet accord, qui concerne le long-courrier, garantit à Air France 61,2% de l'activité long-courrier d'Air France-KLM contre 38,8% pour KLM, avec une marge de 1%.

Paix sociale

"Dans le cadre du plan Transform, nous sommes sortis des bandes passantes et les projections montrent que l'écart va se creuser. La croissance long-courrier d'Air France-KLM sera supérieure à Amsterdam (+2 à +3%) qu'à Paris (environ +1%). C'est inacceptable. Si on ne respecte pas un accord signé, on prend le risque de casser la paix sociale", tempête Jean-Louis Barber.

Et d'ajouter : "dire que nous sommes plus chers que nos collègues de KLM est faux. Les études réalisées par la direction avant Transform le prouvent. Air France-KLM choisit Amsterdam parce que son hub est plus efficace que celui de Roissy. Si nous n'avons pas de réponse, une grève est fortement probable".

Bases de province

A cela s'ajoute une divergence sur l'activité moyen-courrier au départ des bases de province de Marseille, Toulouse, et Nice. "La direction s'apprête à couper le réseau européen au départ de ces bases. Plutôt que de donner ces lignes aux compagnies low-cost, on devrait trouver une solution. Personne n'est dupe, ce n'est pas en pilotant la finance à court terme qu'Air France se redressera".

La copie n'est pas remplie

Par ailleurs, les économies générées par la contribution des pilotes au `plan Transform ne seraient pas au niveau espéré par la direction. "En ne respectant pas les accords dans les bases province et sur le long-courrier, les économies sont déjà dans la poche de la compagnie, sans compter l'investissement quotidien des pilotes dans le plan carburant de la compagnie", répond Jean-Louis Barber.

Le SNPL a pris une claque 

Le durcissement de la position du SNPL était prévisible après la claque reçue par la perte du poste d'administrateur représentant les pilotes au conseil d'administration d'Air France au profit du SPAF, un syndicat hostile au plan Transform, lequel a été signé par le SNPL. Ceci à moins d'un an des élections professionnelles en mars 2015.

 Interrogé, Air France n'a pas fait de commentaires.