12 ans après Air Lib, Lufthansa lance le long-courrier à 99 euros

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  583  mots
Eurowings, la filiale low-cost de Lufthansa, exploitera fin octobre des vols long-courriers à partir de 99,99 euros l'aller simple vers Dubaï, la Thaïlande et des destinations dans les Caraïbes.

Douze ans après les fameux vols vers les Antilles à 99 euros l'aller simple lancés, dans un geste désespéré, par la compagnie française Air Lib peu avant sa liquidation début 2003, Lufthansa a lancé à son tour ce mercredi la commercialisation de vols long-courriers à 99,99 euros l'aller simple. C'est en effet le prix d'appel d'Eurowings, l'entité low-cost de Lufthansa qui va tenter l'expérience des vols long-courrier à bas prix qui débutera son activité le 25 octobre au départ de Cologne en Allemagne.

Sept avions en 2017

Avec deux A330-200 équipés d'une classe économique et d'une classe affaires, la compagnie desservira Dubaï, Pukhet et Bangkok, en Thaïlande, Punta Cana en République Dominicaine, Varadero (Cuba) et Bridgetown à la Barbade. D'autres destinations suivront au fur et à mesure de l'arrivée d'ici à 2017 des cinq autres A330 prévus dans un premier temps. En cas de succès, la flotte sera augmentée, a ajouté Karl Ulrich Garnadt, qui n'exclut pas d'opérer des vols sur le réseau traditionnel dans le futur.

Sur des liaisons entre l'Europe et l'Asie, de tels prix sur des vols directs peuvent concurrencer les services en correspondance des compagnies du Golfe.

Des coûts 40% inférieurs à ceux de Lufthansa

Les navigants viendront de Sun Express, une compagnie charter codétenue par Lufthansa et Turkish Airlines. Selon Karl Ulrich Garnad, les coûts d'exploitation d'Eurowings seront inférieurs d'environ 40% à ceux de Lufthansa, ce qui devrait lui permettre de dégager un bénéfice d'ici 12 à 24 mois. La structure tarifaire n'est autre qu'une duplication sur le long-courrier de celle de Germanwings sur le court et moyen-courrier (qui passera sous la bannière Eurowings en octobre), laquelle propose trois types tarifs dont la cherté est liée aux types de prestations qui accompagnent le billet. Avec le billet le moins cher, les passagers auront droit à un seul bagage et un espace pour les jambes de 30 pouces, et il leur faudra régler un supplément pour les repas.

"Les marchés ont considérablement changé au cours des dernières années, nous observons davantage de pression concurrentielle", a déclaré Karl Ulrich Garnadt, chef de la division passagers de Lufthansa, au Salon international du tourisme ITB à Berlin. "Eurowings est l'un des moyens par lesquels Lufthansa veut assurer sa croissance à l'avenir", a-t-il dit.

Air France-KLM n'y croit pas

Lufthansa est donc la première Major européenne à tenter l'aventure du low-cost long-courrier, vouée à l'échec selon de nombreux observateurs de compagnies aériennes en raison de l'impossibilité de reproduire à l'identique les recettes du low-cost moyen-courrier. Alexandre de Juniac, le PDG d'Air France-KLM a plusieurs fois fait état de son scepticisme à l'égard d'un tel modèle.

 Pour autant, le phénomène se développe depuis plusieurs années en Asie où de nombreuses compagnies ont franchi le Rubicon, comme Scoot, filiale de Singapore Arlines, Jetstar, filiale de Qantas, et bien sûr Air Asia X, filiale d'Air Asia. En Europe, Norwegian assure des vols vers les Etats-Unis et cherche aussi à créer une filiale dans l'union européenne pour ouvrir des routes transatlantiques vers les Etats-Unis . Mais Washington bloque le projet en raison du modèle social très controversé de cette compagnie. Le PDG de Ryanair, Michael O'Leary, a lui aussi maintes fois déclaré qu'il comptait ouvrir des vols transatlantiques à bas coûts. Les performances économiques des nouveaux appareils comme le B787, l'A350 et l'A330 Neo, ne peuvent que faciliter l'émergence d'un tel modèle.