Ce que la SNCF prévoit de perdre face aux autocars

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  497  mots
Selon une première estimation réalisée en interne à la SNCF, la concurrence des autocars prévue dans le projet de loi Macron entraînerait une perte de chiffre d'affaires de 200 millions d'euros pour la SNCF, dont 150 millions pour le TGV et 50 millions pour les trains intercités.

La facture de la concurrence des autocars prévue dans le projet de loi Macron s'annonce salée pour la SNCF. Selon nos informations, une première estimation de l'impact, réalisée il y a peu en interne à la SNCF évalue à 200 millions d'euros la perte de chiffre d'affaires (sur une base annuelle) pour l'entreprise ferroviaire, dont 150 millions d'euros pour le TGV et 50 millions pour les trains intercités. L'impact sur les TER n'était pas encore évalué. Interrogé, la SNCF n'a pas fait de commentaires

Ruée des autocars sur les routes françaises cet été

Aujourd'hui débattue au Sénat, le projet de loi devrait entraîner l'ouverture d'une centaine de nouvelles lignes par autocar dès son entrée en vigueur, probablement en juillet. Les grandes lignes radiales reliant Paris à de grandes métropoles régionales mais aussi les liaisons transversales entre grandes villes régionales sont en effet la cible des opérateurs de bus.
La SNCF estime en effet qu'en raison de la distance minimale fixée par le projet de loi pour pouvoir ouvrir librement une ligne autocar (100 kilomètres pour l'instant, mais un amendement pour relever ce seuil devrait être débattu au Sénat) l'offre de transport en autocar concurrencera 75% des lignes intercités. En Allemagne, où ce seuil a été fixé à 50 kilomètres, la libéralisation des services en autocar a davantage impacté le trafic de deuxième des ICE de la Deutsche Bahn que les trains régionaux. La perte de chiffre d'affaires pour le géant allemand s'est élevée à 120 millions d'euros.

TGV et Intercités mal en point

Concurrencée par le covoiturage et par les compagnies aériennes (Hop Air France se prépare à lancer une nouvelle tarification agressive), la SNCF se serait bien passée de cette nouvelle concurrence pour les TGV et les trains intercités. Pour le TGV, cette nouvelle donne intervient alors que la marge opérationnelle se réduit comme peau de chagrin au fur et à mesure que les péages augmentent. Ces derniers vont encore progresser de 800 millions d'euros entre 2014 et 2020, après une hausse de 800 millions au cours des six dernières années.

Pour Intercités, dont toutes les lignes, à part Paris-Toulouse et Caen-Cherbourg qui tutoient l'équilibre, sont dans le rouge, la perte d'une cinquantaine de millions d'euros de chiffre d'affaires correspondrait à plus de 7% des recettes commerciales. Pour anticiper l'arrivée de la concurrence, SNCF a lancé une grille tarifaire très agressive et innovante avec l'ouverture de tarifs réduits de 50% entre J-5 et J-2 avant le départ.

Création de gares routières pour la Gares & Connexions?

La concurrence autocar fait également cogiter Gares & Connexions, la branche de la SNCF qui porte les projets d'investissement des gares avec les collectivités locales. Selon nos informations, la possibilité de créer des zones d'accueil des bus dans les gares, voire la création de gares routières est à l'étude.