2017 sera l'année de tous les records pour Air France-KLM. Mais...

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  603  mots
Si Air France-KLM est pénalisé par le poids de la taxation spécifique qui touche sa plus grosse filiale, Air France, la faiblesse des mesures internes à la compagnie française pèse toujours sur le groupe.
Le groupe français a dégagé un trafic record en 2017. Il pourrait également annoncer en février des résultats financiers record. Pour autant, la très bonne année d'Air France-KLM est davantage le fruit d'une conjoncture exceptionnelle, avec une demande dynamique et un prix du baril relativement bas, que celui de mesures d'amélioration de la performance. Et les concurrents européens avancent plus vite.

2017 restera une année paradoxale pour Air France-KLM. C'est tout d'abord une année exceptionnelle à bien des égards. En termes de trafic, notamment, puisque le groupe a annoncé ce mardi avoir transporté l'an dernier le nombre record de 99 millions de passagers, en hausse de 5,6%, mais aussi, probablement en termes de résultats financiers. Ces derniers seront annoncés en février et ils devraient faire état (sauf provisions) d'un résultat d'exploitation proche de 1,5 milliard d'euros, légèrement supérieur au 1,405 milliard engrangé à l'issue de l'exercice 2007-2008.

Une année en trompe-l'oeil?

Pour autant, 2017 apparaît un peu comme une année en trompe-l'œil pour Air France-KLM. La très bonne année d'Air France-KLM est en effet davantage le fruit d'une conjoncture exceptionnelle, avec une demande dynamique et un prix du baril relativement bas, que celui de mesures d'amélioration de la performance, en particulier chez Air France. Les décisions prises en ce sens n'ont été mises en place qu'en décembre (lancement de Joon). Surtout, si elles ont le mérite de remettre le groupe en mouvement, il n'est pas sûr qu'elles correspondent aux mesures structurelles qui permettraient au groupe de maintenir la tête hors de l'eau en cas de retournement de l'environnement. Si un tel scenario devait hélas se produire, l'année 2017, aussi exceptionnelle soit-elle, correspondrait aussi à celle où, de manière collective, la compagnie n'a pas su trouver les moyens de se préparer aux coups durs de demain.

Les concurrents gagnent plus d'argent

Par ailleurs, les résultats d'Air France-KLM doivent être relativisés par rapport à ceux des autres grands groupes européens comme Lufthansa (qui compte aussi Eurowings, Brussels Airlines, Austrian Airlines et Swiss) et IAG (British Airways, Iberia, Aer Lingus, Vueling). Selon les analystes, Lufthansa devrait dégager un bénéfice d'exploitation de 2,6 milliards d'euros. IAG table de son côté sur un bénéfice annuel de l'ordre de 3 milliards d'euros. Ces différences s'expliquent essentiellement par les différences de structures de coûts. Si Air France-KLM est pénalisé par le poids de la taxation spécifique qui touche sa plus grosse filiale, Air France, la faiblesse des mesures internes à la compagnie française pèse toujours sur le groupe.

Croissance externe pour Lufthansa

Dans le même temps, si IAG affiche une croissance de trafic inférieure d'Air France-KLM (+4,1%), Lufthansa, qui communiquera ses chiffres ce mercredi, croît beaucoup plus vite qu'Air France-KLM en raison d'une croissance organique plus dynamique (liée à une croissance de l'offre supérieure), et d'une active politique d'acquisitions que ne mène pas Air France-KLM, à l'exception d'une prise de participation minoritaire (31%) dans Virgin Atlantic.

En reprenant une grande partie des actifs d'Air Berlin (et cela, bien avant la faillite de cette dernière), Lufthansa a fortement augmenté son trafic. En novembre dernier, par exemple, le trafic du groupe allemand avait bondi de plus de 30%.

Le schéma est le même chez les deux grands concurrents low-cost. Ryanair et Easyjet ont affiché une croissance du trafic supérieure à celle d'Air France-KLM (+10% pour la première, +9,6% pour la seconde). Pour autant, fait-on valoir au sein du groupe français, la croissance de Transavia (+11,2%), l'activité low-cost d'Air France-KLM, est supérieure à celle de Ryanair et d'Easyjet.

 L'an prochain, Easyjet bénéficiera, elle aussi, de la reprise d'une partie des actifs d'Air Berlin. Lufthansa également, qui pourra peut-être compter sur Alitalia si elle parvient à mettre la main dessus. Enfin, IAG pourra lui aussi compter sur les 15 appareils supplémentaires acquis dans le cadre de la reprise de la compagnie autrichienne Niki.