35 milliards de dollars : la facture colossale des billets d'avions à rembourser d'ici à juin (IATA)

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  629  mots
(Crédits : Reuters)
Selon l'association internationale du transport aérien (IATA), le montant des billets d'avions pour des vols à effectuer au cours des trois prochains mois (et qui ne seront pas utilisés en raison de l'annulation de la quasi-totalité de l'activité des compagnies aériennes) s'élève à 35 milliards de dollars. Pour préserver leur cash, les compagnies proposent des reports de vol ou des "avoirs" à la place des remboursements.

Trente-cinq milliards de dollars ! C'est, selon l'association internationale du transport aérien (IATA), le montant des billets d'avions pour des vols à effectuer au cours des trois prochains mois qui ne seront pas utilisés en raison de l'annulation de la quasi-totalité de l'activité des compagnies aériennes obligées de clouer au sol leur flotte d'avions en raison de la propagation du Covid-19. Trente-cinq milliards de dollars de billets d'avions que les passagers pourraient, sur le papier, se voir rembourser mais qui se verront proposer une alternative.

Car, pour préserver leur cash, la plupart des compagnies aériennes n'ont pas les moyens de rembourser immédiatement leurs clients et leur proposent soit de reporter leur vol (avec changement de destination possible), soit un "avoir" du montant du billet valable un an, soit enfin un remboursement au bout d'un an. C'est le cas par exemple d'Air France, Lufthansa.

"Nous sommes conscients des inconvénients que cela peut représenter pour les passagers, mais c'est une question de survie pour les compagnies aériennes qui ont un énorme problème de cash devant elles", a déclaré Alexandre de Juniac, le directeur général de l'IATA, lors d'une conférence de presse téléphonique.

En effet, l'arrêt de la quasi-totalité des vols met la trésorerie des transporteurs sous tension, en raison de l'absence de recettes d'un côté et du maintien de l'autre d'un certain nombre de dépenses, même si celles-ci ont été fortement allégées par les mesures prises par les différents gouvernements, comme en France avec les reports des cotisations sociales, des loyers et la prise en charge par l'Etat du chômage partiel.

Perte nette de 39 milliards de dollars en trois mois

Selon IATA, les compagnies aériennes vont brûler 61 milliards de dollars de cash au deuxième trimestre et enregistrer une perte nette de 39 milliards de dollars. Soit 433 millions de dollars par jour en moyenne.

Des négociations avec les Etats sont en cours pour valider ces pratiques commerciales. Le Canada, le Brésil, les Pays-Bas, ou la Colombie, par exemple, les ont acceptées.

L'équation est compliquée en Europe où la règlementation favorable aux passagers a été récemment confirmée. En effet, le 18 mars, la Commission européenne a indiqué que les passagers dont les trajets ont été annulés pouvaient choisir entre le remboursement du prix du billet ou être acheminés vers leur destination finale à une date ultérieure. Dix milliards de dollars de billets sont concernés au cours des trois prochains mois. Les compagnies demandant d'avoir un assouplissement du Règlement européen sur les droits des passagers, comme certains pays l'ont accordé aux tour-opérateurs dans le cadre des voyages à forfait. C'est le cas de la France, où le gouvernement les a autorisées à proposer des "avoirs" à la place des remboursements.

Les agences de voyage françaises tirent la sonnette d'alarme. Leur syndicat, "Les Entreprises du Voyage", soutient la demande de dérogation aux règles européennes demandée par les compagnies aériennes. A condition, explique à La Tribune son président Jean-Pierre Mas, que soit mis en place un fonds de garantie pour les passagers permettant de rembourser les billets d'avions en cas de faillite des compagnies aériennes. Histoire de ne pas léser le consommateur comme ce fut le cas après les faillites d'Aigle Azur et XL Airways.

Pour l'instant, les Entreprises du Voyage ont demandé de pouvoir placer les sommes des billets à rembourser sur un compte séquestre, plutôt que de devoir "restituer" aux compagnies les sommes correspondant à ces billets.

Si la majorité des compagnies européennes ne prévoient pas de rembourser, certaines comme Ryanair ou Vueling le proposent.