Aéroports : à Roissy comme à Orly, des difficultés « énormes » à recruter les 4.000 postes manquants

Par latribune.fr  |   |  574  mots
En octobre 2020, au plus fort de la crise du transport aérien, Augustin de Romanet Pdg d'ADP lors de l'ouverture de l'événement Paris Infra Week 2020 qui se tenait à Bercy sous l'égide du ministère de l'Économie. (Crédits : Reuters)
En 2020, l'activité dans le secteur aérien plongeait de 75%. Quel contraste avec aujourd'hui quand, sur les trois premiers mois de l'année 2022, le trafic sur les deux aéroports parisiens affiche une hausse de 211,8%, à 14,6 millions de passagers.

Plus que la reprise, c'est la surchauffe dans les aéroports parisiens. Alors que le Groupe ADP dévoilait mercredi dernier un chiffre d'affaire en croissance de... 78,9% au premier trimestre 2022, à 848 millions d'euros, les recrutements peinent à suivre, c'est presque un euphémisme. En effet, les plateformes aéroportuaires d'Orly et de Roissy-Charles-de Gaulle font face à d'« énormes » difficultés de recrutement, selon les propos du PDG du Groupe ADP Augustin de Romanet qui s'exprimait le lendemain de la publication de ces faramineux résultats sur BFM Business.

Et si ADP exploite pas moins de 29 aéroports dans le monde entier, c'est sur ses deux plateformes parisiennes que ça chauffe: le trafic y a en effet affiché une hausse de 211,8% sur les trois premiers mois de l'année, à 14,6 millions de passagers.

« Ce qui nous préoccupe, c'est la bonne expérience du passager et notamment dans les postes d'inspection filtrage (contrôle de sécurité, Ndlr). Et aujourd'hui, les entreprises ont beaucoup de mal à recruter », dans ce secteur, a indiqué M. de Romanet.

Il a confié avoir identifié 4.000 postes à pourvoir dans les aéroports d'Orly et Charles-de-Gaulle. Des postes qui viennent s'ajouter aux 600 recrutements déjà en cours chez ADP « dont 400 à Charles-de Gaulle ».

Le patron du groupe aéroportuaire a listé les secteurs où il manquait du personnel, notamment:

« Nous cherchons des techniciens de maintenance, des ingénieurs », a-t-il détaillé.

Mais il reste aussi nombre de postes à pourvoir dans les métiers de sûreté ainsi que dans les commerces, le duty-free, la restauration ou encore les bars.

« Plusieurs centaines de postes aujourd'hui ne trouvent pas preneur », s'est-il inquiété.

Les 1.150 départs de 2020, quand la pandémie frappait l'aérien de plein fouet

Quel contraste avec la période 2020-2021, quand le groupe opérait des coupes claires dans ses effectifs. Faut-il le rappeler, en 2020, le transport aérien était frappé de plein fouet par la pandémie de Covid-19 qui s'abattait sur le monde (fin octobre 2020, le trafic des aéroports parisiens affichait un plongeon de... 75%). Et les perspectives étaient sombres, le groupe tablant sur un trafic en baisse de 45 à 55% par rapport à 2019...

De fait, au vu de la situation, un accord de rupture conventionnelle collective était conclu avec 1.150 départs à la clef, et un "plan de sauvegarde de l'emploi" qui avait vu environ 160 salariés quitter le groupe.

Lire aussi 2 mnADP : accord avec les syndicats sur un plan de départs de 1.150 volontaires

Interrogé sur cet épisode, Augustin de Romanet n'exprimait aucun regret, d'autant que l'accord avait été signé à l'unanimité par la direction avec les syndicats, tout en rappelant qu'en « mars 2020, on pouvait se demander si on allait pouvoir payer les salaires de décembre car nous n'avions plus un euro de chiffre d'affaires ». Jeudi, le patron d'ADP préférait s'intéresser à la situation présente:

« Nous sommes très attentifs à recruter des personnes qui vont être nécessaires pour gérer des flux qui vont revenir très très vite », a-t-il insisté

Recruter avant l'été, pas facile quand "les gens qualifiés ont le choix"

Côté syndicats, et notamment à la CGT, on s'inquiète d'un manque d'effectif criant cet été alors que la reprise du trafic s'annonce vigoureuse.

« On n'avait pas anticipé non plus la reprise économique dynamique avec beaucoup d'offres d'emploi, où les gens qualifiés ont le choix", ce qui complique les recrutements, a indiqué le secrétaire général de la CGT Daniel Bertone.