Air France : la direction prête à relancer les négociations après les échauffourées

Par latribune.fr  |   |  940  mots
Xavier Broseta "a manqué de se faire lyncher" et a dû quitter la salle en "escaladant des barrières pour se sauver", selon un délégué CGT.
VIDEO. Un vigile a été hospitalisé dans un état grave et l'on dénombre 6 autres blessés, ce lundi, après que des centaines de manifestants ont envahi la salle où se réunissait, ce matin, le comité central d'entreprise de la compagnie aérienne, qui a confirmé la possible suppression de 2.900 postes.

Article publié le 05 octobre à 13:30, réactualisé à 15:00, 17:10, et 18:31.

Les images sont à peine croyables. Visages apeurés, costumes déchirés. Des dirigeants qui tentent de fuir en escaladant des barrières... Alors que le comité central d'entreprise présentait son plan de restructuration -Perform 2020- ce lundi matin, le directeur des ressources humaines Xavier Broseta et le responsable de l'activité long-courrier, Pierre Plisonnier, ont été pris à partie par des manifestants.

Un DRH évite le lynchage de justesse

Xavier Broseta "a manqué de se faire lyncher" et a dû quitter la salle en "escaladant des barrières pour se sauver", selon un délégué CGT présent. D'après lui, "pas loin de 1.000 personnes ont envahi le CCE" avant son interruption, certains ayant "arraché la chemise" du DRH qui a fini "torse nu". Le comité central d'entreprise d'Air France, qui devait initialement reprendre en début d'après-midi a été annulé.

Selon un porte-parole de la compagnie, les violences ont fait sept blessés dont un grave. Il s'agit d'un vigile qui a été hospitalisé. Deux autres vigiles, dont l'un a été dans le coma mais en est sorti, figurent aussi parmi les blessés, toujours selon ce porte-parole. Les cinq autres blessés sont tous des salariés d'Air France, dont le DRH Xavier Broseta, Pierre Plissonnier, responsable de l'activité long courrier à Air France, et trois autres membres de la direction, a-t-il précisé.

Plainte pour "violences aggravées"

La direction d'Air France a "condamné fermement les violences physiques" qui ont eu lieu lundi 5 octobre lors d'un comité central d'entreprise, interrompu par l'intrusion de salariés.

"Une plainte sera déposée pour violences aggravées", a indiqué la direction dans un communiqué transmis à l'AFP, dénonçant "le fait d'individus isolés particulièrement violents, alors même que la manifestation des personnels grévistes se déroulaient jusqu'alors dans le calme".

Entre 1000 et 1.500 salariés, selon une source aéroportuaire, s'étaient rassemblés dans la matinée devant le siège de la compagnie à Roissy pour protester contre un plan de restructuration qui menace 2.900 postes. Trois syndicats représentatifs (CGT, FO, Unsa Aérien) avaient lancé un appel à la grève pour permettre au personnel de manifester.

Vers une reprise des négociations ?

Après ces incidents, Alexandre de Juniac, le PDG d'Air France a assuré dans un communiqué publié ce lundi après-midi être "disponible à tout moment pour reprendre les négociations avec ses syndicats".

"Nous restons déterminés à mettre en œuvre les adaptations indispensables pour assurer la pérennité d'Air France et lui permettre de financer son développement", a-t-il ajouté en insistant sur le fait que "le redressement de la compagnie ne pourra s'accomplir que grâce à la mobilisation de tous ses personnels".

Le gouvernement condamne ces violences

Ces violences sont également condamnées par la classe politique. Notamment par Emmanuel Macron qui a déclaré sur Twitter "apporter un soutien total aux personnes agressées", tout en condamnant "ceux qui ont mené ces violences" :

Dans la foulée, Manuel Valls en déplacement au Japon n'a pas tardé à réagir. Le Premier ministre s'est dit "scandalisé" par les violences physiques en marge du comité central d'entreprise (CCE) d'Air France et a apporté "tout son soutien" à la direction du groupe.

Alain Vidalies, le secrétaire d'Etat aux transports, a également fait part de son indignation, estimant ces violences inacceptables. Dans un communiqué, il estime qu'elles doivent être "sanctionnées". "Elles ne font en rien avancer la recherche d'une solution pour Air France", poursuit le texte ajoutant que "le gouvernement appelle à la reprise du dialogue dans des conditions normales".

Les syndicats plaident pour le dialogue social

Les syndicats tentent de calmer le jeu. La CGT Air France a expliqué lundi ne pas avoir souhaité que "le CCE soit envahi". Mehdi Kemoune, secrétaire général adjoint du syndicat, a affirmé être intervenu pour protéger le DRH Xavier Broseta, cible des manifestants, ce qui lui a valu d'être lui aussi bousculé. Selon lui, la CGT avait "prévenu" la direction que la situation pourrait dégénéner, l'appelant à renforcer la sécurité. "Comme d'habitude, elle ne nous a pas écoutés, maintenant qu'elle en assume les conséquences".

Dans un tweet, Laurent Berger, numéro un de la CFDT, demande de privilégier "le dialogue pour dépasser les difficultés et combattre la violence. C'est ça le syndicalisme". La CFDT d'Air France "a condamné sans réserve et avec la plus grande fermeté les violences indignes survenues" lundi matin et a appelé "à une reprise immédiate des négociations". Le syndicat a réaffirmé aussi "son opposition" au plan de la direction prévoyant une réduction de l'activité. "Si le bureau actuel du SNPL et la direction d'Air France ne parvenaient pas à renouer un dialogue de nature à répondre aux enjeux, la CFDT réitèrera sa demande de négociations intercatégorielles pour sortir de l'impasse".

Le SNPL Air France ALPA, principal syndicat de pilotes, a "condamné ces débordements contre les dirigeants de la compagnie ainsi que la répression violente de la manifestation des salariés pourtant calme et sereine". Dans un communiqué, le syndicat de pilotes a demandé "au gouvernement et à la direction d'Air France de remettre en place les conditions d'un dialogue social apaisé".

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(Avec AFP)