Air France-KLM : Bercy dénonce "une forme de duplicité" de l'Etat hollandais

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  536  mots
(Crédits : Reuters)
Après l'annonce du gouvernement néerlandais de l'achat en catimini de 12,68% du capital du groupe aérien pour peser sur les décisions du groupe, Bercy a dénoncé une opération surprenante, inamicale, mais aussi une "forme de duplicité" dans la mesure où un protocole d'accord avait été finalisé entre la direction du groupe et l'État hollandais qui garantissait les intérêts hollandais.

L'annonce ce mardi du gouvernement néerlandais de l'achat en catimini sur le marché de 12,68% du capital d'Air France-KLM avec la volonté de porter cette participation au niveau de celle de la France, afin de peser sur les décisions du groupe, crée de fortes tensions entre la France et les Pays-Bas. A Bercy, on ne comprend pas cette "opération surprenante et inamicale", ni sur le fond ni sur la forme, qui plus est, "destructrice de valeur pour les actionnaires". Le cours de Bourse a en effet perdu jusqu'à plus de 10% ce matin.

"Bruno Le Maire a été informé hier à 19 heures par le ministre des Finances hollandais, Wopke Hoekstra, juste avant la date limite pour déclarer les franchissements de seuil à l'autorité des marchés financiers (AMF). Cette façon de faire, qui ressemble à un raid d'un fond activiste, est surprenante et inamicale à l'égard du conseil d'administration d'Air France-KLM et des autres actionnaires comme Delta et China Eastern (8,7% chacun, Ndlr) qui, à l'instar de l'État français, n'ont pas été informés", explique-t-on à Bercy.

D'autant plus que, selon le ministère de l'Économie et des Finances, un protocole d'accord avait été négocié entre la direction d'Air France-KLM et l'État hollandais pour réaffirmer les intérêts hollandais, notamment la place de l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol au sein du groupe. Ce protocole d'accord était finalisé et devait être distribué hier aux administrateurs pour approbation.

"Il y a une forme de duplicité du gouvernement hollandais de discuter d'un côté d'un protocole d'accord et de se comporter dans le même temps comme un fond activiste", déplore-t-on à Bercy

"Pieter Elbers aurait pu être le directeur général d'Air France-KLM"

Ce dernier réfute par ailleurs l'argument des Hollandais d'un manque de prise en compte des intérêts néerlandais.

"S'il l'avait souhaité, Pieter Elbers, le président du directoire de KLM, aurait été directeur général d'Air France-KLM", rappelle-t-on à Bercy. "Après la démission de Jean-Marc Janaillac en mai 2018 et après le refus du choix du directeur financier de Veolia à l'époque (Philippe Capron, Ndlr), nous avons proposé à Pieter Elbers, le président du directoire de KLM de devenir le directeur général d'Air France-KLM, ce qu'il a refusé", ajoute-t-on.

En effet, selon nos sources, Pieter Elbers ne voulait pas quitter la présidence de KLM.

 Sur le fond, Bercy ne comprend pas dans quelle mesure la stratégie de Ben Smith remet en cause les intérêts néerlandais. "S'il y a un sujet sur la stratégie, ils devront être très clairs. Car ils disent agir pour défendre l'intérêt des Pays-Bas; nous, nous défendons celui du groupe."

Trois représentants de KLM au conseil d'Air France-KLM? "Illégitime" (Bercy)

En attendant, le bras de fer ne fait que commencer. Alors que certaines voix aux Pays Bas demandent que trois sièges soient attribués à KLM au conseil d'administration du groupe, Bercy juge une telle revendication "illégitime", dans la mesure dit-on, où il y a déjà plus d'administrateurs hollandais (quatre, dont un nommé par le gouvernement néerlandais) que d'administrateurs nommés par l'État (trois)".