Air France-KLM : les pilotes du SNPL menacent de faire grève à la rentrée, l'action chute

Par latribune.fr  |   |  720  mots
(Crédits : Marcus Donner)
Le président du syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), Philippe Evain, a promis dimanche chez nos confrères du Parisien "quinze jours de grève" si la nouvelle direction d'Air France-KLM refuse de reprendre les négociations sur les salaires à la rentrée. L'action a perdu 5,27% en Bourse ce 13 août. Le Canadien Benjamin Smith est pressenti pour prendre la tête de l'entreprise, une hypothèse qui inquiète le SNPL.

La question des salaires chez Air France-KLM est toujours sur la table. Chez nos confrères du Parisien, Philippe Evain, le président du premier syndicat de pilotes de la compagnie aérienne (SNPL), a menacé la direction d'une nouvelle grève de "quinze jours" à la rentrée si le futur Pdg de l'entreprise décide de ne pas reprendre la négociation (avortée) sur les salaires des pilotes.

Le risque d'une nouvelle crise sociale chez Air France-KLM a pesé (à nouveau) ce 13 août sur le cours de Bourse : dans les premiers échanges, l'action a perdu 5,27% à 8,478 euros, signant la plus forte baisse de l'indice SBF120 (0,55%). Depuis le début de l'année, le cours d'Air France-KLM a chuté d'environ 40%.

"Seul un accord pourra y mettre fin"

Sans patron depuis le départ de Jean-Marc Janaillac début mai, Air-France-KLM a décidé de tripler la rémunération de son futur Pdg pour attirer les candidats, au risque de jeter de l'huile sur le feu après l'échec des négociations salariales et les grèves à répétition du printemps.

"C'est un symbole. Surtout si la nouvelle direction n'entend pas négocier. Mais je n'y crois pas. Ou alors, il y aura quinze jours de grève", a donc affirmé Philippe Evain dans cet entretien au Parisien.

Cet avertissement clair du SNPL fait écho à celui de l'intersyndicale d'Air France, dont les dix organisations ont annoncé fin juillet que "avec ou sans Pdg, dès le mois de septembre (...) le conflit pour les salaires reprendra et seul un accord pourra y mettre fin"Un regain de tension estivale lié aux atermoiements dans la désignation du successeur de Jean-MarcJanaillac. En juin, la nomination de Philippe Capron, énarque et directeur financier de Veolia, a tourné au fiasco après avoir été éventée dans la presse.

Le choix de Benjamin Smith, une "grave erreur"

Comme nous l'avons évoqué la semaine dernière sur La Tribunele comité de nomination d'Air France-KLM négocierait avec un candidat nord-américain baignant dans l'univers du transport aérien. Il s'agirait, selon les informations du Monde, de Benjamin Smith, le directeur de l'exploitation d'Air Canada, entré dans la compagnie aérienne canadienne en 2002 et membre du comité exécutif depuis 2007.

Sur Twitter, Philippe Evain parle ni plus ni moins d'une "grave erreur".

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Par ailleurs, il souligne dans les colonnes du Parisien que "deux ou trois talents, des industriels, qui connaissent le marché européen, sont écartés sans aucune raison objective". Avant d'ajouter :

"Nous pensons qu'il faut un dirigeant connaissant les spécificités du dialogue social français, qui maîtrise les détails du marché aérien européen et les forces en présence, entre les compagnies low-cost et les compagnies historiques."

"Un enjeu de souveraineté"

Paul Farges, représentant des pilotes actionnaires au conseil d'administration d'Air-France-KLM, s'étonne pour sa part, dans une tribune du JDD, du choix d'un candidat canadien, qui reviendrait à "placer Air France sous influence nord-américaine" et serait le signe que Paris "aurait renoncé à sa souveraineté aérienne".

La nomination d'un non-Français à la tête d'Air France-KLM n'est plus un tabou, le groupe s'étant de plus en plus mondialisé après l'entrée à son capital il y a un an de la compagnie américaine Delta Air Lines et de China Eastern, tandis qu'un projet de coentreprise sur l'Atlantique Sud avec Air Europa a été dévoilé le 1er août. Pour rappel, les salariés détiennent 3,9% des actions de la société, loin derrière l'État français (14,3%) et les compagnies Delta Airlines et China Eastern, entrées l'an dernier au capital à hauteur de 8,8% chacune.

"Il est utile de dire ce dont Air France n'a plus besoin : assez de candidats ambassadeurs d'intérêts extérieurs", a-t-il déclaré, ajoutant que "le choix qui sera fait du dirigeant devra tenir compte de l'avis de ses salariés."

(avec AFP et Reuters)