Ce qui gênait l'Etat pour vendre sa participation dans Air France-KLM à AccorHotels

Outre sa volonté de trouver au préalable un nouveau patron à Air France-KLM, l'Etat était réticent à vendre sa participation dans le cadre d'un accord de gré à gré alors que le cours de Bourse du groupe aérien est au plus bas. D'autant plus que les synergies industrielles avec Accor ne lui apparaissaient pas évidentes pour le groupe aérien. L'immobilisme de l'Etat lié à l'affaire Benalla n'a pas arrangé les choses.
Fabrice Gliszczynski
(Crédits : Christian Hartmann)

AccorHotels a renoncé fin juillet à son projet de racheter la participation que détient l'État dans Air France-KLM (14,3%) au motif, a-t-on dit à La Tribune dans le camp du groupe hôtelier, que l'État, ne lui avait pas montré, avant la publication de ses résultats semestriels le 26 juillet, sa volonté de réaliser cette opération pour laquelle il avait pourtant manifesté en coulisse son intérêt de principe, dès lors qu'elle s'articulait autour d'un projet industriel.

Toujours dans le camp d'Accor, l'immobilisme de l'État s'expliquait en partie par l'affaire Benalla, mais aussi par la différence de calendrier entre le groupe hôtelier et l'État, puisque ce dernier a toujours indiqué souhaiter qu'Air France-KLM trouve un nouveau patron avant de se pencher sur la cession de sa participation dans le groupe aérien. La nomination d'un nouveau patron pour Air France-KLM pour remplacer Jean-Marc Janaillac, démissionnaire le 15 mai à la suite de son référendum perdu sur la question salariale, n'est pas attendue avant fin août.

Prix trop bas de l'action Air France-KLM

Pour autant, du côté du gouvernement, il y a d'autres raisons. Selon nos informations, le ministère des Finances n'était pas très chaud pour mener une opération de gré à gré avec une capitalisation boursière d'Air France-KLM aussi basse (à peine plus de 3 milliards d'euros en juillet) et craignait de se voir reprocher de brader sa participation dans le capital de l'une des entreprises les plus emblématiques du pays. Avant la légère hausse du cours de l'action d'Air France-KLM enregistrée depuis la publication des résultats semestriels du groupe ce 1er août, l'action se situait autour de 7,30 euros en juillet, valorisant la participation de l'Etat à environ 450 millions d'euros seulement.

En outre, l'Agence des Participations de l'Etat (APE) avait du mal à évaluer les synergies industrielles entre Air France-KLM et Accor. Les premières conclusions rejoignaient celles de la direction d'Air France et d'un grand nombre d'observateurs affirmant que les avantages étaient plus évidents pour Accor que pour Air France-KLM.

L'Etat veut céder sa participation

L'échec d'un accord avec le groupe hôtelier français n'enlève rien au fait que l'État veuille vendre sa participation. C'est pour cela qu'il a engagé une banque-conseil (Nomura) et un cabinet d'avocats d'affaire (BDGS).

Mais, en l'absence de mesures structurelles pour améliorer la compétitivité du groupe, le cours de l'action ne risque pas de s'améliorer de manière significative de sitôt. Or, si une meilleure compétitivité d'Air France-KLM passe principalement par des mesures internes au groupe en général et à Air France en particulier, l'État a les moyens d'apporter sa pierre dans ce domaine en abaissant les charges qui pèsent sur le transport aérien français.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 21
à écrit le 08/08/2018 à 14:16
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la maladie du cokpit est elle contagieuse aux autres ? le copilote a sa rémunération 50% inférieure a celle du commandant de bord

à écrit le 07/08/2018 à 22:54
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L'état est un très mauvais gestionnaire.. qu'il sorte des entreprises françaises leur fera le plus grand bien . Il suffit de constater son rôle dans la destruction de GEC ALSTHOM conglomérat plus gros que GE... Je viens de passer sur le blog de Pier...

le 08/08/2018 à 19:34
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CGE sous Ambroise Roux, avant la nationalisation PS-PCF 1981, était l'égal de Siemens, "merci " Mittttteeeerrrrrrrand. Il en reste rien 0 !, ou des débris.

à écrit le 07/08/2018 à 13:02
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Qu'il faille vendre, c'est une évidence, d’autant qu'il semblerait que l'on n’arrive ni à gérer ni à réformer, ce qui est pénalisant dans un secteur devenu aussi concurrentiel. Pas sûr que d'autres du même secteur y arrivent mieux, d'autant s'ils so...

à écrit le 07/08/2018 à 2:39
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lol Ils ne voyaient pas les synergues, entre un grand hotelier et un transporteur. Même un élève de première année d'économie, lui les auraient vu. Agence de voyage et hotel non plus ? Il y a vraiment des nuls au pouvoir en France.

à écrit le 06/08/2018 à 18:30
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Nommer les patrons A.F, de C.G.T A.F, et S.N.P.L A.F à la tete de leur truc à eux. Ils pourront flamber leurs rémunérations : " on n'est jamais mieux servi que par soi-même" n'est-ce pas ?

à écrit le 06/08/2018 à 18:13
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Il faut vendre même si c'est à perte. Le nouveau patron pourra s'occuper du Snpl et autres syndicats destructeurs.

à écrit le 06/08/2018 à 13:31
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Mais par contre qui est le Président maintenant du groupe AccordHotels????

à écrit le 06/08/2018 à 11:51
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Il faut éviter de dire n'importe quoi en comparant un flux (le PIB annuel) avec un stock (la dette). Une dette de € 2200 Mds avec une duration de 5/7 ans, pour un flux annuel de €2300 Mds de PIB, cela n'a absolument rien de tragique, y compris compar...

à écrit le 06/08/2018 à 10:31
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Entièrement d'accord. Tant que ces syndicats seront dans la place, impossible d'espérer transformer la compagnie. Il y aura toujours un prétexte pour faire la grève.

à écrit le 06/08/2018 à 10:22
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Comment acheter une société ou le personnel pourtant hyper privilégié, ne cesse de faire grève?

à écrit le 06/08/2018 à 10:09
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Franchement, vous achèteriez une entreprise où les syndicats font la loi? Des pilotes qui sont mieux payés et font moins d'heures que la concurrence. Des revendications syndicales fantaisistes (6% d augmentation) alors que l'entreprise est au proie...

à écrit le 06/08/2018 à 9:53
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Merci

à écrit le 06/08/2018 à 7:50
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« L'Etat, à tous les niveaux, c'est-à-dire l'Elysée, Matignon et Bercy, manifeste un fort intérêt pour un schéma articulé autour d'un projet industriel entre Accor et Air France-KLM" Ce que vous écriviez !! Soit La Tribune gonfle ses articles, soit...

à écrit le 06/08/2018 à 6:24
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Realisez que ce "projet industriel..." a ete stoppe a cause de "l'affaire benhalla". Ce qui demontre une fois de + la faiblesse de cet executif et son amateurisme. On a les politiques que l'on merite.

à écrit le 06/08/2018 à 2:23
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On comprendrait les désinvestissements de l'état si cela était accompagné parallèlement par une baisse des prélèvements. Y'aurait une relation politique avec plus d'état ou moins d'état. Mais non. Ce qu'on comprends, c'est que Air France a de grand...

à écrit le 05/08/2018 à 18:42
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" Abaisser les charges " ! mais après avoir OFFERT à Vinci la machine à cash Autoroutes ( Chirac) l'état va lui OFFRIR ( pour en dilapider la recette) la machine à cash ADP (loyers des milliers de boutiques) et lequel ADP Vinci, va flamber les redev...

le 05/08/2018 à 21:22
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Commentaire intéressant... jusqu'au dernier mot : et là, patatras !! "Annuel" !!! Mais l'endettement, ce n'est pas le déficit qui se renouvelle chaque année, lui ! l'endettement, c'est le cumul des déficits annuels cumulés... De grâce, ne mélangez...

le 06/08/2018 à 2:30
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En fait, plus exactement, la dette française grimpe toute seule par le jeu des intérêts composées que constituent les 2300 mrds d'euros , on a déjà payé le principal. Rien que cette année, l'état doit trouver 180 mrds d'euros sur les marchés( déficit...

le 06/08/2018 à 18:23
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Mai 81, la FR était le pays le moins endetté d'europe 20% du P.I.B Annuel. La dette cumulée de la FR fin 2018 sera de 2300 Milliards d'euros + le déficit 2018 : 75 Milliards d'eur + 118 Milliards d'euros, empruntés pour rembourser l'annuité d'emprun...

le 08/08/2018 à 19:28
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Que l’État soit actionnaire dans des secteurs marchands n'est pas non plus très logique. A posteriori il est toujours facile de dire ce qu'il aurait fallu garder ou céder, mais n'a t'on pas déjà entendu des discours contradictoires sur un même groupe...

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