Air France : les syndicats de pilotes lèvent leur préavis de grève

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  609  mots
Les syndicats de pilotes d'Air France ont levé leur préavis de grève pour jeudi, après avoir trouvé avec la direction un "compromis".

La poussée de fièvre est descendue aussi vite qu'elle est montée. Après avoir menacé la semaine dernière de faire grève pour jeudi 11 janvier, les syndicats de pilotes d'Air France ont levé leur préavis à l'issue d'une réunion avec la direction au cours de laquelle un "compromis", a été trouvé selon les deux parties.

Jeudi 4 janvier, le SNPL, le SPAF et Alter avait appelé à la grève après qu'un commandant de bord (membre du bureau du SNPL selon nos informations) a refusé de décoller en raison de l'absence de chef de cabine au sein des hôtesses et stewards présents à bord. Pour des raisons médicales, le chef de cabine avait été débarqué et, en l'absence de chef de cabine de réserve à Orly, la direction l'avait remplacé par un PNC (personnel navigant commercial ou steward ou hôtesses, NDLR) compétent "faisant fonction chef de cabine (...) conformément aux règles du manuel d'exploitation de la compagnie (Manex A) selon la direction.

"Cette possibilité est réglementaire et conforme au manuel d'exploitation de la compagnie approuvé par la DGAC. Elle est uniquement utilisée lors d'aléas d'exploitation exceptionnels", avait indiqué la direction, précisant que "les personnels faisant fonction de chef de cabine ont tous reçu une formation, (...) qui leur permet d'accomplir leur mission comme n'importe quel chef de cabine nommé". Les conditions de vol étaient selon elle "totalement conformes et réglementaires".

 Estimant au contraire que ce PNC n'était pas compétent et que la situation comportait un risque pour la sécurité (en cas d'évacuation par exemple), le commandant de bord a refusé d'effectuer le vol. Il a été remplacé par un commandant qui a jugé le contraire.

"Le commandant a la responsabilité du vol"

Pour les syndicats, le commandant de bord qui avait refusé d'effectuer le vol a été  "débarqué" et, ce faisant, la direction "a piétiné cette règle fondamentale", qui confie "au commandant de bord exécutant un vol, la responsabilité de la mission". Selon eux, Air France a "bafoué les dispositions du Code des transports et du Code de l'aviation civile relatives aux prérogatives des commandants de bord" et les pilotes "ne sauraient accepter d'exercer leur métier sous la pression d'un management qui fait passer les questions de rentabilité loin devant la sécurité des passagers, des membres d'équipage et des aéronefs".

Pour la direction, "le terme de débarquement  est inapproprié car le commandant de bord est bien en droit de refuser un PNC compétent "faisant fonction chef de cabine" comme le précise le manuel d'exploitation et les prérogatives du commandant de bord n'ont pas été remises en causes et la sécurité des vols n'a pas été mise en jeu en désignant un PNC compétent "faisant fonction chef de cabine".

Nouvelle rédaction du manuel d'exploitation

Le président du Spaf, Grégoire Aplincourt, a précisé à l'AFP que la direction avait reconnu lundi que "le vol concerné n'a pas fait l'objet d'un traitement adapté".

Ce lundi, syndicats et direction "ont convenu de rechercher, dans la concertation, une nouvelle rédaction" du paragraphe du manuel d'exploitation de la compagnie concernant les conditions dans lesquelles la mission d'un commandant de bord peut être interrompue, a expliqué Air France. Ce point avait d'ailleurs déjà fait l'objet d'un bras de fer entre les syndicats et la direction lors des négociations du plan Trust Together. La compagnie s'engage en outre "à rappeler les prérogatives du commandant de bord à l'ensemble de l'encadrement de la compagnie", a-t-elle précisé.