Air France propose une hausse salariale de 12,5% sur 4 ans : "Indécent" pour les pilotes

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  585  mots
(Crédits : GONZALO FUENTES)
La dernière proposition de la direction portant sur une hausse de salaires de 7% entre 2018 et 2021 et de 12,5% en tenant compte de l'avancement automatique lié à l'ancienneté, est notamment rejetée par le syndicat des pilotes. La grève qui mobilise seulement un tiers des pilotes, 20% des hôtesses et stewards et 14% des personnels au sol continue ce mardi et ce mercredi. Demain soir, son coût s'élèvera à 220 millions d'euros.

Présentée ce lundi soir pour mettre fin à la grève qui a déjà coûté 200 millions d'euros, la dernière proposition de hausse salariale de la direction (+2% en 2018, +5% de 2019 à 2021, soit 12,5% sur 4 ans en tenant compte de l'avancement automatique du GVT) va faire choux blanc. Aucune chance que les syndicats se déplacent pour signer ce texte soumis à signature jusqu'à vendredi prochain.

"Indécent et farfelu"

Interrogé ce mardi par l'AFP, Philippe Evain, président du syndicat de pilotes SNPL Air France, a en effet repoussé la proposition de la direction jugée "totalement indécente" et "totalement farfelue" par rapport aux 5,1% de hausse générale (hors GVT, glissement vieillesse technicité) demandée par l'intersyndicale pour l'année 2018, pour récupérer l'inflation perdue par le gel des grilles de salaires depuis 2011. Cette proposition "indécente" s'élève néanmoins à 280 millions d'euros (hors GVT, promotions, augmentations individuelles et intéressement).

"Il n'est pas possible de faire semblant de croire que les augmentations futures de 2019-20-21 vont remplacer l'inflation passée", a-t-il dit, ajoutant "c'est du trompe l'oeil, inacceptable".

Les syndicats souhaitent "un rattrapage parce qu'on a été bloqués pendant six ans", a-t-il indiqué.La direction a toujours précisé que pour 90% des salariés, l'avancement automatique lié à l'ancienneté a permis une hausse de rémunération malgré le gel des grilles à un niveau supérieure à celui de l'inflation.

Le son de cloche est le même au SNPNC, l'un des trois syndicats représentatifs d'hôtesses et de stewards. Pour ce syndicat, la proposition est une « arnaque totale ».

"A part vouloir mener la compagnie dans le mur, cette attitude et incompréhensive"

Et maintenant ? Alors que la grève ce mardi et ce mercredi continue et que les préavis pour les journées du 23 et 24 sont maintenus, que va-t-il se passer ?

«On passe à côté d'une solution qui permet aux deux partis de sauver la face. Maintenant ça va être encore plus compliqué », fait valoir un syndicaliste.

En effet, Et Philippe Evain et Jean-Marc Janaillac, le PDG d'Air France-KLM sont dans l'impasse. Les deux ne peuvent céder.

"Le PDG du groupe ne peut lâcher maintenant sous peine de devoir expliquer pourquoi il ne l'a pas fait avant. Cela aurait permis d'économiser 300 millions d'euros", explique un syndicaliste.

Phillipe Evain ne peut pas se permettre en non plus de ne rien ramener aux pilotes alors que ces derniers savent que la direction est prête à discuter des hausses de rémunérations qu'ils demandent dans le cadre de négociations bilatérales (au total, les pilotes veulent une hausse de 10,7%). La direction du SNPL refuse et préfère jouer la carte de l'intersyndicale. Mieux, le syndicat des pilotes prépare une nouvelle série de préavis, notamment pour les ponts du mois de mai.

«A part vouloir mener la compagnie dans le mur, cette attitude est incompréhensible car les pilotes peuvent avoir tout ce qu'ils veulent », fait valoir le même syndicaliste.

Pour l'heure, le mouvement tient par la mobilisation des pilotes, stabilisée autour de 30% de grévistes (31,1% pour mercredi), contre 22,4% pour les personnels navigants commerciaux et 13,8% pour le personnel au sol. Ce mardi et ce mercredi, la direction prévoit d'assurer 70% de son programme de vols, 70% de vols long-courriers, 55% de ses moyen-courriers au départ de Roissy et 80% de ses vols court-courriers au départ d'Orly ou de province.

Lire ici : Air France : l'exemple inquiétant de 2008 plane sur le conflit salarial