Air France : si le plan B est évité en 2017, les suppressions de postes aussi ?

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  775  mots
Si les 1.000 suppressions de postes prévues en 2016 semblent irréversibles, les 1.900 suppressions de postes supplémentaires prévues en 2017 seront-elles remises en cause en cas d'accords avec les syndicats ? Si elle assure que les licenciements seront évités, la direction ne remet pas en cause le principe de suppressions de postes. Explications.

Plan A, plan B, plan B (phase 1, en 2016), plan B (phase 2, en 2017), mais si la direction et syndicats négocient le plan A d'ici au début de l'année 2016, le plan B aujourd'hui enclenché sera annulé, mais seulement la partie 2 en 2017, mais si les négociations échouent, le plan B tout entier sera appliqué..., la communication d'Air France est pour le moins complexe pour le grand public et les hommes politiques. De fait, celle sur les suppressions de postes l'est tout autant.

1.000 suppressions de postes en 2016

Ce jeudi, le Pdg d'Air France, Frédéric Gagey a annoncé au comité central d'entreprise la suppression de « moins de 1.000 postes » en 2016, confirmant les propos d'Alexandre de Juniac ce dimanche. Ces suppressions de postes, sous forme de mesures de départs volontaires, correspondent à la première phase du fameux plan B annoncé le 1er octobre au lendemain de l'échec des négociations des mesures de productivité dans le cadre du plan Perfom (plan A). La seconde phase est prévue en 2017. Elle sera mise en place si les négociations avec les syndicats (qui doivent reprendre prochainement) se soldent à nouveau par un échec d'ici au début de l'année 2016.

Les 1.000 postes supprimés représentent un tiers des 2.900 suppressions de postes annoncées pour l'ensemble du plan B. Elles coïncident peu ou prou avec le niveau de baisse des capacités prévues en 2016 (-3%, sur les 10% prévus pour l'ensemble du plan B), lesquelles sont irréversibles car la commercialisation des vols pour l'année prochaine a débuté.

Les suppressions de postes correspondent à la baisse de capacités

Reste une question dont la réponse manque de cohérence. Que se passerait-il si le plan B prévu pour 2017 (soit la deuxième partie de ce plan) était évité du fait de la signature d'accords entre la direction et les syndicats ?

Avec un tel scénario, la baisse de capacités supplémentaire de 7% planifiée en 2017 serait de facto annulée au profit « d'une reprise de la croissance » comme l'a indiqué la direction. Mais les 1.900 suppressions de postes prévues pour la seconde phase du plan B le seraient-elles également ? En théorie elles devraient l'être. Le 5 octobre, lors de la conférence de presse qui a suivi l'agression de deux membres de la direction d'Air France, Frédéric Gagey, le Pdg d'Air France, n'a-t-il pas expliqué en effet que les suppressions de postes entre la phase 1 et 2 du plan B correspondaient au sureffectif estimé de la baisse des capacités ? Donc s'il n'y a plus de baisse d'offre, il ne devrait pas y avoir les baisses d'effectifs qui y sont attachées. "Cela semblerait logique", fait valoir un syndicaliste.

Pas de plan B, pas de licenciements secs

Or, dans son discours, la direction n'a jamais remis en cause les suppressions de postes même en cas de plan B évité en 2017. La seule précision apportée (elle est de taille) est de garantir qu'il n'y aurait pas de licenciements secs pour les catégories de personnels dont les syndicats qui les représentent signeront des accords de productivité. D'ailleurs, François Hollande ne dit pas autre chose quand il déclare : "on peut éviter des licenciements à Air France".

La direction est mal à l'aise avec cette question. Elle sait pertinemment que si elle évite le plan B et la diminution de 7% des capacités long-courriers, les sureffectifs actuels vont non seulement perdurer, mais surtout s'amplifier. Car si on devait arriver à une suppression du plan B en 2017, c'est que des accords de productivité auront été signés. Or, la productivité générée par ces accords aura pour conséquence d'augmenter les sureffectifs. Et des départs théoriques.

Quant à promettre d'éviter les licenciements secs au profit des départs volontaires est une chose. Mais que ce se passera-t-il s'il n'y a pas assez de candidats aux départs ?

Par ailleurs, cette absence de licenciements en cas d'accords excluait « les secteurs où l'écart de coûts par rapport au marché est tel qu'il ne pourrait être comblé par la voie de la négociation »(ndlr, certaines escales du sud de la France). Qu'en est-il aujourd'hui? En tout cas, la nuance a complètement disparu dans la bouche de la direction.

Enfin, évoquer un schéma de reprise de la croissance dès 2017 (sans en préciser l'ampleur) en cas d'accords avec les syndicats d'ici à début janvier, laisse perplexe beaucoup d'observateurs. Pour l'heure, selon nos informations, les scénarios de budget en 2017 sur lesquels travaille la direction, ne tiennent pas compte de l'arrivée de B787.