Appel à l'ouverture à la concurrence ferroviaire en France

Par latribune.fr  |   |  731  mots
Plusieurs fédérations et associations économiques dont la CGPME, la FNSEA, la fédération des industries ferroviares (FIF) appellent à une "nouvelle ambition ferroviaire française", laquelle passe à leurs yeux par l'ouverture à la concurrence.

La CGPME, la FNSEA, la FIF (fédération des industries ferroviaires), l'association des utilisateurs de fret (AUTF), l'association française des ports intérieurs (AFPI), CCI France, qui fédère les Chambres de commerce du pays et la fédération nationale des associations d'usagers des transports (FNAUT), toutes ces fédérations et associations économiques ont appelé ce lundi à une « nouvelle ambition ferroviaire française ».


«La France, pays du TGV et des trains à l'heure, est en voie de perdre son statut de grande nation ferroviaire et de devenir un maillon faible de l'Europe ferroviaire. Pourtant nos territoires, nos entreprises, nos ports, pour renforcer leur identité, leur compétitivité, leur attractivité ont impérativement besoin de bonnes connections ferroviaires entre eux et avec l'Europe », expliquent ces acteurs dans un communiqué commun.

Tous appellent à la fin du monopole de la SNCF. « Le moment est venu de jouer la carte de la diversité et d'une nouvelle modernité ferroviaire européennes, d'ouvrir notre réseau ferré national à de nouveaux opérateurs, publics ou privés, de vendre notre savoir-faire ferroviaire dans d'autres pays ». Pour eux, l'ouverture du marché permettra d'augmenter l'utilisation du réseau et par conséquent les revenus du gestionnaire d'infrastructure, SNCF Réseau (ex Réseau Ferré de France)," lequel est désormais intégré dans le groupe SNCF, à côté de SNCF Mobilités.

"Besoin impérieux de nouveaux opérateurs"

« Le niveau actuel d'utilisation de notre réseau ferré national, même avec les nouveaux opérateurs de fret, ne permet plus d'assurer son équilibre économique. Ce déséquilibre structurel, insoutenable, menace sa pérennité. La France a un besoin impérieux de « nourrir » son réseau de nouvelles utilisations, de nouveaux opérateurs. Ce qui créera de nouveaux services au public et aux entreprises. C'est le rôle du gestionnaire du réseau, de statut public, indépendant, de les susciter et les prospecter. Il est appelé à devenir le pilier de la politique ferroviaire française. Il y a urgence d'action », expliquent les cosignataires, qui reconnaissent néanmoins que l'ouverture à la concurrence ferroviaire n'est pas pour demain.

L'ouverture totale à la concurrence du transport ferroviaire de voyageurs est prévue par l'Union européenne vers 2022-2023.

Modernisation du réseau

«La France a repoussé l'échéance de l'ouverture à la concurrence, au risque de voir son opérateur national, et ses filiales, écartés des appels d'offre européens. Ce délai, à tout le moins, doit être utilisé pour traiter nos points faibles », expliquent-ils. En particulier la modernisation du réseau.

«Même s'il reste parmi les plus sûrs, les experts alertent sur le vieillissement de notre réseau et son manque d'ouverture aux technologies modernes (...). La modernisation de notre réseau, appuyée sur la révolution numérique, incluant le contrôle et la connexion centralisés des points sensibles, recèle d'importants gisements de sécurité, de fiabilité, de productivité, d'économie d'énergie (...) Dès lors, pourquoi ne pas en faire un projet franco-européen contribuant à la relance économique, mobilisateur pour des start up françaises ?».

Recul spectaculaire du fret ferroviaire

Dans le fret ferroviaire, tous ces acteurs déplorent qu'il soit à contre-courant de l'exigence de report modal portée par le Grenelle de l'environnement. "Ce recul spectaculaire est une exception européenne qui devient un handicap logistique pour notre économie", ont ajouté ces associations, en faisant valoir que la part de marché du ferroviaire dans le transport de marchandises atteignait 17% en Allemagne. Le recul de l'offre pour le wagon isolé en France est lourd de conséquences à court et long terme. A l'heure où des chaînes logistiques virtuelles structurent le transport de fret, à l'échelle planétaire, le retard numérique du transport ferroviaire est incompréhensible. La médiocre traçabilité qui en résulte, la complexité de l'accès aux sillons, affaiblissent son potentiel logistique et écologique ».

 «La France, si elle l'ose et si elle le décide, peut figurer parmi les grands gagnants de l'Europe ferroviaire. La réforme le permet. Encore faut-il que sa mise oeuvre ne soit pas détournée de son objectif originel, renforcer l'efficacité de notre système ferroviaire. Pour cela, l'Etat stratège doit impulser une stratégie innovante, appuyée sur un secteur public différencié et renforcé, une stratégie ouverte à la concurrence, à l'initiative privée, à l'Europe».