Avec Ouigo et Inoui, la SNCF verrouille le marché du TGV

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  498  mots
(Crédits : Alstom)
Alors qu'elle développe à marche forcée son offre de TGV low-cost avec la marque Ouigo, la SNCF va généraliser la montée en gamme de ses TGV classiques d'ici à 2020. Rebaptisés TGV Inoui, ces nouveaux trains à grande vitesse proposent plus de confort, de services et de connectivité. Avec ces offres, la SNCF verrouille le marché aux deux extrémités de la gamme.

Il faudra être costaud pour venir défier la SNCF dans la grande vitesse quand le marché intérieur français sera potentiellement ouvert, à partir de décembre 2020. Si le système d'ouverture à la concurrence en « open access » est déjà une barrière à l'entrée pour de nouveaux entrants, au regard des sommes colossales pour se faire une place sur le marché français, la stratégie de la SNCF rend leur équation encore plus compliquée.

Lire : SNCF : la fin du monopole signifie t-elle vraiment plus de concurrence?

Car, en plus de disposer avec Ouigo d'une offre TGV low-cost importante qui représentera 17% de son offre TGV fin 2020, la SNCF aura également achevé d'ici-là  la montée en gamme de l'ensemble de ses TGV classiques. Baptisés TGV Inoui, ces trains proposent « une nouvelle expérience client avec plus de confort, plus de services et plus de connexion, au même prix », a rappelé Rachel Picard, la directrice générale de SNCF Voyages.

«En 2020, les TGV Inoui seront déployés dans toute la France », a-t-elle indiqué.

Testés depuis un an sur les lignes Paris-Bordeaux-Toulouse, les TGV Inoui seront positionnés en décembre vers Lille, Marseille et Nice au départ de Paris, avant de s'étendre à l'ensemble du réseau. En 2020, la marque TGV aura vécu. TGV Inoui comptera 280 rames, contre 330 TGV classiques aujourd'hui (dont une centaine déjà configurés en Inoui). A ses côtés, Ouigo disposera de 34 rames. Si le nombre de rames est appelé à diminuer, la capacité en sièges va continuer d'augmenter en raison du remplacement des rames à un niveau par des rames à deux niveaux, plus capacitaires. «Nous faisons plus de TGV avec moins de rames », a indiqué Rachel Picard.

"Des investissements sans précédent"

Pour soutenir cette stratégie, Rachel Picard a évoqué "des investissements sans précédent" dans le matériel. Avant l'arrivée à partir de 2023 des 100 rames du "TGV du Futur" commandées à Alstom pour près de 3 milliards d'euros, la SNCF a dépensé 1,5 milliard dans l'achat de 55 rames neuves lancées l'an dernier sur l'axe Atlantique, et a entrepris de remettre à neuf d'ici à 2020, pour 1 milliard supplémentaire, 224 rames plus anciennes. Quarante-trois ont déjà été rénovées. S'ajoutent 300 millions pour déployer le wifi à bord et 50 millions pour installer des portes d'embarquement sur les quais, installées aujourd'hui dans 10 gares françaises.

Le TGV retrouve des couleurs

La SNCF a pu se lancer dans l'aventure en redessinant un modèle économique fondé sur la croissance du trafic, la maîtrise des coûts et une stabilisation des péages payés pour emprunter les voies, alors qu'une hausse était initialement prévue, a rappelé Rachel Picard.

Moribond il y a quelques années, le TGV a repris du poil de la bête. Après les grèves du printemps dernier, le trafic revient. Le chiffre d'affaires a augmenté de 5% en août par rapport à août 2017.