Ben Smith, le patron d'Air France-KLM, va toucher une rémunération cinq fois plus élevée qu'en 2021

Par latribune.fr  |   |  729  mots
Ben Smith, patron d'Air France-KLM - qui avait renoncé à 25% de son salaire fixe au début de la crise sanitaire - « retrouve les conditions de rémunération antérieures ». (Crédits : GONZALO FUENTES)
Le traitement du directeur général d'Air France-KLM, Benjamin Smith, va être très sensiblement revalorisé au titre de 2022 par rapport à l'année précédente. Le groupe a remboursé toutes les aides d'Etat, ce qui permet au dirigeant de retrouver ses conditions de rémunération avant qu'elles soient encadrées par Bruxelles.

Jusqu'à cinq millions d'euros. C'est ce que devrait toucher Benjamin Smith, le directeur général d'Air France-KLM au titre de 2022, soit cinq fois plus qu'en 2021.

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Plutôt complexe, le calcul du traitement du dirigeant canadien âgé de 51 ans, inclut en numéraire, un salaire fixe et une part variable liée aux performances de l'entreprise, ainsi que des éléments à long terme, également conditionnés à des objectifs versés en actions.

Le salaire fixe, 900.000 euros, reste inchangé

Selon le document d'enregistrement universel du groupe franco-néerlandais déposé auprès de l'Autorité des marchés financiers préalablement à l'assemblée générale des actionnaires du 7 juin, le salaire fixe de Ben Smith reste inchangé pour 2022, comme depuis 2019 : 900.000 euros.

Il s'agissait de la seule partie de sa rémunération effectivement touchée par le directeur général au titre de 2021, tout autre versement étant prohibé tant que la société n'avait pas remboursé au moins 75% des aides accordées par l'Etat pour lui permettre de surmonter les conséquences de la pandémie, une des conditions édictées par la Commission européenne.

Or ces contraintes ont disparu ces dernières semaines :  les deux compagnie ont remboursé mercredi dernier un reliquat de 300 millions d'euros d'obligations perpétuelles de l'Etat français et 107 millions d'euros de compensation qui y étaient associées. « Cette journée marque une étape importante pour Air France-KLM. Je suis heureux que nous ayons désormais intégralement remboursé les aides d'État et que nous soyons libérés des contraintes qui leur étaient associées », s'est félicité Ben Smith.

 275.000 euros d'avantages en nature

Pour 2022, le dirigeant va donc recevoir 1.059.769 euros de part variable, calculée sur la base de critères financiers, environnementaux et de satisfaction client, si l'AG de juin donne son feu vert. Mais le dirigeant va également toucher une part variable au titre de 2021, comme cela avait été entériné par l'AG de 2022. Attribué mais gelé tant que la société était soumise aux conditions de Bruxelles, ce versement atteint 1.089.984 euros.

Outre ces quelque 3 millions d'euros en numéraire et 275.000 euros d'avantages en nature (voiture avec chauffeur, indemnité logement...), le directeur général va se voir attribuer, au titre de 2022, des actions de son entreprise d'une valeur de 2 millions d'euros au cours actuel. Il s'agit du troisième volet de sa rémunération, qu'il recevra effectivement « en 2025 sous réserve de la réalisation de conditions de performances financières et extra-financières et d'une condition de présence sur trois ans ». C'est en revanche dès cette année que le patron obtiendra une portion de cette rémunération à long terme au titre de 2020, là aussi sous forme d'actions, valorisées 736.865 euros à date, selon son entreprise.

Les revenus de Ben Smith ont été sujets à polémique par le passé. En mai 2021, l'Etat néerlandais avait fait part de son mécontentement auprès d'Air France-KLM au sujet d'un « bonus » de deux millions d'euros d'éléments de rémunération qui avaient été alloués au dirigeant.

Une augmentation « ponctuelle et exceptionnelle »

Un porte-parole du groupe a qualifié de « ponctuelle et exceptionnelle » l'augmentation de la rémunération de du dirigeant , dont les conditions « sont inchangées depuis son entrée dans le groupe en 2018 ». En outre, Air France-KLM a relevé avoir « strictement respecté la réglementation » sur l'interdiction de verser des parts variables tant qu'il était soumis au cadre des aides d'Etat. Celles-ci ayant été remboursées, Ben Smith - qui avait renoncé à 25% de son salaire fixe au début de la crise sanitaire - « retrouve les conditions de rémunération antérieures », selon la même source.

Un bénéfice net de 728 millions d'euros pour le groupe en 2022

Sauvé de la faillite par les Etats français et néerlandais, et après deux recapitalisations, le groupe est sorti intrinsèquement plus rentable de la crise. Il a dégagé un bénéfice net de 728 millions d'euros en 2022. Le Covid-19 lui avait fait perdre 7,1 milliards d'euros en 2020, et encore 3,3 milliards en 2021. Outre ce retour dans le vert, Air France-KLM a atteint un niveau de chiffre d'affaires proche de celui de 2019, à 26,4 milliards d'euros, contre 27,2 milliards trois ans plus tôt.

(Avec AFP)