Bombardier a approché Alstom et Hitachi pour une fusion dans le ferroviaire

Par latribune.fr  |   |  594  mots
(Crédits : Denis Balibouse)
Conseillé par Citigroup et UBS, le constructeur canadien a approché Alstom et Hitachi pour fusionner ses activités ferroviaires.

Les difficultés de Bombardier relancent la consolidation du secteur ferroviaire. Près d'un an après l'échec de la fusion entre Alstom et Siemens, le constructeur canadien cherche un partenaire pour fusionner ses activités ferroviaires. Objectif : changer de taille afin de mieux affronter la concurrence du géant public chinois CRRC, numéro un mondial du secteur. Conseillé par Citigroup et UBS, Bombardier a approché Alstom mais aussi le japonais Hitachi.

Discussions actives avec Alstom

Bombardier a en effet examiné plusieurs scénarios de fusion ces derniers mois, y compris une possible alliance avec l'allemand Siemens ou un partenaire chinois, deux pistes qui n'ont pas abouti. Selon un proche du dossier cité par l'agence Reuters, les discussions avec Alstom, lequel est conseillé par la banque Rothschild, ont commencé en juillet et sont devenues sérieuses en septembre. Ces discussions avec le groupe français restent actives. Mais Hitachi, approché l'an dernier également, reste une option possible, même les sources interrogées par Reuters ignorent si des discussions se poursuivent.

Le gouvernement français favorable à un rapprochement pour Alstom

Le gouvernement français est quant à lui ouvert à l'idée d'un rapprochement pour Alstom. Le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, a estimé jeudi qu'il y aurait à terme une consolidation dans l'industrie ferroviaire. Pour les analystes de Berenberg, un rapprochement d'Alstom avec Bombardier poserait moins de problèmes de concurrence que celle préparée avec Siemens qui a été rétorquée par Bruxelles pour des raisons de concurrence. Car leur part de marché cumulée est plus faible dans la construction de trains à grande vitesse et la signalisation ferroviaire.

Activités complémentaires entre Hitachi et Bombardier

Les activités de Bombardier et d'Hitachi sont quant elles très complémentaires. La Grande-Bretagne est le principal marché du constructeur japonais dans le ferroviaire en Europe, où il n'existe pas de grand chevauchement entre ses activités et celles de Bombardier. Les deux groupes sont toutefois particulièrement présents en Allemagne, ce qui pourrait susciter l'inquiétude des autorités européennes, selon une source.

Le choix de Bombardier entre ces partenaires potentiels dépendra in fine de ses chances de convaincre les autorités de la concurrence et des concessions qu'il pourrait être amené à faire pour obtenir leur feu vert, ont dit les sources.

Obligation de lever des fonds dans le ferroviaire

Le groupe canadien a vendu 30% du capital de son activité ferroviaire à la Caisse de dépôt et placement du Québec, le deuxième fonds de retraite du Canada, en 2015 après avoir examiné ses options stratégiques, y compris une éventuelle cotation en Bourse en Allemagne ou en Grande-Bretagne. L'activité a depuis rencontré des problèmes dans l'exécution de plusieurs contrats, ce qui a pesé sur ses marges et contribué à l'avertissement sur résultats émis pour 2019 par le groupe. Le constructeur canadien, qui a pour plusieurs milliards de dollars d'obligations arrivant à échéance dans les années à venir, doit rapidement lever des fonds à l'aide de son activité ferroviaire, a dit l'une des sources.

"Ils sont sérieux sur le sujet. Sans transaction, les perspectives sont sombres", a dit cette source.

Bombardier ne va pas mieux dans l'aéronautique. Le groupe a déjà cédé en 2018 le contrôle de son programme d'avions régionaux à Airbus, a vu son cours de Bourse plonger de 37% depuis le début de l'année à la suite d'un avertissement sur ses résultats de 2019 le 16 janvier.

Bombardier, Alstom, Hitachi et Siemens ont tous refusé de s'exprimer.