Cars Macron : mais qui se soucie des gares routières ?

Par Mounia Van de Casteele  |   |  631  mots
Les attentes des usagers portent, comme on peut s'en douter, sur des services de base: s'abriter, s'asseoir, utiliser les commodités. Plus de deux tiers des clients interrogés déclarent ainsi souhaiter un abri, en priorité.
Le leader du marché, l'autocariste Flixbus, a réalisé une enquête auprès de ses clients afin de recueillir leur avis sur la qualité des arrêts. Ceux des grandes villes comme Paris sont moins bien notés.

Les cars Macron sont un succès - même si un certain plafond semble se dessiner - à en croire les 6.2 millions de voyageurs transportés en France, d'après le dernier bilan de l'Arafer, le régulateur du rail et de la route. Et ce marché semble s'être ancré dans le paysage de la mobilité territoriale. Cependant, pour prendre le car, encore faut-il se rendre sur le lieu de prise en charge. Or les gares routières semblent être les grandes oubliées de la loi Macron pour la croissance ayant libéralisé le transport par autocar. Du moins, cela paraît-il être le cadet des soucis des autorités compétentes en la matière.

Alors pour remédier au manque d'intérêt que semblent susciter ces arrêts, l'opérateur Flixbus, numéro un en France devant Ouibus, la filiale de la SNCF et Isilines, celle de Transdev, a décidé d'étudier la perception qualitative qu'en ont les principaux concernés: les usagers. Des questionnaires ont ainsi été envoyés en fin d'année auprès de 40.000 clients en Europe, dont près de 10.000 en France.

Une satisfaction globale mais un peu plus de mécontents

Premier constat : il ressort de cette enquête une plus forte insatisfaction de la part des usagers par rapport aux résultats de la première étude, réalisée au printemps 2016. Ainsi, en France, si les 116 arrêts référencés sont globalement jugés convenablement par 67% des sondés, 33% se déclarent insatisfaits, alors qu'ils étaient "seulement" 28% auparavant. Selon Yvan Lefranc-Morin, Directeur général de FlixBus, cela peut s'expliquer par un effet saisonnier, d'une part "l'hiver est une saison plus propice aux plaintes des usagers, à cause de la pluie et du froid, par rapport à un beau soleil" et par un effet volume d'autre part. Quand il y a plus de monde, il y a plus de mécontents.

Dans le détail, les arrêts des villes de taille moyenne sont mieux notés que ceux des grandes villes. Et ce sont les Franciliens qui s'avèrent les moins épargnés. Ceux de Grenoble et de Toulon arrivent ainsi en tête de classement avec une note de 3.7/5, tandis que celui de Massy-Palaiseau, lanterne rouge, écope d'un 2.1/5 derrière l'arrêt de la gare de Bercy, à Paris, qui recueille tout juste la moyenne.

Les attentes des usagers portent, comme on peut s'en douter, sur des services de base: s'abriter, s'asseoir, utiliser les commodités. Plus de deux tiers des clients interrogés déclarent ainsi souhaiter un abri en priorité. Viennent ensuite la présence de sièges (pour 50%) et de toilettes (44%), devant un service de restauration ou encore la présence d'un panneau d'informations. Plus curieusement, le critère de l'accessibilité arrive en dernier lieu, pour 14% des sondés.

Cela dit, cela peut s'expliquer par le fait que les trois quarts des usagers utilisent les transports en commun pour se rendre aux gares routières - c'est donc qu'elles sont déjà relativement accessibles. D'autant que les deux tiers des clients mettent moins d'une demi-heure pour s'y rendre. Seuls 16% mettent plus de trois quarts d'heure, dont 9% plus d'une heure.

Reste que c'est là l'un des multiples objectifs d'une telle enquête, explique Yvan Lefranc-Morin:

 "Il y a plusieurs objectifs, dont celui de faire prendre conscience aux personnes décisionnaires (les agglomérations, les mairies) que mettre des équipements de base à disposition des usagers n'est pas forcément idiot. Surtout que ce marché est en train de grossir, et qu'au passage, cela permet de rendre les villes attractives et de dynamiser une région".

Ce qui ne s'avère pas forcément inutile dans un contexte où le tourisme est en berne. Alors à bon entendeur...