Comment GoMore, fondée par deux philosophes danois, veut concurrencer Blablacar

Par Mounia Van de Casteele  |   |  513  mots
Pour compenser l'absence de frais de son service de covoiturage, GoMore a notamment lancé une offre de location de voiture entre particuliers. Elle concurrence ainsi les Koolocar, Ouicar et autres Drivy. (Crédits : DR)
La particularité de cette plateforme danoise de covoiturage est de ne prélever aucune commission sur les transactions faites entre les usagers. Un tel modèle ne semble pas tenable économiquement mais fonctionne...

Du covoiturage sans frais ? Tel est le pari de l'application mobile GoMore. La plateforme a vu le jour au Danemark en 2005, grâce à deux agrégés de philosophie, qui avaient à cœur d'améliorer la mobilité de leurs concitoyens. Le succès est immédiat. A peu près au même moment, en France, l'ancien chercheur scientifique pour la Nasa Frédéric Mazzella imaginait le site Comuto qui allait devenir le célèbre Blablacar d'aujourd'hui. Après avoir concentré ses efforts en Scandinavie, GoMore, présente dans l'Hexagone depuis janvier 2016, rêve désormais de concurrencer la licorne française présente dans une vingtaine de pays sur le marché européen. Mais pas seulement.

Ambitieuse, mais non utopique, la jeune pousse danoise n'imagine pas détrôner le leader du covoiturage longue distance, fleuron français de l'économie du partage. Mais elle estime avoir suffisamment d'atouts pour lui permettre de rivaliser. A commencer par l'absence de frais de service, là où Blablacar prélève une commission d'environ 15 à 20% du montant du trajet. Cependant rien n'est gratuit. Bien entendu, cela n'a pas échappé aux deux entrepreneurs Matias Møl Dalsgaard et Søren Riis, qui ont pensé à lancer deux autres services complémentaires afin de financer le premier.

Deux services d'autopartage

La plateforme joue ainsi sur deux autres tableaux. Elle propose de la location de voitures entre particuliers, sur laquelle GoMore se rémunère grâce à des frais de gestion de 20%. Et, de la sorte, fait, sur ce segment, concurrence aux plateformes d'autopartage Koolicar, Drivy et OuiCar qui prélèvent 30%. Mais la jeune pousse nordique fait également de l'ombre aux loueurs avec son activité de leasing. Sur ce segment, un partenariat conclu avec Europcar en août 2016 lui a permis de placer des billes partout en Europe. De quoi gagner un peu de terrain face à un Blablacar présent dans 22 pays.

"Et lorsque les utilisateurs ne se servent pas de leur voiture louée en leasing, ils peuvent la sous-louer à d'autres particuliers", explique Mathieu Boulay DG France de l'entreprise, heureux de partager la vertu d'un tel modèle.

D'ailleurs, le succès ne s'est pas fait attendre. L'application est rapidement devenue le fer de lance de l'économie du partage dans son pays natal, où elle a séduit 600.000 utilisateurs. "Pour un pays de 5,5 millions d'habitants, c'est beaucoup !", lance Mathieu Boulay. Avant de gagner la Suède et la Norvège, devenant ainsi leader en Scandinavie. En 2014, le spécialiste espagnol du covoiturage Amovens rejoint la jeune pousse, lui apportant une communauté ibérique de 850.000 membres. Puis en janvier 2016, l'entreprise danoise choisit de jeter l'ancre en France, où elle lance ses trois services, grâce à un partenariat avec l'assureur Macif. Pour l'heure, elle y revendique désormais 70.000 membres, et au total quelque 1,65 million d'utilisateurs répartis dans cinq pays.

Après une phase d'apprentissage en 2016, l'entreprise compte bien accélérer son développement sur le marché français. Pour cela, les 5 millions d'euros investis par la Macif devraient lui donner les moyens de son ambition.