Des avions russes se posent à quelques dizaines de kilomètres des côtes américaines

Par latribune.fr  |   |  528  mots
Les aéroports cubains accueillent à nouveau des vols russes. (Crédits : Alexandre Meneghini)
Et si le tourisme russe reprenait du poil de la bête dans les Caraïbes. Après le Venezuela, la compagnie russe Nordwind Airlines s'est à nouveau envolée vers Cuba avec des vacanciers à bord. En dépit de la guerre en Ukraine et des difficultés opérationnelles des compagnies russes, les concitoyens de Vladimir Poutine n'ont pas renoncé à prendre le soleil.

Étouffée par les sanctions occidentales depuis sept mois, suite au déclenchement de la guerre en Ukraine, l'aviation commerciale russe se permet tout de même quelques traversées intercontinentales. Et même de passer à quelques encablures des côtes américaines. Mercredi, un Boeing 777-300ER de la compagnie Nordwind Airlines s'est posé à Cuba sur l'aéroport de Varadero, destination touristique au nord de l'île à 200 km de la Floride, avant de repartir quelques heures plus tard en direction de la Russie. La nouvelle est venue de l'agence officielle cubaine Prensa Latina, relayée par l'AFP. Celle-ci a précisé que les passagers ont été pris en charge par l'agence de tourisme cubaine Cubatur, « dans le cadre d'un voyage qui marque la reprise des vols touristiques de la capitale russe » vers Cuba.

Parti de l'aéroport de Moscou-Cheremetievo, il a consciencieusement évité l'espace aérien européen qui lui est fermé en contournant la Scandinavie par le Nord. Avant de dépasser l'Islande, il a plongé vers le Sud, restant à bonne distance des côtes américaines, si ce n'est à son arrivée dans l'espace aérien cubain. A la clef, un vol de 13 heures et plus de 9.500 km selon les données du site de suivi de vol www.flightradar24.com.

Quasiment aux mêmes horaires, avec même quelques minutes d'avance, un 777-200ER de la même compagnie se posait à Cayo Coco, petite île au Nord de Cuba, en empruntant une route similaire. Déjà quelques jours avant, le 2 octobre, un 777-200ER de Nordwind s'était déjà envolé pour Porlamar, au Venezuela. Une autre destination touristique.

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Les pièces risquent de manquer

Au-delà de la nécessité de trouver de nouvelles routes pour éviter les espaces aériens qui lui sont interdits, le principal défi pour la compagnie russe - comme pour ses consœurs - est d'arriver à trouver les pièces et équipements nécessaires pour entretenir sa flotte, composée essentiellement d'Airbus et de Boeing. Selon les sites de suivi de vol, l'un des cinq Boeing 777 en flotte ne semble plus voler actuellement. C'est aussi le cas des trois Airbus A330 de Nordwind Airlines. Il est possible qu'il y ait des cas de cannibalisation (un avion est démonté pour récupérer des pièces pour le reste de la flotte), comme Reuters l'a rapporté en août à propos d'Aeroflot.

Enregistrés aux Bermudes avant la guerre, la majorité de ces appareils étaient loués à des compagnies de leasing occidentales, notamment irlandaises, ou moyen-orientales. Ils ont donc été confisqués et sont désormais immatriculés en Russie (illégalement au vu des règles internationales). Outre les interdictions de survol américaine et européenne, ces avions ne peuvent donc que rejoindre des pays proches du régime russe, sous peine de se voir immobilisés par les autorités locales en vue d'une restitution à leurs propriétaires. Ils peuvent aussi être cloués au sol pour raison de sécurité, leur suivi de navigabilité n'étant plus conforme aux normes internationales.